L’être en devenir : identité, sexualité et normes sociales. Autour des oeuvres de Marivaux, Balzac et Beauvoir. Journée d'agrégation (Rouen)

"L'être en devenir : identité, sexualité et normes sociales".

Journée d’agrégation du 17 octobre 2018, Université de Rouen

Autour des œuvres de Marivaux, Balzac et Beauvoir

Organisée par Stéphanie Genand, Jean-Louis Jeannelle et Sylvain Ledda

Lieu : UFR des Lettres, bât. A, Salle du Conseil

Une même attention à la manière dont certains individus exemplifient ou déplacent les normes sexuelles ou sociales à l’œuvre dans la société française à un moment donné de son histoire réunit trois auteurs du programme de l’agrégation de Lettres 2019 : Marivaux, Balzac et Beauvoir. Tous trois sont attentifs au devenir de l’identité, genrée, personnelle et sociale, au seuil (Marivaux et Beauvoir) ou au terme (Balzac) de la vie, à ce que celle-ci peut avoir à la fois d’extrêmement contraint et néanmoins d’inévitablement mobile et fluide.

Sensibles aux êtres qui, sans être hors-classe ni révolutionnaires, se situent aux marges discrètes de la société et en contestent de manière insidieuse le fonctionnement, ils ont bénéficié ces dernières années de travaux critiques qui ont renouvelé l’intérêt porté à leur œuvre. Ainsi de la lecture « anthropologique » appliquée, dans le sillage de René Démoris, aux pièces de Marivaux, valorisant chez lui le souci d’explorer et de comprendre et de penser la nature humaine. Ou encore des études de genre consacrées à Balzac, dans les perspectives d’Owen Heathcote sur la violence et la sexualité, mettent au jour une série de tensions entre individus et société. Et enfin de l’élaboration chez Beauvoir d’un modèle d’émancipation féminine dont la publication en 2008 des Cahiers de jeunesse (1926-1930) a permis de mesurer à la fois l’authenticité mais également les retouches ou les non-dits.

Plus important encore, nous verrons que chez ces trois écrivains domine une part proprement philosophique, dont les formes varient nettement : par-delà les stéréotypes qui en ont obscurci le sens, le célèbre « marivaudage » sera réinterprété comme laboratoire expérimental et question métaphysique ; de même les « types balzaciens » du vieux garçon et de la vieille fille pourront être repensés à la lumière de la « bilogie » que forment La Cousine Bette et Le Cousin Pons ; adossé au Deuxième Sexe qui en fournit en grande partie les clés, Mémoires d’une jeune fille rangée sera envisagé comme une forme de vaste réflexion sur la condition féminine étroitement liée à une expérience intime en situation, autrement dit vivante.

Programme

La Double Inconstance, La Fausse suivante et La Dispute de Marivaux

• 10h. – Christophe Martin (Sorbonne Université) : « Dramaturgie interne et esthétique de l’identité dans les pièces au programme ».
• 10h30. – Michel Delon (Sorbonne Université) : « Le redoublement chez Marivaux »
• 11h. – Florence Magnot-Ogilvy (Université Rennes 2) : « Le centre et les marges : mobilité des places et dommages collatéraux dans les pièces au programme ».
• 11h30 : Discusssion

12h : Déjeuner

Le Cousin Pons de Balzac

• 13h30. – Thomas Conrad (ENS Ulm) : « Identité et pauvreté dans Le Cousin Pons »
• 14h. – Bernard Gendrel (Université Paris-Est Créteil) : « Le normal et le pathologique dans Le Cousin Pons »
• 14h30. – Françoise Gaillard (Paris VII) : « L’hétérotype révélateur de la cruauté de la mécanique sociale »
• 15h : Discussion

15h30 : Pause

Mémoires d’une jeune fille rangée de Beauvoir

• 15h45. – Hélène Baty-Delalande (Université Paris-Diderot/Rennes 2) : « “On ne naît pas femme, on ne devient” : la fabrique des filles »
• 16h15. – Jean-Louis Jeannelle (Université de Rouen) : « Beauvoir ou La fin du mélodrame »
• 16h45. – Marie-Hélène Boblet (Université de Caen) : « Affinités électives, aventures et imaginaire romanesque : Mémoires d’une jeune fille rangée et Le Grand Meaulnes »
• 17h15 : Discussion et clôture