Figures de l'art n° 12 : "L'art de l'éphémère"
PROBLEMATIQUE
L'un des plus grands événements du dernier siècle est le basculement de l'Occident dans une culture de l'éphémère, qui semblait la panacée de l'Orient. Il s'agit d'une révolution silencieuse, sans doute bien plus profonde et décisive que la révolution léniniste ou maoïste. Cette transformation est empreinte de toutes sortes de confusions et de perspectives hétérotopiques. En quelques décennies, les Gobseck thésauriseurs de Balzac ont cédé la place aux fils prodigues de Fitzgerald ou aux flux d'un marché capitaliste, que Deleuze et Guattari désignent comme "schizophrénique", et les bâtisses en pierres éternelles de nos villes glorieuses à des tours de verre aux couleurs du temps. Ce nouveau régime d'"images-flux" favorise un goût pour le passage, l'évanescent, le presque rien, l'urgent, le périssable, le jetable, ou le transparent, qui transforme insensiblement le sujet cartésien, marchant avec assurance et certitude dans un monde qu'il ordonne selon l'ordre de ses idées claires et distinctes, en un nouvel "homo bulla et viator" : un "homo éphémèrus et touristicus".
Est-ce à dire que le monde occidental a quitté ses vieilles amarres, solidement fixées dans l'empyrée platonico-chrétien, pour suivre la voie du Tao ; concilier la sagesse du kairos à celle du zhuangzi (François Jullien) ou du satori (Roland Barthes), et danser sur le vide originel avec la profonde légèreté d'un Zarathoustra, ou bien qu'il sombre dans un nihilisme (succès du pessimisme de Schopenhauer auprès de très nombreux écrivains comme Houellebecq ou Easton Ellis) privé de futur? Le dilemme est plus complexe.
Christine Buci-Glucksman, dans l'Esthétique de l'éphémère (Galilée, 2003) propose une distinction heuristique entre deux types d'éphémères :
- l'éphémère mélancolique, qui ne parvient pas à faire le deuil de son désir d'éternité. Cet éphémère ne goûterait le sensible présent que toujours déjà gâché par les moirures de l'intelligible éternel.
- l'éphémère affirmatif, qui accueille avec une joie tragique les vibrations suspensives du temps qui résonnent dans l'entre-temps (Deleuze) de l'instant. Cet éphémère serait capable de transfigurer les "images-flux" du marché en des formes artistiques pleines d'humour, de sensualité, et d'une profonde légèreté.
Des Nymphéas indécises de Monet aux nymphes virtuelles de Pipilotti Rist, en passant par l'art de respirer selon Duchamp, les happenings de Kaprow, les performances de Journiac, les chambres à nuages de Chris Drury, les pétales de Paul-Armand Gette, les lumières de Turrel, etc. on peut repèrer un vaste courant d'art, qui souligne les enjeux hétérotopiques de l'éphémère. C'est ce nouvel art de l'éphémère, que ce numéro XII de Figures de l'art se propose d'analyser.
Le numéro 12 de Figures de l'Art paraîtra en Novembre 2006.
PROPOSITION D'ARTICLE
Proposition : un titre précisé par 1 page. Elle sera accompagnée d'un curriculum vitae succinct indiquant le lieu d'activité et les 3 dernières publications et adressée par courrier électronique à Bernard Lafargue avant le 6 février 2006
L'article : (15 pages, soit environ 25000 signes) est adressé à Bernard Lafargue avant le 30 avril. Il est ensuite soumis au comité de lecture de Figures de l'art qui vous fera part de sa décision.
Bernard Lafargue
UFR Sica
Domaine Universitaire
Université Michel de Montaigne-Bordeaux III
33607 Pessac
FRANCE.
Tél : 05 57 12 44 57(58)
Pour plus de précisions vous pouvez aussi joindre Bernard Lafargue au 06 62 87 08 40.
Le texte définitif : accompagné d'un résumé (8 lignes maximum) en français, doit être envoyé par courrier électronique (4 illustrations maximum au format JPG) le 30 mai au plus tard à
Brigitte Cupertino
Presses universitaires de Pau
pup@univ-pau.fr
Presses Universitaires de Pau (PUP)
Faculté des Lettres et Sciences Humaines
Avenue du Doyen Poplawski
64000 PAU.
Tél.: 05 59 40 79 15 - Courriel : pup@univ-pau.fr