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L'Esprit des lieux. Colloque de Lapril, (Bordeaux III).

L'Esprit des lieux. Colloque de Lapril, (Bordeaux III).

Publié le par Laurent Angard (Source : Lapril)

2010 (mars) - Colloque L'ESPRIT DES LIEUX : Appel à communication..

 

L'esprit des lieux

Appel à communication

Colloque de mars 2010

Lapril, Bordeaux3

 

L'ethnographie révèle que les cultures les plus diverses ont eu pour origine un lieu géographique, un climat, et l'histoire, même élémentaire, d'un groupe humain. « L'esprit des lieux » (Genius Loci) résulte de l'interaction de ces trois facteurs et, pour un individu, se donne toujours comme préexistant (même si Italo Calvino a pu inventer des « villes imaginaires », Ernst Jünger son Heliopolis, et Kurt Schwitters, dans son Merz-Bau, ambitionner de re-créer complètement le lieu).

Le colloque de mars 2010 aura pour objet d'étudier l'influence de cet « esprit des lieux » sur la littérature, ainsi que sur les arts plastiques et la musique, à travers le projet des créateurs, mais aussi à travers la représentation qui en est donnée dans les oeuvres.

Au confluent du biographique et de l'imaginaire, on pourra ainsi s'interroger sur l'importance du lieu d'enfance (l'Artois de Bernanos). Dans cette perspective, l'oeuvre ancrée pour l'essentiel dans une région fournira un filon de grand intérêt, qu'il s'agisse de romans dans lesquels le lieu, décor longuement décrit, a engendré des façons singulières de vivre, de penser et de sentir (ceux de Maurice Genevoix, du Giono première manière, de Henri Bosco ou de Ramuz), de tableaux qui sont leur équivalent pictural (paysages languedociens de Frédéric Bazille, vénitiens de Canaletto, par exemple), ou de certaines compositions musicales telles Une nuit sur le mont chauve de Moussorgski et Dans les steppes de l'Asie centrale de Borodine.

On pourra également se demander si, chez des écrivains en exil, ou d'autres ayant consacré (presque) toute leur oeuvre à l'évocation d'un même territoire imaginaire, le lieu, devenu alors obsédant, n'acquiert pas une puissance spéciale. Dans le premier cas, en effet, non seulement il fusionne indissolublement avec une Weltanschauung, (chez Camus, par exemple, qui, à l'exception de La chute, n'a jamais écrit que sur l'Algérie ; ou chez Joyce, dont l'oeuvre entière est centrée sur Dublin), mais, à l'intérieur des romans ou des nouvelles, il est présenté comme exerçant sur les personnages un emprise très forte, particulièrement dans L'Exil et le Royaume et Dubliners. Dans le second, avec la Región de Juan Benet, et surtout le comté de Yoknapatawpha de Faulkner, le lieu évoqué apparaît comme un condensé du lieu réel (régions déshéritées d'Espagne ou Sud des USA).

Il serait particulièrement intéressant enfin d'étudier la représentation du lieu en ayant pour ambition de préciser les contours d'un mythe de « l'Esprit des lieux ». Ainsi, pour ne pas remonter plus loin dans le temps, la forêt, située entre réalité et surnaturel, est au Moyen- Age un espace magique (la forêt de Brocéliande du cycle Arthurien). Plus près de nous, dans Béatrix de Balzac, Der Zauberberg et Der Tod in Venedig de Thomas Mann, la Bretagne, la haute montagne, Venise, ou, chez Maurice Barrès, les « lieux où souffle l'esprit », ont le pouvoir de provoquer chez les personnages une véritable métamorphose intérieure (dont on pourrait peut- être trouver un équivalent dans la découverte du Midi par Matisse et Derain à Collioure, dans l'oeuvre de Van Gogh, où paysages et portraits sont de la même pâte, ainsi que dans La symphonie du Nouveau monde de Dvorak, par exemple).

De façon tout à fait explicite cette fois, le lieu modèle les Siciliens et leur culture, détermine leur destin, dans Il Gattopardo de Giuseppe Tomasi di Lampedusa (un équivalent pourrait être cherché chez Vermeer, dans les tableaux de Gauguin inspirés par les îles Marquises, ou les Nuits dans les Jardins d'Espagne de Manuel de Falla). Enfin, The Alexandria Quartet, de Lawrence Durrell, présente Alexandrie, principal personnage de l 'oeuvre, comme un réseau de forces à la fois intérieures et extérieures à l'homme, une construction de paysages, de temps et de pulsions héritées du passé, dont les personnages qu'elle manipule ne sont que des émanations… Quant à la palingénésie de ce mythe, on pourra précisément la trouver dans la représentation de villes : le Paris de Balzac, de Baudelaire, de Rilke, d'Aragon, ou la Venise de Byron, de Proust, de Thomas Mann, de P. Morand, de Pasinetti et de bien d'autres artistes.

 

Nous vous demandons de nous faire parvenir vos propositions de communication

avant le 15 juin 2009.

 

Gerard.peylet@u-bordeaux3.fr

Prat-Michel@Wanadoo.Fr