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L’éventail de nos peurs de l’Antiquité à nos jours / The range of our fears (from Antiquity to the present)

L’éventail de nos peurs de l’Antiquité à nos jours / The range of our fears (from Antiquity to the present)

Publié le par Université de Lausanne (Source : CHCSC)

L’éventail de nos peurs de l’Antiquité à nos jours

The range of our fears (from Antiquity to the present)

(English version below)

 

Frousse, trouille, crainte, effroi, chocottes, terreur, frayeur, épouvante, pétoche… Il existe quantité de termes et d’expressions plus ou moins fleuris pour exprimer les multiples facettes de la peur dans la langue française.

Comprise dans son acception la plus large, la peur se définit comme une réponse émotionnelle face à un stimulus extérieur. C’est un sentiment d’angoisse vécu par un ou plusieurs individus face à un danger réel ou supposé, une menace1. Elle s’illustre chez celui ou celle qui en fait l’expérience par des manifestations physico-psychologiques très paradoxales, parfois primaires, telles qu’un comportement déraisonné, une paralysie, des cris, des tremblements voire un malaise ou, au contraire, un regain d’énergie, une vigueur d’esprit et une disposition au courage. Qu’elle soit vécue de façon intime ou collective, la peur fait souvent fi de toute rationalité et demeure un sentiment ambigu et kaléidoscopique, lié à l’imaginaire et aux croyances d’un individu ou d’une société à une période donnée. Comme l’attestent Damien Boquet et Pyroska Nagy mais aussi Frédéric Chauvaud lorsqu’ils s’interrogent respectivement sur ce phénomène2, la peur est une construction sociale qui semble varier et évoluer dans le temps, selon les lieux et les différentes strates composant une société. Profondément instable, fluctuante, elle agit dans un effet de miroir déformant et raconte quelque chose sur le groupe dans lequel elle prend racine. Elle peut être à l’origine d’autres sentiments antithétiques tels que la colère ou la joie et peut prendre des formes multiples allant de la crainte de la mort à la phobie alimentaire. Relayée à l’échelle du collectif par le biais d’une culture orale ou écrite, elle peut même devenir épidémique et exercer une pression sur l’ensemble d’un corps social.

Protéiformes, parfois interprétées selon une « conception magique de l’univers3 », les peurs humaines peuvent être ordonnées selon deux grandes catégories, qui ne sont toutefois pas excluantes l’une de l’autre4 :

  • Les peurs instinctives : elles sont immuables car liées à la nature-même de l’Homme. Selon Jean Delumeau, elles regroupent la peur de l’inconnu, celle de la perte et la peur de la mort – ou l’« innommable » selon Philippe Ariès5 – et se manifestent dès le plus jeune âge. Ces peurs sont un invariable des sociétés humaines et ont de multiples expressions telles que la crainte de l’obscurité, la peur des étrangers et plus généralement de l’autre, l’effroi provoqué par la présence d’un mort6 , etc.

  • Les peurs d’époque : elles sont les conséquences d’événements particuliers comme les catastrophes naturelles, les conflits et les épidémies. Participant à accroitre le sentiment d’insécurité des populations sur une période donnée, ces peurs de type conjecturel se transforment et se réinventent en fonction des époques, des famines de l’époque moderne aux armes nucléaires et chimiques de nos sociétés contemporaines. Elles peuvent être renforcées par la présence d’individus considérés comme mal insérés dans le tissu social (sorcières, meurtriers, voleurs, individus marginaux et marginalisés).

Etudiée au prisme de l’histoire culturelle, la peur peut être observée comme un habitus (théorie de la « pédagogie de l’effroi7 » d’Alain Corbin entre autres), un outil pédagogique, le sujet d’une mise en récit volontaire dans un souci cathartique d’exorcisation (afin de nommer l’innommable et de le rendre intelligible) ou tout simplement un moyen de se divertir. Elle est amenée à investir le domaine des arts, de la littérature, des arts de la scène et du cinéma, des médias (presse, radio, télévision) ou de la musique. Elle peut être détournée de son sens premier afin de devenir le sujet principal de certaines productions et pratiques culturelles qui n’hésitent pas à la réapproprier et à la mettre en scène tel un moyen de faire face, de « conjurer la peur », à l’image de la fresque réalisée par Ambrogio Lorenzetti pour le Palazzo Pubblico de Sienne8. Fille de l’histoire des représentations, l’histoire de la peur est à la fois celle de l’invariabilité et de la réinvention permanente d’un individuel ou d’un collectif à travers les époques. La peur est donc le lieu d’une certaine théâtralité puisqu’elle revêt de multiples visages. Vécue, instrumentalisée, sublimée, esthétisée, transformée de façon consciente ou inconsciente, la peur prend part au jeu des masques entre la période antique et des époques plus contemporaines. Elle se cache ainsi derrière la foudre de Jupiter, signe d’un mauvais présage dans la mythologie romaine ; elle terrifie les populations chrétiennes craignant le verdict du Jugement dernier ; elle se tapit dans l’ombre des bas-fonds au XIXe siècle et elle emprunte même les traits monstrueux de certains personnages légendaires comme Dracula ou Hannibal Lecter, au plus grand bonheur des aficionados de littérature et de cinéma d’épouvante.

Dans une perspective historique large et une approche se voulant culturelle et transdisciplinaire, cette journée d’études entend déconstruire et comprendre les mécanismes naturels et sociaux inhérents au phénomène de la peur, qu’elle soit subie ou voulue. Il s’agira de l’appréhender d’abord comme une émotion, une expérience du sensible et d’analyser les comportements des individus lorsqu’ils y sont confrontés (comment se manifeste-t-elle ? comment les sociétés humaines l’appréhendent-elles et l’expriment-elles ? de quoi a-t-on peur ?) sans oublier de cerner les différents canaux de sa diffusion et de sa propagation (institutions officielles et religieuses, culture orale, cultures profane ou populaire, presse, médias…). Les images, les concepts et les discours sur la peur tendant à diffuser, créer, perpétuer ou même lutter contre certains de ses aspects devront être abordés à travers différentes approches alliant des méthodes d’analyse comparatiste, macro et micro historiques. Il conviendra également de revenir sur les moyens mis en place, à travers les âges, afin de lutter contre ses avatars (comment se rassure-t-on ? comment exorcise-t-on ses peurs ? quelles valeurs sont érigées en modèle face à la peur dans les sociétés humaines ?). Enfin, il faudra traiter la peur dans le sens d’un phénomène de société. Les fantasmes qui lui sont associés et les méthodes cherchant à l’esthétiser seront mis au jour. Les plaisirs de la peur, puisant leur source dans la littérature, les arts, le cinéma, les séries télé ou plus généralement les loisirs seront également étudiés, dans la perspective d’une quête de l’émotion forte, afin de faire tomber tous ses masques. Pour ce faire, cinq axes d’études sont proposés :

La peur comme émotion. Ressentir et exprimer la peur

La peur de la mort, la crainte de l’autre, quelles sont les raisons qui nous poussent à ressentir de la peur et comment l’exprime-t-on ? Existe-t-il des peurs universelles et invariables aux sociétés humaines à travers le temps ? A l’inverse, est-ce que certaines peurs ne sont pas spécifiques et ne sont pas le reflet d’une société donnée à un moment précis ? La peur peut-elle être ressentie et perçue différemment selon une classe sociale, un genre ? Comment se manifeste-t-elle, quelles sont ses différentes formes d’expression ? Peut-on parler d’une « culture de l’irrationnel » (Jean Delumeau) ? De l’isolement à la colère, qu’est-ce qui nous fait agir ou, au contraire, nous pétrifie ?

D’un outil pédagogique à un moyen de contrôle

Que nous apprend la peur sur nous-mêmes ? Quelle est sa fonction sociale, son rôle dans l’éducation et dans la fabrique de soi ? Peut-on parler de la peur comme d’une expérience au sens empirique voire kantien ? Comment est-elle réinvestie dans un but intéressé par certains pouvoirs et institutions (officielles, religieuses ou profanes – telles que les médias) afin d’exercer un contrôle sur la population ? Quels sont les relais de la peur et quels protagonistes interviennent dans sa diffusion à grande échelle ? Comment est-elle réinvestie, instrumentalisée, afin de servir les intérêts d’un pouvoir, d’une institution ou d’une idéologie ?

Lutter contre ses démons et « domestiquer9 » la peur

Résultat d’une menace connue, comment fait-on pour anticiper nos peurs, pour les « conjurer » (Patrick Boucheron) ? Comment peut-on se rassurer et éviter la réalisation de nos craintes ? Quelles sont les stratégies et pratiques mises en œuvre pour s’en protéger ? Quels héros et quels mythes nous permettent de lutter contre elles ? Comment la peur est-elle expliquée par les sociétés qui la vivent ? Est-elle un marqueur de genre ? Quels moyens permettent de la rendre intelligible ? Peut-on parler d’une médicalisation de la peur ?

Une esthétique de la peur

Lorsqu’elle est mise en récit, que ce soit à travers une culture écrite ou orale, les arts, la littérature, la presse ou plus généralement les mots et les images, peut-on parler d’une construction de l’esthétique de la peur ? Comment la peur devient-elle un sujet d’inspiration ? En quoi cette mise en récit participe-t-elle à la rendre fascinante ? Quels courants artistiques et littéraires ont participé à son esthétisation ? Quelles productions y sont liées ?

Quand frissonner devient un plaisir. Les loisirs de la peur

Dans quelle mesure la peur est-elle une émotion volontairement recherchée ? Des histoires de fantômes au cinéma d’horreur, en passant par la littérature et les cabinets de curiosité, comment la recherche du frisson devient-elle un plaisir ? Se mettre en danger et ressentir la peur, n’est-ce pas vivre un peu plus fort en s’y confrontant ?

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Calendrier :

Retour des propositions au plus tard le : dimanche 24 février 2019

Réponses aux candidats au plus tard le : vendredi 15 mars 2019

Date de la journée d’études : mercredi 15 mai 2019 (à Saint-Quentin-en-Yvelines)

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Modalités :

Cette journée d’études se veut pluridisciplinaire et ouverte à différents champs de recherche issus des sciences humaines et sociales (sociologie, anthropologie, psychologie, histoire, histoire de l’art, histoire de la médecine, musicologie, lettres, études théâtrales, études cinématographiques, histoire visuelle, droit, langues, sciences de l’information et de la communication).

Cet appel à communications est ouvert à tous les doctorants et jeunes docteurs ayant soutenu en 2017 et 2018, en France ou à l’étranger.

Les communications se feront en français ou en anglais. Les propositions de communication (500 mots environ) sont à envoyer, accompagnées d’une courte présentation de l’auteur (comprenant le titre, la discipline de la thèse, l’année de soutenance le cas échéant ainsi que l’université ou l’organisme de rattachement) au plus tard le 24 février à l’adresse suivante : doctorants.chcsc@gmail.com.

 

NOTES:

1 Voir les notices « peur » dans Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, Paris, Administration du Grand Dictionnaire universel, tome 12, 1866-1877, p.736 et dans la rubrique « lexicographie » du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRS) [cnrtl.fr].

2 Damien Boquet, Piroska Nagy, Sensible Moyen Âge. Une histoire des émotions dans l’Occident médiéval, Paris, Seuil, coll. L’Université historique, 2015 et Frédéric Chauvaud (dir.), L’ennemi intime. La peur : perceptions, expressions, effets, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011.

3 Entendons par là des peurs liées à des superstitions et qui résultent d’une interprétation humaine face à un phénomène inhabituel, méconnu ou terrifiant. Cf Jean-Claude Farcy in « Jeunesse rurale et société nationale : le cas de la France au XIXe siècle », in Jean-Claude Caron et Frédéric Chauvaud (dir.), Les campagnes dans les sociétés européennes. France, Allemagne, Espagne, Italie (1830-1930), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2005, pp. 209-225.

4 Nous nous appuyons ici sur les propositions formulées par Jean Delumeau dans La peur en Occident (XIVe-XVIIIe siècles), Paris, Fayard, 1978.

5 Philippe Ariès, Essais sur l’histoire de la mort en Occident. Du Moyen Âge à nos jours, Paris, Seuil, 1975 (voir la conclusion de la première partie de l’ouvrage).

6 Pierre Mannoni, La peur, Paris, PUF, « Que sais-je ? », 1988 (1ère éd. 1982) d’après Jean Delumeau La peur en Occident (XIVe-XVIIIe siècles), Paris, Fayard, 1978.

7 La « pédagogie de l’effroi » se réfère à l’idée de la mise en place volontaire, par un pouvoir ou une institution, d’un système répressif jouant sur les peurs d’une population afin d’en obtenir le contrôle. Ce système qui permettait de « gouverner par la peur », pouvait cependant avoir l’effet inverse de celui escompté puisqu’il participait à rendre les individus totalement insensibles au message que l’on voulait faire passer. C’était particulièrement le cas lors des exécutions des condamnés qui devenaient des spectacles appréciés et attendus. Se référer à l’introduction rédigée par Alain Corbin dans l’ouvrage Histoire des émotions. Des Lumières à la fin du XIXe siècle, Paris, Seuil, 2016, p.6.

8 « Allégorie et effets du Bon et du Mauvais Gouvernement », fresque d’Ambrogio Lorenzetti, Palazzo Pubblico de Sienne (XIVe siècle) étudiée par Patrick Boucheron in Conjurer la peur, Sienne, 1338. Essai sur la force politique des images, Paris, Seuil, 2013, 285 p.

9 Selon les termes de Denise Jodelet in « Dynamiques sociales et formes de la peur », Nouvelle revue de psychosociologie, ERES, n°12, 2011/2, p.239-256. Dans cet article, l’auteur évoque des processus d’« effacement » de la peur, des stratégies de défense qui révèlent une inquiétude refoulée. Elle rencontre un processus généralement constaté d’apprivoisement, de « domestication » qui permet de vivre avec l’incertitude voire même d’oublier les peurs de notre temps ou de les remplacer. Elle insiste également sur la capacité des individus à s’adapter face à la peur, à la gérer à travers les représentations partagées et construites discursivement dans les échanges développés dans l’espace public et interpersonnel.

 

Funk, doubt, dread, terror, fright, horror… There are many words and expressions more or less complex to express the multiple aspects of fear in English and in French.

 

            Understood in its widest meaning, fear can be defined as an emotional answer to an external stimulus. It is an emotion of anxiety lived by one or several individuals in front of a real or hypothetic danger or a threat[1]. It can be conveyed by physical and psychological expressions, ranging from primal reactions such as an out-of-control behavior, paralysis, shouting, shaking, and anxiety, or on the opposite side of the spectrum an energy boost, a vigor of mind and a brave behavior. Lived in an intimate or in a collective way, fear flouts any rationality and remains an ambiguous and kaleidoscopic emotion bound to the imagination and to the individual or social beliefs. Studies of Damien Boquet, Pyroska Nagy and Frédéric Chavaud have shown that fear is a social construct that seems to vary and evolve over time, depending on the place and the different levels of a society[2]. Deeply unstable, it acts like a mirror distorting the reality and it tells something about the social group in which it takes root. Fear can the origin of other antithetic emotions as anger or joy. It can take many forms from the fear of death to food phobias. When fear is transmitted collectively by an oral or written culture, it may become epidemic and could pressure the whole social group.

 

            Multifaceted, sometimes construed in accordance with a “construction magique de l’univers[3]”, a magical conception of the universe, humans fears can be divided into two categories nevertheless linked from one another[4]:

 

  • The instinctive fears: they are unchangeable because they are linked to the very human nature. According to Jean Delumeau, they appear from an early age and they bring together fear of the unknown, fear of loss and fear of death – “l’innommable”, the unspeakable, according to Philippe Ariès[5]. These fears are invariable in human societies. They have several expressions such as dread caused by the presence of a dead body, fear of the dark, fear of foreigners and more generally fear of others[6], etc.

 

  • The contemporary fears: these are the consequences of specific events such as natural disasters, conflicts or epidemics. Increasing by the insecurity feeling of populations for a given period of time, these fears are evolving and recreated depending on eras: from ancient famines to modern nuclear and chemical weapons. They can be strengthened by the presence of individuals considered as harmful and badly integrated into the social fabric (witches, murderers, thieves and marginalized individuals).

 

            Understood through the prism of cultural history, fear can be observed as a habitus (theory of the “pédagogie de l’effroi[7]” of Alain Corbin among others). It can be used as a pedagogical tool, the subject of a voluntary narrative form in a cathartic action for exorcism (in order to mention the unmentionable and to make it understandable) or simply as a pastime. It spreads in art fields, performing, cinematographic arts, literature, media (press, radio and television) or music. It can be diverted from its primary meaning in order to become the main subject of certain cultural productions and activities that do not hesitate to appropriate it and depict it as a way to deal with it, to transcend it. This is shown by the frescos painted on the walls of the Sala della Pace of the Palazzo Pubblico of Sienna in Italy by the famous artist Ambrogio Lorenzetti between 1338 and 1339[8]. Daughter of the “histoire des representations”, fear history is both one of the inalterability and one of the permanent reinventions of an individual or collective subject through different eras. Fear is the place for a theatricalness because it covers several faces. Lived by, manipulated by, sublimated, aestheticized, changed in a conscious or unconscious way, fear participates in the masked game from the ancient world to the present time. Whether it hides behind the Jupiter lightning, as a sign of bad omen into the roman mythology, whether it terrifies Christian populations fearing the verdict of the Judgement Day, lurks in the shadows of the slums in the 19th century fear is an historical constant. It can even be embodied by certain legendary characters as Dracula or Hannibal Lecter, to the delight of the literature and horror movies aficionados.

 

In a historical, transdisciplinary and cultural approach, this workshop aims to deconstruct and to understand the natural and social mechanisms of fear either endured or desired. First, fear will be seen as an emotion, a sense experience. The individual behaviors will be analyzed when people are confronted to it (How does it appear? How do the societies understand it and express it? What are we afraid of?). The different ways it is transmitted (official and religious institutions, oral culture, profane or popular culture, press, and media) will also be defined. The images, the concepts and the discourses about fear that are tending towards diffusion, creation, perpetuation or even struggle will have to be considered through several perspectives combining comparatist and analytical methods with macro and/or micro scales. The topic of the implemented resources across the ages in order to struggle against its avatars will be also discussed (How do we not worry? How do we exorcize ourselves from our fears? What are the social values of populations that are set up as a model to face fear?). At last, fear will be seen as a social phenomenon. Fantasies that are linked to it and methods that try to aestheticize it will be revealed. Fear’s pleasures from literature, arts, cinema, series or more generally into hobbies will be also studied in the light of a strong emotional quest in order to drop its masks. Five focal areas will be studied:

 

Fear as emotion. Feeling and expressing fear

 

What are the reasons that urge us to feel fear and how do we express it? Are they universal and invariable fears through different societies and times? On the contrary, aren’t certain fears specific to a moment? Aren’t they the reflections of a given society at one specific time? How does fear come forward? What are the different forms of its expression? Can we speak of a “culture de l’irrationnel” (Jean Delumeau)? What is the way (from isolation to anger) of our actions or, on the contrary, our petrification?

 

From the pedagogical tool to the control means

 

What does fear teach us on ourselves? What is its social use, its part in the education and in the process of individualization. Can we consider fear as an experience in the empirical Kantian meaning? How is fear plowed back in by certain powers and institutions (official, religious or profanes - media for example) in order to exercise control on population? What are the relays of fear? Who are the protagonists who intervene in its large-scale spread? How is fear instrumentalised in order to help interests of a power, an institution or an ideology?

 

Struggling against our demons and domesticating fear[9]

 

How do we anticipate our fears in order to conjure them (Patrick Boucheron)? How can we be reassured and avoid the realization of our doubts? What are the strategies and practices that are used to be protected against those fears? Who are the heroes and myths that help us fight them? How is fear explained by societies that are living with it? Is it a gender marker? What are the way that make it intelligible? Can we speak of a medicalization of fear?

 

An esthetics of fear

 

Can we speak of an esthetical construction of fear when it has a narrative form through a written or oral culture, arts, literature, press or more generally words and images? How does fear become an inspiring subject?  How do narratives form make fear fascinating? What are the artistic and literary movements that have given to fear its aestheticization? What are their artistic productions?

 

When shuddering becomes pleasure. The hobbies of fear

 

To what extent is fear an emotion voluntarily desired? How does the desire of thrill become a pleasure, from the ghost stories to the horror movies passing by the literature and the cabinets of curiosities? Isn’t immersing ourselves in danger and fear a stronger and more interesting way to live?

 

 

Calendar:

Call for papers at the latest by February 24th, 2019

Answers to candidates at the latest by March 15th, 2019

Workshop “The range of our fears” : May 15th, 2019

 

Terms and conditions :

This workshop is multidisciplinary and opened to several fields of research in humanities (sociology, anthropology, psychology, history, art history, medicine history, musicology, literature, theater studies, film studies, visual history, law, languages (?), information and communication science.

 

This call for papers is addressed to all PhD students and young doctors who presented their thesis defense in 2017-2018.

 

Each paper will be in French or in English. Paper’s propositions (about 500 words) have to be sent with a short presentation of the author (title, field of the PhD, if necessary year of the thesis defense and the university or the affiliated organization) at the latest by February 24th 2019 at the following address : doctorants.chcsc@gmail.com.

 

[1] Reading the article related to « peur » in Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, Paris, Administration du Grand Dictionnaire universel, tome 12, 1866-1877, p.736 and the column « lexicographie » of the Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRS) [cnrtl.fr].

[2] Damien Boquet, Piroska Nagy, Sensible Moyen Âge. Une histoire des émotions dans l’Occident médiéval, Paris, Seuil, coll. L’Université historique, 2015 and Frédéric Chauvaud (dir.), L’ennemi intime. La peur : perceptions, expressions, effets, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011.

[3] Fears related to superstitious beliefs which result of a human interpretation of an unusual, unknown or frightening phenomenon. Reference to Jean-Claude Farcy in « Jeunesse rurale et société nationale : le cas de la France au XIXe siècle », in Jean-Claude Caron et Frédéric Chauvaud (dir.), Les campagnes dans les sociétés européennes. France, Allemagne, Espagne, Italie (1830-1930), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2005, pp. 209-225.

[4] Based on Jean Delumeau’s theory and proposals in La peur en Occident (XIVe-XVIIIe siècles), Paris, Fayard, 1978.

[5] Philippe Ariès, Essais sur l’histoire de la mort en Occident. Du Moyen Âge à nos jours, Paris, Seuil, 1975 (conclusion of the first part).

[6] Pierre Mannoni, La peur, Paris, PUF, « Que sais-je ? », 1988 (1ère éd. 1982) according to Jean Delumeau La peur en Occident (XIVe-XVIIIe siècles), Paris, Fayard, 1978.

[7] The « pédagogie de l’effroi » which can be translated into « education based on / using fear », refers to the idea of a deliberate establishment, by an institution or a power, of a repressive system using people’s fears in a way to manipulate them. However, this system which allowed to govern thanks to fear could have opposite effect and drive people indifferent to the spread message. That was the case during public executions, which became well-liked and eagerly awaited entertainments. Reading the introduction wrote by Alain Corbin in Histoire des émotions. Des Lumières à la fin du XIXe siècle, Paris, Seuil, 2016, p.6.

[8] « The Allegory of Good and Bad Government », fresco of Ambrogio Lorenzetti, Palazzo Pubblico of Sienna (14th century), studied by Patrick Boucheron in Conjurer la peur, Sienne, 1338. Essai sur la force politique des images, Paris, Seuil, 2013, 285 p.

[9] Domesticating fear, « domestiquer la peur », according to the words of Denise Jodelet in « Dynamiques sociales et formes de la peur », Nouvelle revue de psychosociologie, ERES, n°12, 2011/2, p.239-256. In this article, she speaks about the concepts of fear eradication and defensive strategies revealing repressed concerns and anxieties. These processes allow us to domesticate fear and live with uncertainty, or even to forget it or replace it. Denise Jodelet also underlines the people’s abilities to face their fear through collective representations, shaped out in public or individual exchanges.

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