Collectif
Nouvelle parution
L. Bodiou et V. Mehl, Rouge sang - Crimes et sentiments en Grèce et à Rome

L. Bodiou et V. Mehl, Rouge sang - Crimes et sentiments en Grèce et à Rome

Publié le par Nicolas Geneix

Lydie Bodiou et Véronique Mehl, Rouge sang - Crimes et sentiments en Grèce et à Rome

Précédé d'un entretien avec Françoise Héritier.

Paris : Les Belles Lettres, 2015.

358 p.

EAN

15,00 EUR

Présentation de l'éditeur :

L'imaginaire collectif contemporain perçoit l’Antiquité comme sanguinaire. Sur scène, dans l’arène, sur le champ de bataille ou dans les sanctuaires, le sang coule. Porteur de vie et de mort, il est autant souillure qu’élixir, il a quelque chose de mystérieux ; il coagule ou non, il pervertit ou soigne. Le sang, c’est celui que l’on transmet à ses fils, celui des liens familiaux qui déterminent l’appartenance à une lignée ou l’exclusion, c’est aussi le grand baromètre de la vie, celui des saisons du corps féminin ou qui sourd de la blessure du guerrier, l’un donne la vie, l’autre la reprend.
Ambivalent, impur et vital, mortifère et magique, le sang recèle tous les fantasmes et toutes les peurs de l’Antiquité. Mais la fascination et la répulsion qu’il exerce sur les Anciens nous sont-elles si étrangères ?

Sommaire :

Entretien avec Françoise Héritier
Cartes

I. Voir rouge
Le sang au quotidien
Le champ d'horreur
Quand le sang fait spectacle
La vie en rouge

II. Le sang fait corps
Lectures physiologiques
Le sang comme élément classificatoire
Quand le sang dit la maladie
Soigner par le sang
Le bouleversement des humeurs
La couleur des sentiments
Coup de sang
Pâlir, blêmir…

III. Communauté de sang
Les liens du sang
De sang et de sperme
Faire communauté
Souder la communauté
La communauté en sang
Les pouvoirs du sang
Magie, sortilèges et mauvais présages
Communiquer avec le sang
Laver le sang impur
La naissance des fleurs
Du sang, de la peine, de la sueur et des larmes
Le modèle héroïque
Verser son sang pour sa patrie
À corps ouverts
Dommages collatéraux

IV. Les grands sanguinaires
Les dieux ont soif
La folie meurtrière
Femmes fatales
Cet autre si cruel
Le sang du pouvoir

Les auteurs du « Signet »
Pour aller plus loin
Sources
Suggestions bibliographiques
Index des auteurs et des œuvres

Lydie Bodiou est maître de conférences d’histoire ancienne à l’université de Poitiers. Véronique Mehl est maître de conférences d’histoire grecque à l’université Bretagne Sud. Elles travaillent ensemble sur l’histoire du corps, des sensibilités et de la perception. Elles ont déjà co-dirigé Odeurs antiques (2011) ; La religion des femmes en pays grec. Mythes, cultes et société (2008) et avec Myriam Soria, Corps outragés, corps saccagés de l’Antiquité au Moyen Âge (2011).

Extraits :

[Page 37, in LA VIE EN ROUGE]

Durant toute l'Antiquité, la rousseur fascine. Rare, elle signifie souvent l’altérité. Couleur du feu, elle est celle de nombreux héros, car synonyme de force. Mais elle est crainte aussi car révélatrice du caractère sanguin des roux.

REFLETS ROUGEOYANTS

Les lions assurément sont fiers de leur poil épais, mais au combat ils sont défendus par leur crinière ; de leur côté les sangliers aussi ont l’air imposant avec leurs longues soies. Quand leurs poils se hérissent, les chasseurs ont peur : « Les brebis laineuses sont alourdies par leur toison (1) »  Parmi les différents peuples, les Celtes et les Scythes portent les cheveux longs, mais ne les soignent pas. L’abondante chevelure de ces barbares a quelque chose d’effrayant ; leur couleur rousse est une menace de guerre ; cette couleur a quelque chose de commun avec le sang.


Clément d'Alexandrie, Le Pédagogue, II, 24, 1-2

Il y a derrière le Lycée le tombeau de Nisos ; il mourut de la main de Minos, quand il était roi de Mégare, et les Athéniens le ramenèrent pour l’enterrer en ce lieu. À propos de Nisos, on raconte qu’il avait les cheveux rouges et qu’il devait mourir quand on les lui couperait. Quand les Crétois vinrent sur le continent, ils prirent au premier assaut toutes les villes de Mégaride ; mais seule fut assiégée Nisa, où Nisos s’était réfugié. Mais alors, dit-on, la fille de Nisos s’était éprise de Minos et elle coupa les cheveux de son père.
Pausanias, Description de la Grèce, I, 19, 4

(1). Hésiode, Les Travaux et les Jours, 234.