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Séminaire "L'état de livre(s)" (Saint-Cloud)

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Marc Perelman)

Séminaire : L’état de livre(s)

Sous la direction de Marc Perelman (Université Paris Nanterre).

Les séances ont lieu au Pôle des Métiers du livre de Saint-Cloud (11, avenue Pozzo-di-Borgo, 92210 Saint-Cloud).

Le premier semestre, elles se déroulent : le mardi de 14h à 16h, les 3, 10, 17 et 24 oct. 2017 ; les 14 et 21 nov. 2017 ; les 5 et 12 déc. 2017.

(Pour tout renseignement supplémentaire : 06 37 46 75 55)

Lors de ces séances seront invités des bibliothécaires, éditeurs, libraires mais aussi des écrivains, philosophes, les amateurs de livres…

 

Le thème du séminaire :

La question – « Qu’est-ce qu’un livre ? » –, posée par Emmanuel Kant il y a plus de deux siècles, a-t-elle gardé toute sa pertinence interrogative et sa puissance épistémologique au temps nouveau que certains définissent comme celui d’une révolution non seulement des supports de lecture mais également, et plus profondément, de la lecture ou plutôt d’un mode de lecture et même d’un mode d’appropriation de la connaissance que le livre sous sa forme aboutie de codex avait engagé et qui serait désormais remplacé par le numérique ? Qu’en est-il de la structure du livre sinon de son essence ? Si le livre a toujours été situé au croisement du matériel et du spirituel, il n’est pas qu’un objet, un outil ou un « ustensile », il est aussi une véritable « modalité de notre être » ou une « référence ontologique de l’humain » pour reprendre Levinas. La totalité de la société pouvait se fixer, se concentrer dans le livre, lui-même étant une forme de concentration du temps et de l’espace, comme il pouvait se dilater jusqu’à épouser les formes de la société (la Bible). Reste que l’essence du livre ressortit à la pensée d’un auteur ; la « spiritualité » de l’œuvre, à savoir le fait de déposer un texte écrit, ressortit en effet à l’esprit de celui qui l’a pensé. Le livre est un « objet investi d’esprit » pour emprunter à Husserl. Malgré cette histoire, depuis l’apparition et le développement récent de la technologie du numérique, on assiste à un vacillement du statut de l’objet « livre ». N’est-il pas maintenant devenu habituel de distinguer le « livre papier » du « livre électronique » pour mieux appréhender l’un et l’autre et pour mieux comprendre les enjeux réels qu’ils représentent. Nous devons nous interroger sur la portée sociopolitique de cette innovation non seulement eu égard au caractère « professionnel » du rapport au livre en tant qu’auteur, lecteur, éditeur, libraire, bibliothécaire…, mais aussi eu égard au rapport d’intimité, à savoir ce lien consubstantiel entre soi et cet objet séculaire sur lequel l’Université a été fondée et s’est en grande partie développée depuis le Moyen Âge.