Agenda
Événements & colloques
L'expérience de l'expérimentation (1er semestre)

L'expérience de l'expérimentation (1er semestre)

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Matthieu Saladin)

<!>

L'expériencede l'expérimentation

Cycle de conférences sur les musiquesexpérimentales, organisé par les Instants Chavirés,en partenariat avec l'IDEAT, Institut d'Esthétique des Arts et Technologies(Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne, CNRS UMR 8153) et le départementMusique de l'Université Paris 8. Cycle dirigé par Matthieu Saladin (chercheurassocié à l'IDEAT).

Avec la participation de Jean-Yves Bosseur (CNRS), PierreAlbert Castanet (Université de Rouen), Bastien Gallet (ENBA Lyon), Fabien Hein(Université de Metz), Michel Henritzi (critique), Tom Johnson (compositeur),Eric La Casa (musicien), Olivier Lussac (Université de Metz), Lionel Marchetti(compositeur), Matthieu Saladin (IDEAT) et Dan Warburton (critique).

Janvier – Décembre 2011, Montreuil,Paris.

Le xxesiècle a été le théâtre d'une recherche intense et plurielle dans le champmusical, remettant sur le chantier l'ensemble des normes qui structuraient etdéfinissaient la nature même de la musique : furent ainsi reconsidérés, dufuturisme à la noise, en passant par l'indétermination, l'improvisation, lamusique électro-acoustique et électronique, le minimalisme ou encore lesperformances Fluxus, les rapports entre musique et bruit, son et silence, maisaussi musiciens et non-musiciens, les représentations musicales, les notions deforme et de temps musical, le principe même et les modalités de la créationsonore, les moyens instrumentaux et les techniques légitimes susceptibles de laporter, tout comme sa relation avec le quotidien et les autres arts.

Si l'expression « musiquesexpérimentales » a pu désigner durant la seconde moitié du xxe siècle les rechercheseffectuées principalement dans une filiation diffuse avec l'esthétiquecagienne, elle semble aujourd'hui beaucoup plus large, embrassant toute pratiquese développant sur le terreau fertile des expériences musicales du siècledernier, mais aussi sous l'influence des musiques populaires qui n'ont pas étéen reste dans la recherche sonore et/ou la remise en cause des conventionsmusicales.

Ce cycle de conférences voudraitquestionner le statut des musiques expérimentales aujourd'hui à travers unensemble de réflexions portant sur leurs processus de création, leurs relationsavec la société et la diversité des pratiques qu'elles concernent. Il a pourbut, à travers une série d'interventions réalisées par des universitaires,chercheurs, musiciens et acteurs de la scène expérimentale actuelle,d'interroger un ensemble de problématiques et thématiques essentielles de cechamp de la création musicale. Il abordera ainsi les notions d'expérience etd'indétermination, les rapports au bruit et au territoire, l'esthétiqueminimaliste et les développements récents de la pratique de l'improvisation, lacaptation de l'environnement sonore (fieldrecordings), l'électroacoustique etl'électronique, l'héritage Fluxus, l'influence d'une musique populaire comme lemetal, ou encore la question du son dans le champ de l'art contemporain.

Ces conférences tâcheront de cerner etde questionner les modalités et les enjeux de l'expérimentation musicale, maisaussi de faire le point sur l'histoire et les filiations esthétiques de cespratiques. Ce cycle a ainsi pour ambition d'apporter un certain nombre de clefsdans l'appréhension des musiques expérimentales, tout en cherchant à sonder lasingularité des créations sonores auxquelles elles donnent lieu.

Le cycle prendra la forme d'unrendez-vous mensuel. Une thématique différente sera à chaque fois abordée,privilégiant, selon les cas, l'approche esthétique, sociohistorique, musicologiqueou le témoignage d'acteur. Les conférences seront réparties sur deux semestres(de janvier à juin, puis de septembre à décembre 2011) et prendront place dansdifférents lieux et institutions : les Instants Chavirés, le CDMC,l'Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne, l'Université Paris 8, l'ENSACP (Cergy)et la bibliothèque-discothèque Robert Desnos (Montreuil).

Contacts :matthieu.saladin@wanadoo.fr ; infos@instantschavires.com

Les Instants Chaviréssont depuis 1991 un lieu de diffusion pensé comme un laboratoire des musiquesimprovisées, expérimentales, bruitistes. Son annexe, l'ancienne brasserie Bouchoule,propose un autre regard autour des arts visuels et sonores. Deux lieux pour unmême partage d'une certaine création contemporaine.

L'association Muzziques / InstantsChavirés bénéficie du soutien de la Ville de Montreuil, du Conseil Général deSeine-Saint-Denis, du Ministère de la Culture (DRAC Île-de-France), du ConseilRégional d'Île-de-France, et du concours de la Sacem et du CNV.

http://www.instantschavires.com

PROGRAMME DU 1er SEMESTRE

1èreséance : 22 janvier à 16h, Instants Chavirés (Montreuil)

Matthieu Saladin,« L'expérience de l'expérimentation »

Résumé :

En guise d'introduction générale au cycle de conférences, ils'agira de questionner l'expérience esthétique singulière qui se joue dans lesmusiques expérimentales, à la fois du point de vue des musiciens et du public.Quels processus de création engage le musicien dans ce type de recherche ?Quelle est la place de l'auditeur et de l'écoute ? Quels sont les statuts duconcert et de la performance dans ces pratiques, mais aussi de l'objet disqueet plus largement de l'enregistrement, compris comme autre médium apte àproposer le partage d'une expérience musicale ? Cette introduction prendrala forme d'une réflexion esthétique sur l'expérience musicale à l'oeuvre dansces musiques et entend apporter des premiers éléments de discussion sur leursprocessus de création.

Bio :

Docteur en Esthétique et chercheur associé à l'IDEAT (Paris1/CNRS), Matthieu Saladin effectue ses recherches dans le champ des musiquesexpérimentales. Il est également artiste et musicien. Sa pratique s'inscritdans une démarche conceptuelle.

Publications :

« Le bruit du “n'importe qui” », Le performantiel Noise (2010) ;« Les formulations du silence dans les écrits de John Cage », Art Présence (2010) ; « Pointsof resistance and criticism in free improvisation », Noise & Capitalism (2009).

Jean-YvesBosseur : « L'indétermination : Cage et au-delà »

Résumé :

S'orienter vers le principe de l'indétermination nécessitede s'écarter de la pensée bipolaire (avec les couples ordre/désordre,fixité/ouverture) qui continue à imprégner une large part de la réflexion surl'oeuvre ouverte en Europe. C'est dans la musique américaine des années 1950, ausein de ce que l'on a appelé l'École de New York (John Cage, Earle Brown,Morton Feldman, Christian Wolff) que ce concept prend toute son importance, sedémarquant fortement de la manière dont les Européens envisageaient pour leurpart la transgression du caractère de fixité attaché à l'oeuvre musicaletraditionnelle. Pour Cage, libérer la musique consiste, non seulement à lafaire sortir du ghetto de la forme fixe, mais implique surtout d'accepter leson comme organisme autonome : composer ne réside, alors, pas tant dans le faitde le domestiquer que d' « imiter la nature dans sa façond'opérer ». C'est Cage qui est plus particulièrement à l'origine duqualificatif d'« indétermination », impliquant que le compositeur necherche plus à se garantir un contrôle absolu sur ce que produit l'interprète àpartir de la partition. De ce fait, le statut du compositeur changeradicalement. Plus que le créateur d'une oeuvre, il devient le catalyseur d'unprocessus capable d'engendrer de multiples formes de réalisation qui luiéchappent en grande partie. Encore convient-il de se demander, un demi-siècleplus tard, quels retentissements auront connu de tels principes, pour lesgénérations ultérieures de compositeurs préoccupés, plus largement, par laquestion de l'oeuvre ouverte.

Bio :

Né en 1947 à Paris. Études de composition à la RheinischeMusikschule de Cologne (Allemagne) avec K. Stockhausen et H. Pousseur, Doctoratd'Etat (philosophie esthétique) à l'Université de Paris I. Directeur de Recherche au CNRS etprofesseur de composition au Conservatoire de Bordeaux.

Publications :

Révolutions musicales,avec Dominique Bosseur (Minerve) ; Lesonore et le visuel (Dis-Voir) ; JohnCage (Minerve) ; Musique et artsplastiques : interactions au XXe siècle (Minerve) ; Morton Feldman (L'Harmattan) ; Musiques contemporaines, perspectivesanalytiques, avec Pierre Michel (Minerve).

2èmeséance : 16 février à 15h, CDMC (Paris 19ème)

Tom Johnson,« Minimalisme en musique : Encore à la recherche d'une définition »

Résumé :

En 1972, j'ai écrit un article dans le Village Voiceintitulé « The Slow-Motion Minimal Approach », qui est généralementconsidéré comme la première référence sur la musique minimale dans la critiquemusicale. Je suis revenu sur cette question plusieurs fois, jusqu'en 2001,lorsque j'ai écrit un nouvel essai pour introduire l'exposition « Musicasilenciosa » au Musée Reina Sofia de Madrid, pour laquelle j'étais lecommissaire. Encore dix ans plus tard, en 2011, il apparaît nécessaire derevenir à nouveau sur ce sujet. La musique minimale me semble aujourd'hui plusvivante et importante que jamais, et ma définition encore plus large. Ilconviendra de mettre à jour mes réflexions sur ce sujet, et de faire entendreune variété d'exemples, autant européens qu'américains.

Bio :

Né dans le Colorado en 1939, Tom Johnson a étudié àl'université de Yale et, en privé, avec Morton Feldman. Après 15 années passéesà New York, il s'est installé à Paris, où il réside depuis 1983. Il est trèsjustement rangé parmi les minimalistes, car il travaille avec un matériautoujours très réduit. Il procède toutefois de manière nettement plus logiqueque la plupart des autres compositeurs minimalistes, soumettant entièrement lecontenu mélodique, rythmique ou harmonique de sa musique à des formulesmathématiques. Cette démarche radicale fait toute l'originalité de son oeuvre,empreinte de rigueur, de clarté, mais aussi de dynamisme et d'humour.

Publications :

The Voice of New Music,une anthologie d'articles écrits pour le Village Voice (1972-1982), publié par Apollohuiset disponible actuellement gratuitement aux Editions 75. Egalement, Self-Similar Melodies, texte théoriqueparu en 1996 aux Editions 75.

3èmeséance : 29 mars à 18h, ENSAPC (Cergy)

Olivier Lussac,« Fluxus et la musique. Résonances dans la sphère contemporaine »

Résumé :

Le groupe Fluxus, né dans les années soixante, a accompliune déstructuration de la musique, pour ouvrir le champ artistiqueexpérimental. En suivant l'exemple de John Cage qui explora le champ deslimites musicales, Fluxus a conçu une musique au-delà des modèles classiques,par le biais de l'expérimentation graphique et textuelle. Il s'agirad'analyser et les conditions novatrices de Fluxus et les impacts sur le domainemusical contemporain (Panhuysen, Julius, Marclay...).

Bio :

Professeur des universités, directeur adjoint de l'Institutd'Esthétique, des Arts et Technologies (IDEAT), Paris I – Panthéon-Sorbonne/CNRS.

Publications :

Happening & fluxus(2004) ; Des scènes plurielles del'art (2004) ; Arts et nouvellestechnologies (2007) et Fluxus et lamusique (2010). En préparation : chapitre d'ouvrage sur Fluxus et lamusique dans le Dictionnaire sur les théories musicales au XXe siècle (sous ladirection de Nicolas Donin et Laurent Feneyrou, Éditions Symétrie).

4èmeséance : 6 avril à 15h, Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne (salleDuroselle)

Dan Warburton, « L'esthétiqueEAI et le renouveau improvisé »

Résumé :

L'improvisation existe depuis toujours, mais « lamusique improvisée » en tant que genre – si un tel genre existe (ce dontil faudra discuter) – demeure un phénomène relativement récent, vieux d'un peuplus d'un demi-siècle. Bien qu'elle soit née – en Europe particulièrement – dela rencontre entre le free jazz et l'expérimentation postcagienne, les vingtdernières années ont vu l'arrivée d'une génération d'improvisateurs aubackground plus éclectique. Les improvisateurs d'aujourd'hui connaissent aussibien, sinon plus, la musique contemporaine (citons un compositeur comme Lachenmann),l'electronica et la noise que la musique de Derek Bailey et d'Evan Parker.Toute discussion au sujet de la musique improvisée actuelle devrait doncaborder les sujets suivants : la distinction de plus en plus floue entreimprovisation et composition ; l'influence de la traditionexpérimentale ; la tendance, au début de ce siècle, vers le « réductionnisme »(la scène onkyo japonaise,l'esthétique Wandelweiser) ; l'avènement d'un usage de l'électronique, queles instruments concernés soient nouveaux (ordinateurs, échantillonneurs) ouanciens (le retour du synthétiseur analogique, les pédales d'effets détournées) ;ou encore l'institutionnalisation de la musique improvisée et le positionnement(pour ou contre) des improvisateurs à son égard.

Bio :

Dan Warburton est né en 1963 à Rochdale, en Angleterre. Il aétudié le violon et le piano. Il a soutenu en 1986 un doctorat en compositionmusicale à l'Eastman School of Music, Rochester, New York, portant sur uneanalyse de la pièce Sextet de SteveReich. Il est musicien, improvisateur et critique musical pour les magazinesThe Wire et Paris Transatlantic.

5èmeséance : 11 mai à 15h, Université Paris 8

Pierre Albert Castanet,« Du bruit dans les musiques expérimentales »

Résumé :

Vu sous l'angle d'une histoire sociale du son, le bruit està la fois paramètre novateur et parasite altier. Découlant d'une philosophienégative ancestrale, il a cherché noise au musical au coeur des expériences del'expérimentation, au XXème siècle. La communication de Pierre Albert Castanetabordera autant les recherches des futuristes italiens que les premiers pas dela musique concrète, autant les compositions pour percussion que les opus bruiteuxde musiciens avant-gardistes (Lachenman, Levinas, Bedrossian...).

Bio :

Compositeur et musicologue, Pierre Albert Castanet estprofesseur à l'université de Rouen et professeur associé au ConservatoireNational Supérieur de Musique et de Danse de Paris. Il est également directeurdu département de Conception et Mise en Oeuvre de Projets Culturels (universitéde Rouen).

Publications :

Tout est bruit pourqui a peur. Pour une histoire sociale du son sale (1999) ; Quand le sonore cherche noise. Pour unephilosophie du bruit (2009), publiés aux Éditions Michel de Maule.

6èmeséance : 18 juin à 15h, Bibliothèque Discothèque Robert Desnos (Montreuil)

Fabien Hein, « Musiqueexpérimentale + Musique metal = expérimetal »

Résumé :

Le terme« metal » désigne une multitude de genres et de sous-genres musicauxnés de l'appariement du « hard rock » et du « heavymetal ». Il découle d'un processus engagé à la fin des années 1960 par LedZeppelin, Black Sabbath et Deep Purple. Ces figures emblématiques sont àl'origine d'une filiation multiforme : black metal, thrash metal, doommetal, grindcore, progressive metal, dark metal, hardcore metal, sludge, gothicmetal, industrial metal, néo-metal, etc. Ces genres sont stabilisés par uncertain nombre de conventions (rythmiques, thématiques, esthétiques,techniques, vestimentaires, etc.) qui les rendent aisément identifiables etcatégorisables. Toutefois, la famille musicale metal produit également desartistes inclassables. Ces artistes semblent être affranchis du poids desconventions compte tenu de leur rapport décomplexé à l'expérimentation. Enréalité, c'est la combinaison de leurs connaissances culturelles, de leurscompétences techniques et bien entendu de leur créativité qui les conduit àproposer des agencements musicaux audacieux voire inédits. Ainsi, plutôt qued'y voir une dynamique de rupture, il semble nettement plus pertinent d'y voirune dynamique rhizomatique dont il est utile de retracer les itinéraires à lalumière de quelques carrières d'artistes. De la même manière, s'agissant d'unprocessus circulaire, il faudra également porter le regard sur la manière dontun certain nombre d'artistes, non originaires de la famille metal, en sontvenus à y puiser des ressources pour leurs propres créations. Cette conférencesera abondamment illustrée d'extraits musicaux et d'images.

Bio :

Fabien Heinest docteur en sociologie. Il est maître de conférences à l'université PaulVerlaine de Metz (départements Sociologie et Arts) et chercheur au LaboratoireLorrain de Sciences Sociales (2L2S/ERASE). Ses travaux de recherche portent surles cultures populaires. Actuellement, il s'intéresse plus spécifiquement àl'entrepreneuriat culturel.

Publications :

Hard rock, heavy metal, metal.Histoire, cultures et pratiquants (Ed. Seteun, 2003) ; LeMonde du rock. Ethnographie du réel (Ed. Seteun, 2006) ; Rock & Religion. Dieu(x) et la musiquedu diable (Autour du livre, 2006).

Préprogramme du 2nd SEMESTRE :

7ème séance, septembre :Michel Henritzi, « Broken Mirror. Propos sur la musiquejaponaise dans ses marges de 1945 à aujourd'hui »

8èmeséance, octobre : Lionel Marchetti, « Musique concrète, musique naturelle... »

9èmeséance, novembre : Eric La Casa, « Sur les terrains del'écoute »

10èmeséance, décembre : Bastien Gallet, « L'art sonore est-il un artdes bruits ? »