Essai
Nouvelle parution
 L'Ecrivain le plus libre

L'Ecrivain le plus libre

Publié le par Baptiste Roux (Source : Service de presse Gallimard)

Cécile GUILBERT L'écrivain le plus libre, essai, Gallimard, collection L'Infini, 22 avril 2004 336 pages, 22,50 €

« Qui va là ? - Moi, je, Laurence Sterne... l'incomparable pasteur qui a envoyé sa soutane aux mites et s'est débaptisé dès qu'il a tâté de l'encrier... ainsi défroqué et renommé, recomposé à neuf dans mon corps verbal, vous pouvez bien m'appeler Tristram ou Yorick mais je vous le dis tout net : je préfère de beaucoup que vous m'appeliez l'auteur. Comme disait l'autre, je est un autre et j'en suis l'auteur. » Est-il possible de préméditer un best-seller ? D'être une star médiatique et d'avoir du génie ? Le succès repose-t-il toujours sur un malentendu ? Telles sont quelques-unes des questions posées par le destin emblématique de Laurence Sterne (1713-1768), pasteur anglais libertin, écrivain excentrique, inoubliable auteur de Vie et Opinions de Tristram Shandy et du Voyage sentimental admirés dès leur parution à travers toute l'Europe. Mais au-delà de cette incroyable « success-story » littéraire et des interprétations convenues depuis plus de deux siècles, L'écrivain le plus libre entend surtout mettre en lumière les véritables ressorts secrets du génie sternien : dynamitage ludique du roman familial, réactivation offensive des auteurs classiques, subversion jouissive du temps, invention de l'« auto-fiction vécue », satire sexuelle. Empruntant les voies successives du récit, de l'essai, de la biographie et de la fiction (notamment à travers un long dialogue drolatique de l'auteur avec le spectre de Sterne), ce livre montre pourquoi Sterne a pu être qualifié par Nietzsche d'« écrivain le plus libre de son temps », et prouve qu'on peut encore l'être. Cécile Guilbert est l'auteur de Saint-Simon ou l'encre de la subversion (1994), de Pour Guy Debord (1996), ainsi que d'un roman, Le Musée national (2000), tous publiés par Gallimard.