Questions de société
L'évaluation de la recherche en question (recension de plusieurs numéros de revues) - B. Thomann, La Vie des idées, 28/05/09

L'évaluation de la recherche en question (recension de plusieurs numéros de revues) - B. Thomann, La Vie des idées, 28/05/09

Publié le par Bérenger Boulay (Source : SLU)

L'évaluation de la rechercheen question (recension de plusieurs numéros de revues) - BernardThomann, La Vie des idées, 28 mai 2009

http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article2671

http://www.laviedesidees.fr/L-evaluation-de-la-recherche-en.html

Laquestion de l'évaluation de la recherche est au coeur du mouvement deprotestation qui anime les universités et les laboratoires depuis delongs mois. Plusieurs revues lui consacrent des numéros spéciaux :au-delà du caractère massif des oppositions aux réformes, une lectureattentive révèle des divergences d'appréciation sur le rôle del'évaluation et sur la relation entre science et société.

Recensés :

  • « La fièvre de l'évaluation », numéro spécial de la Revue d'histoire moderne et contemporaine, supplément n° 55-4 bis, 2008.
  • « L'idéologie de l'évaluation, la grande imposture », numéro spécial de Cités, n° 37, 2009.
  • Christophe Charle, « L'évaluation des enseignants-chercheurs », Vingtième Siècle. Revue d'Histoire, n° 102, avril-juin 2009, p. 159-170.
  • Patrick Fridenson, « La multiplication des classements », Le Mouvement Social, n° 226, janvier-mars 2009, p. 5-14.

La question de l'évaluation a été placée, depuisquelques mois, sous les feux de l'actualité par le mouvement social quis'oppose au décret instaurant la modulation du service desenseignants-chercheurs en fonction de leurs « performances »individuelles. Cette question s'était néanmoins déjà imposée depuisplusieurs années au coeur de la pratique quotidienne des universitaireset des chercheurs. Qu'elle se traduise par les initiatives desétudiants pour évaluer les enseignements, par l'utilisationgrandissante des indices bibliométriques, par la généralisation de lapratique des appels d'offre de l'Agence nationale de la recherche(ANR), ou par les visites de l'AERES (Agence d'évaluation de larecherche et de l'enseignement supérieur), la rapidité de l'évolutiondes pratiques de l'évaluation et la multiplication de ses procéduressuscitent des interrogations et des inquiétudes. Celles-ci semblents'être soudainement et violemment cristallisées à la suite de laprésentation du projet de décret de réforme sur le statut desenseignants-chercheurs. La prise à bras le corps de cette question del'évaluation par des numéros spéciaux de la Revue d'histoire moderne et contemporaine sur « la fièvre de l'évaluation », et de la revue Cités sur l'« idéologie de l'évaluation : la grande imposture », et par des articles du Mouvement Social et de la revue Vingtième Siècle,a le mérite de venir éclairer l'actualité la plus brûlante en lareplaçant dans le temps plus long de l'évolution des politiques de larecherche et de l'enseignement supérieur. Le traitement approfondi decette question par des revues de sciences humaines et sociales estd'autant plus bienvenu que les médias de grande diffusion peinentparfois à s'élever au dessus de la communication gouvernementale, descaricatures ou des préjugés, et à véritablement rendre compte desenjeux profonds du débat, comme le compte rendu du numéro spécial deCités paru dans Le Monde le 21 mars dernier, avec son titre dédaigneux,« Chercheurs qu'on martyrise », l'illustre malheureusement. La lecturede ces numéros spéciaux montre pourtant qu'il existe, au sein même decommunauté universitaire et scientifique, au-delà du rejet assez massifde la politique du gouvernement actuel, des différences de sensibilitéet un véritable débat, comme l'illustrent bien les éditoriaux trèscontrastés qui viennent introduire les dossiers de la Revue d'histoiremoderne et contemporaine et de Cités.

L'évaluation : imposture ou véritable enjeu ?

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