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L'emphase: copia ou brevitas? XVIe-XVIIe siècles

L'emphase: copia ou brevitas? XVIe-XVIIe siècles

Publié le par Mathilde Levesque



JOURNÉE JEUNES CHERCHEURS
UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE
Organisateurs : Mathilde Levesque et Olivier Pédeflous




Depuis la réintroduction massive de la rhétorique dans les études littéraires à la fin des années 70, un certain nombre de travaux fondateurs se sont intéressés à l'analyse de la copia et de la brevitas, sans pour autant articuler ces deux notions. L'objectif de cette journée est d'interroger le paradoxe de l'emphase, qui repose tantôt sur des procédés d'amplification, tantôt sur la brièveté brachylogique.
Par ailleurs, ce couple de notions a surtout joui jusqu'ici d'un traitement rhétorique, alors que l'emphase occupe une place non négligeable dans la tradition grammaticale ; nous souhaiterions ainsi établir des ponts entre différentes approches complémentaires, permettant de rendre compte de la complexité de ce couple : grammaire, stylistique, rhétorique, poétique, sémiotique seront ainsi convoquées. Un tel parti-pris permettra de privilégier l'élucidation des textes sur la seule réflexion théorique, bien sûr indispensable, mais trop souvent exclusive du retour au texte.
Enfin, nous voudrions insister sur l'impact pragmatique de l'emphase, qui met bien plus en jeu l'expressivité que l'informativité. Indispensable à l'efficacité textuelle, elle prend néanmoins toujours le risque de provoquer l'incompréhension.

La journée sera ouverte par une table ronde théorique, menées par des chercheurs confirmés, et qui s'intéresseront aux enjeux notionnels de l'emphase : est-elle une figure stylistique, qui permet la saillance de l'énoncé ? Un outil argumentatif, au service des procédés de conviction ? Un simple ornement, dépourvu de tout rendement informatif ? Les hypothèses formulées gagneront à être confrontées à des problématiques diachroniques.
Les conditions de possibilité du paradoxe seront également interrogées : la copia et la brevitas ne sont-elles conciliables que sous la bannière de l'emphase ? Comment penser le lien entre la concision épigrammatique et l'épanchement du style ?

Table ronde : Claire Badiou-Monferran (Université Paris-Sorbonne), Delphine Denis (Université Paris-Sorbonne), Jean Lecointe (Université de Poitiers), Stéphane Macé (Université Stendhal-Grenoble III), Georges Molinié (Université Paris-Sorbonne), Cendrine Pagani-Naudet (Nice).

Les participants, invités à proposer aussi bien des études théoriques que des analyses sur corpus, seront amenés à réfléchir aux questions suivantes :

I. Écrire à la lumière des traités contemporains

Les études devront s'efforcer d'examiner les textes littéraires à la lumière de certaines entrées figurant dans les traités des poéticiens, rhétoriciens et « remarqueurs » de la période considérée. On réfléchira notamment à la manière dont les textes sont conditionnés par les traités normatifs et proscriptifs, lesquels fondaient déjà leur légitimité sur des exemples littéraires. La présence des textes théoriques permet d'établir sans conteste une conscience linguistique de l'emphase aux XVIe et XVIIe siècles, avec une terminologie complexe dont il convient d'étudier les variations dans une perspective diachronique.

II. L'appareillage syntaxique de l'emphase
On se penchera dans cette rubrique sur les constantes syntaxiques que l'on observe dans l'écriture de l'emphase. Dans cette perspective, quelles sont les structures privilégiées de l'efficacité textuelle ? De nouveau, on s'appliquera à confronter la stylistique de la phrase à paliers ou à ramifications, et les formes d'une syntaxe ramassée (tournures présentatives par exemple) ; il faudra questionner les cas qui pourraient éventuellement relever à la fois de l'amplification et du resserrement.
Le difficile établissement de la ponctuation dans les siècles qui nous occupent sera aussi un moyen de dessiner le visage de la phrase emphatique. Cette dernière, lorsqu'elle est trop elliptique ou au contraire trop verbeuse, risque de ne pas être comprise : c'est alors sa lisibilité qu'il faudra interroger.

III. L'emphase dans l'histoire littéraire
Enfin, on étudiera l'emphase à l'aune de catégories traditionnelles, mais néanmoins problématiques, pour évaluer les laboratoires d'expérimentation privilégiés de cette notion. Ce sera l'occasion de reprendre à nouveaux frais les grands courants de l'esthétique (baroque, maniérisme, préciosité…) et la caractérisation des genres littéraires.
Par ailleurs, l'écriture de la pointe, déjà théorisée par un Gracián ou un Tesauro, ne manquera pas d'être réinvestie, tant du point de vue du mot d'esprit, toujours bref, que de sa contextualisation, toujours massive.


Les propositions de communication doivent être envoyées avant le 15 novembre 2008 à l'adresse suivante : colloqueemphase@yahoo.fr. Elles devront comporter un titre définitif et un résumé n'excédant pas une page. Les participants devront également envoyer une brève présentation d'eux-mêmes et de leurs recherches, ainsi que leurs coordonnées complètes.
Après examen des propositions par le comité scientifique, une réponse sera donnée courant décembre 2008.
La journée d'étude aura lieu le 28 mars 2009 à l'Université Paris-Sorbonne, 75005 Paris. Le déjeuner sera pris en charge.

Avec le soutien de l'École Doctorale V « Concepts et langages » (Paris-Sorbonne)et de l'EA "Sens, texte, histoire"