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L’art du récit à la cour de Bourgogne: l’activité de Jean de Wavrin et de son atelier

L’art du récit à la cour de Bourgogne: l’activité de Jean de Wavrin et de son atelier

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Matthieu Marchal)

L’art du récit à la cour de Bourgogne:

l’activité de Jean de Wavrin et de son atelier

24-25 octobre 2013 - Dunkerque

Ces rencontres internationales viseront à mettre à l’honneur le véritable foyer littéraire et artistique dont Jean, bâtard de Wavrin (ca 1395-1475), homme d’armes et de lettres, fut le maître d’oeuvre. Dès l’année 1446, Jean de Wavrin, qui fut au cours de sa vie capitaine et diplomate au service de Philippe le Bon, entreprit la rédaction de son Recueil des cronicques et anchiennes istoires de la Grant Bretaigne, a present nommé Engleterre, oeuvre historique inédite vouée à ce royaume dont les ducs de Bourgogne se firent, pour un temps, les alliés. Mais, plus encore, c’est au sein de l’atelier de Jean de Wavrin, établi à Lille, que fut composée aux alentours de 1460 une collection homogène de romans de chevalerie en prose, agrémentés de plus de 600 miniatures que l’on doit au Maître de Wavrin, et dont la moitié furent réalisés pour la bibliothèque du noble bâtard. Or, de même que les Chroniques d’Angleterre n’ont pas reçu encore toute l’attention qu’elles méritent, aucune étude comparative d’envergure n’a été menée sur le corpus des proses issues de l’atelier Wavrin.

Conçues dans une perspective interdisciplinaire, aux confins de la philologie, de l’histoire et de l’histoire de l’art, ces rencontres se voudraient dès lors un espace de réflexion sur la vaste production littéraire et artistique élaborée sous l’impulsion de ce seigneur lettré, à laquelle aucun colloque scientifique n’a été consacré jusqu’à ce jour. Ainsi devraient-elles éclairer d’un jour nouveau la conception de l’art du récit à la cour de Bourgogne, tout en soulignant le rôle décisif que jouèrent à cet égard les contacts interculturels noués, dans les pays du Nord, entre l’État bourguignon et les royaumes voisins de France et d’Angleterre. Elles s’articuleront autour de trois axes transversaux, qui permettront d’appréhender dans ses multiples aspects cette esthétique littéraire située à la frontière des genres et des cultures.

 

Axe 1 : Aspects historiques et culturels

Il conviendra en premier lieu d’envisager les échos de la politique et de la culture de cour des ducs de Bourgogne dans les écrits de Jean de Wavrin. On s’interrogera ainsi sur la spécificité des Chroniques d’Angleterre dans la production historique contemporaine et sur la manière dont Jean de Wavrin appréhende les événements historiques en relation avec les États bourguignons. Dans cette perspective, on souhaiterait aborder plus particulièrement la manière dont les Chroniques d’Angleterre et les textes rassemblés dans la bibliothèque du noble Bâtard ou produits dans son atelier reflètent la vie à la cour de Philippe le Bon (la fondation de l’ordre de la Toison d’Or, les projets de Croisade). Alors que la cour de Bourgogne se charge des couleurs de la littérature par des célébrations publiques qui remettent au goût du jour l’élément chevaleresque et la courtoisie, les récits historiques et les histoires légendaires prennent soin de redorer le blason de la noblesse féodale par la glorification des prouesses guerrières. Il s’agira ainsi de souligner l’attention portée à la géographie régionale, à la glorification de certaines familles du Nord ou à la représentation détaillée des coutumes propres à la cour de Bourgogne (réunions chevaleresques, fêtes mondaines, etc.), ce qui permettra d’envisager l’identité de l’actuelle région du Nord à travers ses représentations littéraires.

 

Axe 2 : Aspects littéraires et linguistiques

On voudrait par ailleurs mettre en avant la grande homogénéité de la collection de romans produits ou copiés dans l’officine de Wavrin. Pour cela, il conviendra de mener des analyses comparées sur les sources réelles ou fantaisistes évoquées par le(s) auteur(s), sur les personnages, lieux, scènes typiques, sujets ou motifs communs à l’ensemble de la production de la fabrique. Il serait ainsi très intéressant de déterminer s’il existe dans l’atelier un maître d’oeuvre qui impose un style conventionnel aux professionnels de l’écriture (auteurs, remanieurs, scribes). On pourrait pour cela mener des études sur tout ou partie du corpus des proses issues de l’officine afin de dégager certaines similitudes stylistiques et linguistiques spécifiques d’une « langue d’atelier ». Ces analyses pourront être complétées par des études littéraires ou philologiques portant plus précisément sur l’un des textes conçus ou copiés dans le scriptorium de Wavrin, ou en envisageant la réception des manuscrits par le biais de versions étrangères, ou d’avatars tardifs (imprimés, Bibliothèque bleue, adaptations musicales, etc.).

 

Axe 3 : Aspects matériels et iconographiques

L’atelier du Maître de Wavrin apparaît comme un lieu où s’invente un nouvel « objet-livre » qui se distingue de la production contemporaine grâce à une présentation spécifique : les manuscrits, copiés exclusivement sur papier entre 1450 et 1470, se caractérisent par un programme iconographique ambitieux et original, puisque la plupart des romans sont divisés en chapitres, précédés par des rubriques et des aquarelles du Maître qui complètent et dédoublent le récit. On se penchera dès lors sur le rapport entre texte et image dans les manuscrits de la collection puisqu’il semble qu’ils aient été produits en vue de leur illustration et qu’ils soient issus d’un travail collaboratif dans un même lieu entre le(s) auteur(s), le(s) scribe(s) et le célèbre miniaturiste. On envisagera ainsi l’aspect matériel des manuscrits (reliures, papier, composition des cahiers, etc.) et on s’interrogera, en lien avec ces analyses, sur le rôle de l’image, notamment dans le développement de la lecture privée. Ceci nous portera à caractériser l’univers pictural du Maître de Wavrin, reflet singulier de l’idéal chevaleresque prôné dans les textes et de l’esthétique qui s’épanouit alors dans les pays du Nord.

 

Les propositions de communication accompagnées d’un argumentaire de cinq lignes et d’un bref curriculum vitae sont à envoyer avant le 15 août 2012 à Jean Devaux et Matthieu Marchal.