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Appels à contributions
L'émotion de l'espace privé à l'espace public

L'émotion de l'espace privé à l'espace public

Publié le par Julia Peslier (Source : Claire BLANDIN)

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Colloque international

L'Emotion.

De l'espace prive à l'espace public

XIXe-XXIe siecles


Paris,11-13 avril 2012

Appel à contribution

Date limite deréception des propositions : 30 juin 2011

Présentation :

La valorisation de l'émotion dansla société d'aujourd'hui, l'importance qu'elle a prise dans l'espace public,son identification récurrente à l'indignation, son reflux de pans entiers duchamp artistique – son domaine traditionnel d'expression – interrogentl'historien du culturel.

Les travaux récents et abondantsdes historiens, notamment médiévistes, en matière d'histoire des émotionstémoignent du dynamisme de l'historiographie en la matière et du renouvellementou de l'affinement des questionnements méthodologiques (Barbara Rosenwein etUte Frevert). Que les deux premiers numéros de la jeune revue Ecrire l'histoireaient été consacrés à l'émotion n'est pas non plus tout à fait sanssignification, les auteurs invoquant du reste et l'actualité et la « diffusiond'une sentimentalité victimaire qui poisse notre rapport au passé ». Cetengouement, qui reprend à son compte nombre d'interrogations classiques enhistoire, a été présenté avec une certaine ironie comme un « emotional turn »(Arnaud Fossier).

Ironie qui a poussé Piroska Nagy et Damien Boquet àpréciser qu'ils cherchaient surtout à restituer sa part sensible à l'histoireet qu'ils avaient l'ambition de proposer un nouveau paradigme de la cognitionqui soit désormais pris en compte dans le champ historique. Avant eux, William Reddyavait montré déjà, à travers l'exemple de la Révolution française, de quellemanière les régimes politiques sont prescripteurs de la vie émotionnelle et deson expression.

Par ailleurs, l'ensemble desrecherches récentes conteste l'opposition, ancrée dans la culture occidentale,entre émotion et raison, et une conception « hydraulique » des émotions,suivant laquelle les émotions, tel un liquide sous pression, doivent êtrecontenues grâce à la raison. Une conception illustrée en particulier par NorbertElias, dont la thèse du processus de civilisation est critiquée, qui feraitévoluer progressivement la civilisation occidentale d'un état affectif,infantile, à un état de raison, un âge adulte où les émotions sont contrôléeset réfrénées.

Cette double critique conduit àconsidérer, dans la lignée des théories de la psychologie cognitive et de lasociologie constructiviste, les émotions comme des réactions liées àl'évaluation d'une situation vécue et se traduisant par des manifestationsphysiques passagères.

Cette perspective met l'accent sur la dimensionsocialement construite des émotions, dépendant de pratiques et dereprésentations culturelles et insiste sur la réciprocité qui caractérise lacirculation des émotions entre l'individu et le monde.

La saisie des émotionsindividuelles demeure un front pionnier, ouvert au défrichement mais encorelargement inexploré. Elle pose une série de questions : comment distinguer lesémotions d'autres manifestations sensibles telles que l'inclination, mouvementprovoqué par une tendance interne, ou le sentiment, qui relève d'un état, ouencore le penchant ? Vouloir faire l'histoire des émotions, est-ce s'en tenir àcelle des paroxysmes, à celle de scansions au caractère plus ou moins explosifou est-ce tâcher de saisir les émotions dans leur durée et leur profondeur,comme éléments structurants mais historiques des affects ? Cette démarche-cirenvoie aux travaux de Philippe Ariès et Michel Vovelle sur la mort, lescraintes que suscite celle-ci et les représentations du deuil, mais également àtout ou partie de l'historiographie de l'enfance, de la famille, de lamaternité, de l'amour et du flirt, de l'animal de compagnie, bref à tout ce quiregarde une intimité informée par le social.

Ce colloque s'inscrit dans le projetd'une histoire des sensibilités, ce vaste continent encore peu exploré par leshistoriens malgré les appels déjà anciens de Lucien Febvre et l'oeuvre d'AlainCorbin. Il prend pour objet les émotions comme des constructions sociales etculturelles. En prenant en compte les acquis de l'histoire des émotionspolitiques (William Reddy, Christophe Prochasson), il entend néanmoins s'endémarquer en élaborant une chronologie des manifestations et desreprésentations des émotions non directement politiques aux XIXe et XXesiècles. Il s'agit d'observer les flux et les reflux de l'émotion tels qu'ils s'exprimentet circulent de la sphère de l'intime (correspondance, littérature personnelle,etc.) à la sphère publique (manuels de savoir vivre, fictions, médias). Peut-ondégager un régime contemporain des émotions en relation notamment avec l'essordes médias ? Peut-on, plus précisément, repérer des variations chronologiquesdans l'appréciation des différentes émotions ? Quels seraient les apports deces instruments conceptuels forgés par d'autres que sont les notions decommunautés émotionnelles et de refuges émotionnels ? Comment les différentsdiscours normatifs rendent-ils compte, suscitent, mettent en forme, encadrentet utilisent les émotions ?

Les communications proposéesporteront sur tous les types d'émotion, à l'exception des émotions politiquescollectives. On pourra s'interroger sur :

§ Lescauses et les motifs de l'émotion

§ Lelangage de l'émotion : des modes d'expression individuels, intimes, physiques,verbaux à leurs transcriptions dans tous les domaines (livresque,cinématographique, musical, pictural, etc.)

§ Lesusages sociaux et les instrumentalisations des émotions (les sociabilités, lesinterdits, les tabous, les licences)

Comité scientifique

AnnetteBecker (Professeur, Université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense) ; AlainCorbin, (Professeur émérite, UniversitéParis 1 Panthéon-Sorbonne) ; Fabriced'Almeida (Professeur, IFP/Université Panthéon-Assas) ; ChristianDelporte (Professeur, Université de Versailles-St-Quentin en Yvelines) ; UteFrevert (Direktorin Max-Planck-Institut für Bildungsforschung,Berlin), Claude Millet (Professeur,Université Paris Diderot-Paris7), Pascal Ory (Professeur,Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), André Rauch (Professeur,Université de Strasbourg), WilliamReddy (Professor of History and Professor ofCultural Anthropology Duke University, Durham),Georges Vigarello, (Professeur àl'Université Paris V et directeur d'études à l'EHESS).

Organisateurs

- CHCSC(Université de Versailles-St-Quentin en Yvelines),

- HAR(Université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense)

- CARISM/InstitutFrançais de Presse (Université Panthéon-Assas)

- LaboratoireIdentités-Cultures-Territoires (Université Paris Diderot-Paris7)

- CRHEC(Université Paris-Est Créteil Val de Marne)

Comité d'organisation

Anne-Claude Ambroise-Rendu (Université deParis-Ouest-Nanterre-La Défense ; CHCSC Université de St Quentin en Yvelines) ;

Claire Blandin (UniversitéParis-Est Créteil Val de Marne) ;

Anne-Emmanuelle Demartini (UniversitéParis Diderot-Paris7) ;

Hélène Eck (IFP/UniversitéPanthéon-Assas) ;

Nicole Edelman (Université deParis-Ouest-Nanterre-La Défense).

Envoi despropositions

Lespropositions de communication (2000 signes maximum) doivent être adressées avantle 30 juin 2011, par courrier électronique, auxadresses suivantes : acambre@orange.fr;demartini@univ-paris-diderot.fr;

nicole.edelman@wanadoo.fr