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L'écriture épique et ses modèles

L'écriture épique et ses modèles

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Aline Estèves)

Programme de la journée d'études

Affiche de la journée d'études

CRISES EA 4424

Tradition et innovation dans l'épopée latine, de l'Antiquité au Moyen Âge

 

Journée d'études

 

L'écriture épique

et ses modèles

 

5-6 octobre 2011

Université Montpellier III, salle B 308

Contacts : aline.esteves@univ-montp3.fr, jean.meyers@univ-montp3.fr

 

Programme


 

Mercredi 5 octobre

 

14H15-15H : Jean-Louis Charlet, « L'hexamètre épique de Juvencus à Pétrarque : coups de sonde »

 

15H-15H45 : Judith Rohman, « Écritures du héros épique : Énée romain, Énée achilléen et ses intermédiaires »

 

16H15-17H : Gilles Sauron, « D'Ulysse à Énée : le triomphe de l'épopée latine dans les décors romains »

 

17H-17H45 : Florence Klein, « L'écriture épique ovidienne face à « sa » tradition : représentation et mise à distance de la poétique de l'Énéide dans les Métamorphoses »

 

 

Jeudi 6 octobre

 

9H30-10H15 : Anne Videau, « Signification politique et éthique de la rémanence élégiaque dans les Métamorphoses d'Ovide »

 

10H15-11H : Jean-Baptiste RIOCREUX, « Manières épiques de fuir un champ de bataille ». Des approches structuralistes (A. Lord, The Singer of Tales, 1960) ont voulu établir un lien constitutif et indissoluble entre l'épopée et le héros : le héros est la matière de l'épopée et l'épopée, la façon de dire le héros. Les deux sont indissociables et parfaitement adéquats l'un à l'autre. Le héros existe pour l'épopée et l'épopée pour le héros. Sans faire de ce point de vue un dogme, il est possible de dire que le fonctionnement du genre épique avec ses codes requiert un type particulier de héros et qu'il y a un lien entre la constitution du genre littéraire et une certaine conception du type humain du héros. Un changement dans les mentalités et dans la conception du héros n'est donc pas sans conséquence sur le genre épique, lié dans sa naissance à une certaine idée de l'héroïsme : le fond et la forme étant intimement liés, qui touche l'un, touche l'autre. Les épopées historiques du Ier siècle après J-C (Lucain et Silius Italicus) illustrent ce phénomène. En effet, elles mettent en scène des héros historiques, c'est-à-dire des héros qui ne sont pas faits pour le médium épique, mais qui existent indépendamment de lui et chargés par l'histoire de caractéristiques (traits de caractère, décisions, actes) qui ne sont pas forcément conformes à la logique épique. Le cadre imposé par l'histoire peut aussi être mal approprié au genre, même si c'est un cadre guerrier : la guerre civile est une guerre, certes, mais impie ; quant à la guerre punique, son déroulement stratégique comporte des phases peu propices à l'héroïsme traditionnel, comme la campagne de Fabius consistant à refuser le combat. Le cadre historique incite donc les auteurs à faire de leurs protagonistes des héros dans un sens différent du modèle homérique ou virgilien. Il les incite à cela mais ne le leur impose pas, car l'histoire peut être sublimée. Mais outre le sujet, c'est aussi la mentalité et la volonté des auteurs qui promeuvent un héroïsme d'un type nouveau. Chez Lucain, ce type est marqué par le stoïcisme en vogue au premier siècle après J.-C., qui est évidemment étranger aux conceptions antérieures de l'héroïsme épique. Chez Silius Italicus, on trouve, avec la volonté de faire une épopée vraiment romaine, un éloignement de la mentalité indo-européenne d'une aristocratie guerrière de conquête, qui est sous-jacente au modèle homérique, au profit d'une « voie romaine » fondée sur une élite attachée à la terre et, partant, marqué par l'esprit de sobriété et, pour la guerre, par l'esprit de résistance défensive. Pour ces deux raisons, les contraintes de leur sujet et leur volonté propre, Lucain et Silius Italicus racontent les exploits de héros qui diffèrent de ceux pour lesquels a été crée le langage épique. Ainsi, le médium reste le même, le genre épique, mais le contenu qui commandait ce médium est infléchi. Avec quelles conséquences ? Je voudrais étudier la façon dont ces auteurs relèvent le défi de dire avec des mots épiques des actes qui ne sont pas ceux que réclame l'épopée. En particulier, j'étudierai le thème de la fuite du champ de bataille.

 

11H-11H45 : Georges DEVALLET, « Imitatio, retractatio, uariatio : la « Grande course » dans les jeux épiques, de l'Iliade aux épopées flaviennes » La comparaison chez les épiques latins jusqu'à l'époque flavienne et à partir du modèle homérique, du topos obligé qu'est l'épisode des jeux, conduit à la conclusion que la régate du livre V de l'Énéide est une uariatio virgilienne de la course de chars des autres épopées.

 

 

Résumé des communications

 

Jeudi 6 octobre, après-midi, salle B 308

 

14H-14H45 : Bruno BUREAU, « Écriture épique et lecture biblique dans le Carmen Paschale de Sédulius. Croisements de modèles ». En choisissant pour thème de son épopée un catalogue commenté des miracles divins présents dans la Bible Sédulius invite d'emblée à une réflexion sur le nécessaire croisement de modèles hétérogènes, l'épopée romaine traditionnelle et le récit biblique. A partir de l'examen de quelques passages précis, on étudiera les modalités de ce croisement, la manière dont les deux modèles s'interpénètrent, se complètent et/ou parfois se contredisent, pour évaluer l'étendue de la mutation du genre que suppose un tel projet.

 

14H45-15H30 : Francine MORA, « Interférences génériques dans l'épopée médiévale, d'Ermold et du Waltharius à l'Iliade de Joseph d'Exeter et à l'Alexandreis de Gautier de Châtillon ». Suivant en cela les poètes latins qu'ils prenaient pour modèles, les auteurs d'épopées médio-latines, du IXe au XIIe siècle, ont beaucoup joué sur l'interférence générique, notamment en combinant l'épopée à la tragédie et/ou à la satire. C'est très net au XIIe siècle dans les oeuvres de Joseph d'Exeter et de Gautier de Châtillon, qui s'inspirent de Stace mais aussi de Juvénal et de Lucain, en allant parfois (dans le cas de Joseph) jusqu'à revendiquer clairement ce mélange des genres. Mais c'est vrai aussi dès le IXe siècle, du moins en ce qui concerne la composante satirique, comme il ressort de l'analyse du poème d'Ermold en l'honneur de Louis le Pieux et du Waltharius, deux oeuvres à certains égards très dissemblables, mais unies par une même tonalité ludique. Intimement liée à la tragédie, et associée à une remarquable prolifération d'effets stylistiques, la satire est toutefois plus âpre au XIIe siècle et il conviendra de se demander pourquoi.

 

15H30-16H15 : Sandra PROVINI, « Imitation et innovation dans les longs poèmes héroïques néo-latins au temps des premières guerres d'Italie (1494-1514) ». Les premières années du XVIe siècle voient fleurir les longs poèmes narratifs néo-latins, qui relatent sur le mode héroïque les guerres menées par les rois de France Charles VIII et Louis XII en Italie. Pour narrer et célébrer la geste des princes, Fausto Andrelini dans le De Neapolitana Fornoviensique victoria (1496), Valerand de La Varanne dans le Carmen de expugnatione Genuensi (1507) et Antoine Forestier dans la Chilias heroica de […] Francorum regis Ludovici duodecimi in Venetos victoria (1509) montrent une véritable volonté d'imitation-émulation avec Virgile, dont l'Énéide représente le principal modèle d'épopée aux yeux des humanistes. Mais les trois auteurs, qui font leur la théorie de la contamination des modèles prônée par le professeur florentin Ange Politien, ne se contentent pas d'un modèle unique, aussi prestigieux soit-il, d'autant plus que l'epos virgilien n'est sans doute pas le plus adapté pour traiter « à chaud » d'événements immédiatement contemporains alors que l'épopée exige un certain recul et que la réserve habituelle au narrateur virgilien ne correspond pas à l'engagement patriotique de ces poètes de cour. D'où des aménagements à l'aide d'autres modèles, principalement la silve stacienne revisitée par les Italiens du Quattrocento et le panégyrique épique de Claudien. L'ambition des poètes néo-latins semble ainsi moins être de ressusciter l'épopée antique, que de retrouver un style héroïque digne des hauts faits de leurs contemporains, et de rivaliser dans ce domaine avec les grands poètes de l'Antiquité, comme les exploits des capitaines des guerres d'Italie surpassent ceux des héros épiques que ceux-ci avaient célébrés.

 

 

16h15-16h30 : conclusion

organisateurs du projet :


 

J. Meyers, Professeur de latin, UPV

A. Fraïsse, Professeur de latin, UPV

A. Estèves, MCF de latin, UPV

 

université paul-valéry

 

Accès :

 

Route de Mende, 34199 Montpellier cedex 5

tramway ligne 1 (bleue), arrêt St Eloi.

Plans : http://www.univ-montp3.fr/index.php

 

 

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