Questions de société

"L'Etat s'apprête à contractualiser avec des établissements privés du supérieur" (Le Monde 12/12/09)

Publié le par Bérenger Boulay

L'Etat s'apprête à contractualiser avec des établissements privés du supérieur

http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/12/12/l-etat-s-apprete-a-contractualiser-avec-des-etablissements-prives-du-superieur_1279794_3224.html

Par Christian Bonrepaux,LE MONDE | 12.12.09. Article paru dans l'édition du 13.12.09


Ce sont quelquecinquante-huit établissements privés d'enseignement supérieur qui sonten passe de contractualiser avec le ministère.

La liste comprenddes poids lourds du secteur : les cinq instituts catholiques de Paris,Lille, Angers, Lyon et Toulouse avec leurs 35 000 étudiants, ainsi queles réputées Essec, Edhec ou Esca. L'ensemble de ces écoles représentequelque 60 000 étudiants, soit 3 % de l'ensemble des effectifs dusupérieur.

Le 18 septembre 2009, les directions de chacun de ces établissementsont remis un rapport au ministère dans lequel elles évaluent leursforces et faiblesses et où elles s'engagent sur des objectifs àatteindre à moyen terme. En retour, le ministère de l'enseignementsupérieur et de la recherche leur assure un financement.

Pour leministère, la démarche s'inscrit dans sa stratégie globale derecomposition de l'enseignement supérieur, engagée dans le public avecla mise en place de la loi relative aux libertés et responsabilités desuniversités (LRU). "Nous financions déjà ces 58 établissements. Ilsrecevaient une somme moyenne de 1 000 euros par étudiant préparant undiplôme reconnu par l'Etat. Mais ils n'avaient aucune obligation enretour. La contractualisation va permettre de leur fixer des objectifsen cohérence avec la stratégie gouvernementale et avec leur mission deservice public. Au bout de quatre ans, l'Agence d'évaluation de larecherche et de l'enseignement supérieur (AERES) en évaluera lesrésultats avant une nouvelle contractualisation", explique-t-on rue Descartes.

Pourle secteur privé de l'enseignement supérieur, cette nouvelle politiquen'est rien d'autre que le prolongement d'un protocole d'accord concluen 2002 par Jack Lang,alors ministre de l'éducation nationale, avec l'Union desétablissements d'enseignement supérieur catholiques (Udesca) et laFédération d'écoles supérieures d'ingénieurs et de cadres (Fesic).L'accord visait à "engager une politique claire et équitable de contractualisation et de pleine association de l'enseignement supérieur privé".

"Le système actuel ne finançait pas la recherche, remarque Michel Quesnel, recteur de l'Université catholique de Lyon et président de l'Udesca. Avecune contractualisation pluriannuelle, nous pourrons engager les moyensqui lui sont nécessaires, sans négliger la pédagogie etl'accompagnement des étudiants. Des points qui restent les marqueurs denos établissements."

Les présidents d'établissement y voientaussi l'opportunité de contenir dans des limites raisonnables les fraisd'inscription, actuellement variables, de 3 000 à 6 500 euros suivantles filières dans les cinq instituts catholiques. Pierre Tapie,président du groupe Essec, de la Fesic et de la Conférence des grandesécoles, souhaite, lui, développer le taux d'encadrement de sesétudiants : "Selon les standards français, il est acceptable ;selon les critères internationaux, il ne l'est pas. Il estindispensable de l'étoffer pour être en accord avec la politiquenationale de l'enseignement supérieur, dégager du temps pour lesactivités de recherche et accueillir les meilleurs étudiants étrangers."

Lespremiers contrats seront signés dès le premier semestre 2010. Ilsdevraient se matérialiser par l'augmentation de 4,5 millions d'eurosd'une subvention qui s'élevait à 62 millions en 2009. Devraient êtreconcernées à terme toutes les écoles de quatre fédérations : l'Uniondes établissements d'enseignement supérieur catholiques, les 20 écolesd'ingénieurs de la Fesic, les 6 établissements de l'Union des nouvellesfacultés libres et les 20 écoles de l'Union des grandes écolesindépendantes (UGEI) qui, elle, regroupe des privées non catholiques.

Vue du camp laïque, l'affaire est plus ennuyeuse. Pour Luc Bentz, secrétaire national du syndicat UNSA-éducation, membre du Comité national d'action laïque (CNAL), "le ministère allume la guerre universitaire". "C'est inacceptable, c'est autant d'argent qui ne va pas dans les universités publiques", assène-t-il.

Christian Bonrepaux. Article paru dans l'édition du 13.12.09