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L’écriture du visage du Moyen Âge à nos jours dans les littératures de langue française et anglaise : une « conciliation impossible » ?

L’écriture du visage du Moyen Âge à nos jours dans les littératures de langue française et anglaise : une « conciliation impossible » ?

Publié le par Natalie Maroun (Source : Gaspari)

 

 

Colloque organisé par le CRPHL

(Centre de Recherches Poétiques et Histoire Littéraire)

Université de Pau et des Pays de l’Adour

 

Jeudi 13 et vendredi 14 mars 2014

 

Il s’agira d’étudier le portrait littéraire et, plus généralement, l’écriture du visage telle que la définit Jean-Claude Morisot, c’est-à-dire de s’attacher au portrait se présentant comme « morceau choisi aisément détachable » (Philippe Hamon, Le personnel du roman) ou encore « pause-faciès, à la manière de Balzac » mais existant également sous la forme de notations éparses, bribes de visage ou « saupoudrage » (Jean-Claude Morisot, « L’écriture du visage », Littératures, 21-22, 2000). Comment créer un effet de présence en décrivant de façon linéaire et successive un visage doté de volume, de relief, de mouvement ? À la différence des arts plastiques, ce mode de représentation articule une alliance complexe entre deux éléments hétérogènes, l’écrit et le visuel, le langage visant un « faire visage » (P. Bonnefis, D. Djidzek-Lyotard, P. Wald Lawoski (éds), Faire visage) qui relève souvent de ce qu’on pourrait appeler un « faire image ».

Tout en considérant le portrait comme un des beaux lieux de la littérature où se trouvent célébrés la magie de la création d’un personnage et l’avènement de sa présence, l’objectif de ce colloque est d’étudier l’écriture du visage comme « la formule d’une conciliation impossible », expression empruntée à Jean-Claude Morisot. Figure imposée à laquelle bien des écrivains se confrontent mais aussi qu’ils refusent ou esquivent, cette mise en texte impose de réfléchir aux tensions entre le verbe et la chair, le langage et l’image, d’interroger les modalités de la représentation et de la mimésis, parfois mises en abyme dans des œuvres présentant des personnages de sculpteurs, peintres, dessinateurs, voire d’écrivains, engagés dans la création de visages.

Dans De l’autre côté du miroir de Lewis Carroll, un personnage rencontré par Alice dessine un autre visage pour la petite fille. Avec ses yeux situés du même côté et sa bouche au milieu du front, cette construction imaginaire à la symétrie brisée a pour but de conférer à l’enfant une originalité la rendant unique, bien moins commune qu’elle ne pouvait l’être avec son visage harmonieux. Ainsi que l’a affirmé Alice en préambule à ce dialogue, c’est à son visage que l’on reconnaît un être : ce jeu sur les formes est aussi un jeu sur l’identité, la représentation entraînant ici distorsions et métamorphoses au sein d’une recréation fantaisiste s’apparentant à une déconstruction.

En effet, le visage, objet littéraire disséminé le long de la ligne d’écriture, semble se constituer dans une oscillation perpétuelle entre construction et déconstruction, dans un langage qui, dans le même temps, le fait et le défait, le figure et le défigure, comme nous chercherons à le montrer. Traits et contours, formes et reliefs s’élaborent dans le tracé de l’écriture selon des procédés d’empilement, de reprise et d’expansion, dessinent un visage-mosaïque construit sur des pleins et des vides, des assemblages et des juxtapositions, tour à tour fixé et éparpillé dans le recours à la typologie, la caricature, ou fragmenté sous les effets d’une perception qui le fétichise et l’érotise, joue sur les détails et les gros plans. Ce sont là les procédés, parmi d’autres, qu’il est proposé d’analyser.

 

Les propositions de communication (environ 200 mots) sont à envoyer pour le 1 septembre 2013 à l’adresse suivante : fabienne.gaspari@univ-pau.fr

 Les interventions se feront uniquement en français.