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Appels à contributions
L’anglicisation des formations universitaires

L’anglicisation des formations universitaires

Publié le par Vincent Ferré (Source : Marie-Pascale Hamez)

Coordinateur : Pierre Frath (Université de Reims) Orientation du numéro :Nombre d’universités européennes sont en train de mettre en place des formations partiellement ou totalement en anglais, le plus souvent auniveau des masters, mais aussi, parfois, au niveau de la licence. La France est moins touchée par le phénomène, car il existe encorecertains garde-fous, et notamment l’obligation de rédiger les thèses en français (une obligation d’ailleurs de plus en plus souventcontournée). L’anglicisation de l’offre universitaire se développe cependant, portée par des directions d’établissement d’enseignementsupérieur qui croient sincèrement faire œuvre utile et être ainsi à la pointe du progrès. Les opposants à l’anglicisation ont alors le rôleinconfortable de ceux qui défendent le statu quo et freinent le progrès, un rôle que les Langues Modernes vont assumer dans ce numérodans l’espoir de contribuer à lancer le débat dans le monde universitaire et, espérons-le, dans les média et le grand public. Ilse déroule en effet, sous nos yeux, un phénomène sociologique majeur, et cela, dans l’indifférence générale et sans aucun contrôledémocratique. Pourtant, empêcher à terme les étudiants français d’étudier certains domaines dans leur langue est une décision lourdede conséquences, dont on aimerait qu’elle soit discutée par les citoyens et leurs représentants au sein des institutions politiques.Certaines études universitaires ont montré que la qualité des études en anglais pour les non-natifs était bien inférieure à celles faitesdans les langues locales, surtout lorsque les enseignants sont eux-mêmes non-natifs. Dès lors, pourquoi les mettre en place ?D’autant plus que les conséquences de l’anglicisation sont très largement négatives pour les langues remplacées par l’anglais, et toutparticulièrement pour le français : perte à l’horizon de deux générations du caractère universel de la langue (sa capacité àpermettre l’expression de toutes les connaissances), fin de la francophonie (pourquoi apprendre le français si les études se font enanglais en France ?), perte d’influence de notre pays, dépendance culturelle, scientifique et idéologique par rapport au mondeanglo-saxon (qui n’est pas forcément un modèle), disparition à terme d’une vision du monde reconnue et structurée qui peut servird’alternative aux autres peuples. Les anglophones eux-mêmes voient souvent notre abandon avec tristesse et regret, car la traditionfrançaise, notamment dans les sciences humaines, a largement contribué au développement de la leur.L’anglicisation des formations supérieures est souvent plus avancée dans les autres pays, et des articles évoquant la situation chez nosvoisins européens ou dans des pays plus lointains seront les bienvenus. Les Langues Modernes accueilleront des contributions surtous les sujets traitant du thème de ce numéro, et notamment :- des articles favorables à l’anglicisation avançant clairement les arguments- des articles d’enseignants qui font déjà des enseignements en anglais, faisant état de leur pratique, de leurs difficultés et deleurs réussites- des articles de recherche sociologique ou sociolinguistique sur le phénomène- des articles développant des arguments contre l’anglicisation- des articles proposant des solutions de rechange à l’anglicisation, notamment au niveau européen.L’objectif est de clarifier la situation afin de permettre à terme aux citoyens de se prononcer en toute connaissance de cause sur l’abandonde leur langue dans l’enseignement et la recherche. Dates à retenir- 1er mai 2013 : soumission des propositions d’articles (1 page, env. 2 500 signes, espaces comprises) au coordinateur et aux rédacteurs enchef, pour validation.- 15 mai 2013 : validation ou non de la proposition transmise aux auteurs.- 25 juillet 2013 : envoi des tapuscrits au coordinateur et aux rédacteurs en chef.- septembre 2013 : examen des articles par le comité de lecture des Langues Modernes.- 30 novembre 2013 : remise des articles finalisés selon les commentaires du comité de lecture.- Fin mars 2014 : publication du numéro 1-2014.