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L'école et le(s) savoir(s) : la question du sens

L'école et le(s) savoir(s) : la question du sens

L'Unité de recherche Ecole et littérature organise un colloque international : L'ECOLE ET LE(S) SAVOIR(S) : LA QUESTION DU SENS


Le rapport de l'école aux savoirs ne semble pas, a priori, problématique, tant est familière l'idée que l'école est le temple de la connaissance, de toutes les connaissances que l'esprit humain produit. Il semble bien qu'on n'en soit plus là, depuis qu'on n'apprend plus simplement pour apprendre, depuis que l'apprentissage n'a plus sa légitimité en lui-même. L'école entre en crise, le savoir éclate en petits morceaux, les filières se multiplient, les experts et les hommes d'affaires siègent dans les conseils d'établissement et les réformes se succèdent. La dernière en date, qui se prépare à l'échelle mondiale, le fameux LMD, porte plus que jamais la marque de l'économisme, et l'idée de souplesse ou de mobilité qui le fonde n'est que l'interface de la "flexibilité" qui s'installe dans le monde du travail, le revers des besoins aléatoires du marché, que plus aucune politique ne semble pouvoir contrôler.
La question qui se pose est alors celle du statut et de la fonction du savoir dans la société d'aujourd'hui ; celle, à l'échelle de l'école, du sens des apprentissages et de leurs finalités : "Mais à quoi cela sert-il d'apprendre ? Quels sont les enjeux fondamentaux d'une éducation nationale ? Le monde des Lumières, ou celui de la Production-consommation ? La Vérité, ou la Performativité ? La Citoyenneté, ou la Technicité ?" De la réponse à ces interrogations dépend le modèle social qu'on veut se forger : la question est au fond celle des Idéaux, des Valeurs.
Mais cette question est forcément double. D'abord, comment faire pour libérer l'école de ce carcan de "l'employabilité" - terme bizarre imposé depuis quelque temps par la société du marché, comment préserver l'idéal humaniste d'une formation qui vaut déjà pour elle-même et par elle-même, d'une acquisition de savoirs valorisants en eux-mêmes ? Peut-on renoncer facilement à l'idée de "capital culturel", de "biens symboliques" ?
Il ne s'agit pas non plus de verser dans un idéalisme naïf, qui ignore les problèmes du temps présent, exacerbés par la mondialisation. Mais la "redistribution sociale du travail" qui fait qu'on ait par exemple moins besoin de profs de lettres ou de philosophie aujourd'hui, ne signifie pas qu'on a moins besoin de littérature ou de philosophie. Un agent technique ou un employé de bureau qui connaisse Voltaire ou Diderot, Sartre ou Camus, a bien plus de chance dans la vie que ses collègues qui, faute d'être imprégnés de littérature ou de philosophie, n'ont pas une vision globale de l'homme et du monde, ne peuvent guère les penser.
C'est cette chance-là qu'il faut défendre. Encore faut-il qu'on la souhaite. C'est ici précisément que se situe le deuxième problème : comment faire pour que cette formation pour la formation soit quand même significative pour celui qui la reçoit, ait en elle-même un sens ? Question difficile mais cruciale, et c'est sans doute pour l'avoir escamotée que le modèle humaniste classique a échoué. C'est donc ce défi du sens que l'école doit relever, - mais à condition de ne pas troquer l'idéal de l'"homme total" contre l'"homo oeconomicus", de ne pas sacrifier la logique du savoir à celle inquiétante, du pouvoir.

COMITE SCIENTIFIQUE : Amor SEOUD, Guy LARROUX (Faculté des lettres de Sousse), Samir MARZOUKI, Mohamed KHLIFI (Faculté des lettres de la Manouba, Tunis), Mohamed MILED(Institut des langues vivantes de Tunis), Karl CANVAT(IUFM de Metz-Nancy), Nathalie AUGER (Université Paul Valéry, MontpellierIII), Luc COLLES (Université de Louvain-la-Neuve), Georges LEGROS (faculté des lettres de Namur), Paul ARON (Université Libre de Bruxelles), Christophe RONVEAUX (Université de Genève)


Le colloque aura lieu les 8-9-10 février 2007 à la Faculté des lettres et des sciences humaines de Sousse. Les collègues qui souhaitent y participer sont prier d'envoyer leur projet de contribution avant le 15 septembre 2006 à l'adresse suivante : amorseoud@yahoo.fr
NB : Pour des raisons techniques, il est indispensable de présenter le texte du projet (une page maximum) en fichier attaché (format Rtf).