Essai
Nouvelle parution
L. Brown, Beckett, les fictions brèves : Voir et dire

L. Brown, Beckett, les fictions brèves : Voir et dire

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Llewellyn BROWN)

LlewellynBrown : Beckett, lesfictions brèves : Voir et dire.–

Caen: Lettres modernes Minard, coll. « Bibliothèque des lettresmodernes », n° 46, 2008, 235 p.

  • ISBN 978-2-256-91139-2
  • 30€

Présentation de l'éditeur:

Dans lesfictions brèves de Samuel Beckett, lumière et obscurité alternent etdéterminent l'expérience des personnages. Tandis que ces derniers se trouventsouvent condamnés à l'obscurité, ce qu'ils parviennent à voir prend la formed'une image lisse et stéréotypée, voire inhumaine et mortifiée.

Ce partagepeut se comprendre comme une conséquence du trait qui structure ces textes surle plan de l'écriture : une dissociation entre les dimensions de voir et direqui se décline suivant les deuxpropositions suivantes :

– d'un énoncéachevé, dont la ponctuation finale vient confirmer le sens, on affirme voir ce qu'il veut dire ;

– d'une phrasequi ne parvient pas à l'achèvement, qui est pur dire, on déclare qu'elle est obscure : on ne voit pas cequ'elle signifie.

Une démarcheorientée par le principe de vraisemblance nouerait ces propositionsantithétiques ensemble au moyen d'une dialectique. Mais l'écriture fictionnellede Beckett suit le chemin inverse, en consacrant leur divorce.

Toutefois,l'impossibilité de réconcilier ces deux registres témoigne de la fonctionqu'ils conservent : celle de pallier la présence agissante d'un Vide innommable. L'oeuvre de création, chez Beckett, estchargée de donner forme à cette dimension d'impossible, à la rendre enfinvisible comme ce que l'auteur nomme l'« objet pur ».

English

In Samuel Beckett's short fictions,light and darkness alternate and determine the characters' experience. Whilethe latter are often condemned to darkness, the visions they see take the formof smooth and stereotyped images, or sometimes inhuman and mortified ones.

This divide can be understood as aconsequence of the trait that structures the writing of these texts: adissociation between the dimensions of seeing and saying, which can be analysed in terms of the twofollowing antithetical propositions:

– an utterance whose meaning isconfirmed by its final punctuation, allows us to see what it means;

– a sentence that fails to conclude,that is pure saying, is considered obscure: we do not see what it signifies.

An approach oriented by the principleof verisimilitude would bind these propositions together by means of adialectical movement. However Beckett's fictional writing follows the oppositepath, consecrating their divorce.

The impossibility of reconcilingthese two registers nonetheless bears witness to the function they continue toaccomplish: that of veiling the active presence of an unnameable Void. Beckett's work of creation givesform to this dimension of the impossible, making it visible in the guise ofwhat the author calls the “pure object”.

SOMMAIRE

INTRODUCTION :ÉNIGME ET RÉCIT

I. STRUCTURE DE L'ÉCRITURE

1. Un lieu non localisé

2. La scission

3. Image et énonciation

II. ÉNONCIATION

1. L'énonciateur en défaut d'identité

2. La voix

3. L'impératif de dire et l'impossible

4. Monologue

5. Équivoque et métonymie

6. Recherche de la fin

III. IMAGE

1. Un univers fondé et vraisemblable

2. Objectivité

3. L'image et la chute

4. De la pureté grammaticale et géométrique à son échec

5. Matérialité de l'écriture

6. La tête et le corps

7. L'image fantomatique : entre image et énonciation

IV. L'OBJET PUR

1. Retournement de l'image pure

2. Visible et invisible : Mal vu mal dit

3. L'objet pur

4. Un dispositif de suppléance : «Horn venait »

5. L'image intérieure comme visibilité pure : « Se voir »

6. Inscrire la subjectivité : « La Falaise »

7. Regard et énonciation : Le Dépeupleur

CONCLUSION

Bibliographie

Index