Agenda
Événements & colloques
L'Atelier du XIXe siècle (séminaire de la SERD) : Ethos, postures, scénographies

L'Atelier du XIXe siècle (séminaire de la SERD) : Ethos, postures, scénographies

Publié le par Marc Escola (Source : Aude Jeannerod)

L'Atelier du XIXe siècle : Ethos, postures, scénographies

Samedi 24 novembre 2012, 10h-13h

 

- Dominique Maingueneau (Paris XII) : « L’ethos, un articulateur »

Après avoir rappelé l’instabilité foncière de la notion d’ethos, voire d’ethos discursif, et rappelé quelques caractéristiques essentielles de sa propre conception, Dominique Maingueneau évoquera quelques difficultés soulevées par son application au discours littéraire. Pour ce faire il s’appuiera sur des exemples tirés d’époques et de genres différents. Ce rapide survol incite à plaider en faveur d’une théorie de l’ethos qui soit modulable en fonction des corpus concernés.

 

- Jérôme Meizoz (Lausanne) : « Positionnement et singularisation : l’auteur comme posture »

Jérôme Meizoz présentera une recherche menée ces dernières années en vue d'une sociopoétique de l'auteur. Une genèse de ce travail sera faite sur les phénomènes posturaux et leurs répertoires historiques. À partir de deux exemples principaux, J.-J. Rousseau et L.-F. Céline, il insistera sur le point de vue interactionniste sous-jacent à cette réflexion. Un document sera distribué avec les citations principales et la bibliographie de l’exposé.

 

- José-Luis Diaz (Paris VII) : « Variations sur une scénographie : ethos ironiques et postures préfacielles (1830-1833) »

José-Luis Diaz se propose de travailler surtout sur une préface de style « Jeune-France », la Préface des Roueries de Trialph notre contemporain avant son suicide, de Charles Lassailly (1833), pour voir comment s’y joue une scénographie à la fois ironique et désenchantée de l’après 1830. Comme tous ses pareils, ce jeune écrivain y adopte une « posture », visible de loin, qui comporte des traits communs avec deux des méta-scénographies alors existantes, mais qu’il s’emploie à singulariser au maximum. Il le fait en investissant avec jubilation un genre discursif jouissant alors de tout son prestige : la préface. Car, du fait de sa force pragmatique, c’est là un espace paratextuel stratégique que ne manquent pas d’investir tous ces jeunes écrivains qui, après 1830, veulent entrer dans le champ (de visibilité) littéraire et s’y faire remarquer. Cela avec, en gros, les mêmes arguments – et les mêmes « poses » : jeunesse affichée, prise de distance par rapport aux écrivains consacrés et aux modes littéraires ambiantes, propos provocateurs, dévaluation de soi, rapport ironique aux « juges » qui les attendent, mais aussi affirmation de soi à La Corrège (Anch’io son pittore !), etc. Ce qui se traduit sur le plan discursif par l’adoption de protocoles d’énonciation et de manières stylistiques spéciales, faisant signature, et en déclinant donc des ethè différents mais aux ressources semblables.

Il convient donc d’avoir quelques autres préfaces de même acabit en vue pour établir les comparaisons qui s’imposent, et qui seules permettent de décider dans quelle mesure il y a scénographie à usage collectif malgré la singularisation outrancière. Les préfaces de Borel (Rhapsodies, 1832), de Philothée O’Neddy (Feu et Flamme, 1833), mais aussi celles de Gautier (Albertus, 1832 ; Les Jeunes-France, 1833) ou encore celles de Musset (Contes d’Espagne et d’Italie, 1830 ; « Dédicace » de La Coupe et les Lèvres, 1832) pourront fournir cet arrière-fonds.

Cet exposé s’inscrit dans une tentative plus large d’explorer en leurs diverses espèces rivales scénographies et ethè des ironistes de l’époque romantique (Musset, Gautier, Janin, Balzac, les Jeune-France, le Petit Journal…), pris dans le chronotope étroit des années 1830-1835, où il s’agit pour chacun d’exister dans un champ de visibilité vite saturé, au moyen de happenings spirituels, dont les préfaces et l’écriture de presse sont les terrains d’élection, en vertu de leur capacité à mettre en branle un « agir communicationnel ». Ce que J.-L. Diaz a déjà fait pour les Jeunes-France pris en général, pour le Balzac « phosphorique » de l’après 1830, pour le dandysme littéraire de l’après 1830, et plus récemment pour le Musset des Comédies et proverbes.

 

- Élise Sorel (Paris IV) : « Scénographie auctoriale et “prêts à écrire” : le “making of myself” du dandy par un certain modèle d’écriture ? »

S’intéressant à l’articulation entre posture et écriture, Élise Sorel interrogera l'existence de « prêts à écrire » impliqués par la représentation de certaines postures d'écrivain. Elle prendra pour exemple l'ethos de l'écrivain dandy (les premiers Memoranda de Barbey d’Aurevilly et les Journaux intimes de Baudelaire), en se demandant plus particulièrement si celui-ci peut ou non déterminer certains traits stylistiques – rhétoriques et grammaticaux.