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L’Afrique en circulation. Possibilités, contraintes et ouvertures (Toronto)

L’Afrique en circulation. Possibilités, contraintes et ouvertures (Toronto)

Publié le par Marc Escola (Source : Alexie Tcheuyap)

Appel à communications

L’Afrique en circulation. Possibilités, contraintes et ouvertures

Université de Toronto, 6-7 octobre 2017

 

« Les relations culturelles et les enjeux identitaires s’installent – durablement – au premier plan des relations internationales, et c’est une opportunité nouvelle de dialogue et de compréhension réciproque. »

(Irina Bokova, actuelle directrice de l’UNESCO, 2012 dans le cadre d’un rapport sur le trafic des biens culturels)

 

Énoncé en 2012 dans un rapport consacré au trafic de biens culturels et à sa prolifération, ce constat d’Irina Bokova à propos de l’accroissement actuel de la circulation des biens, des personnes et des cultures demeure un lieu commun du discours généralement tenu à propos de la mondialisation. À en croire ce discours, grâce à l’avancée technologique et aux nouveaux modes de transport et de communication, les biens tangibles et intangibles circuleraient de manière ouverte — ne parle-t-on pas d’ailleurs de libre circulation? — au sein d’un marché globalisé que l’on décrit comme étant de plus en plus diversifié.  

« Globalisation », « mondialisation », « industrie culturelle mondiale » ou « postcoloniale », « littérature-monde » sont ainsi devenus depuis les années 1990 des termes récurrents de la critique littéraire contemporaine. C’est sans doute la manière que celle-ci a trouvée de rendre justice à l’impact observable de la mobilité accrue des idées, biens et populations sur les pratiques culturelles et artistiques contemporaines. À titre d’exemple, n’est-ce pas sous l’étiquette « cosmopolite », voire « cosmopolitique », que les jeunes francophonistes en France s’intéressent à l’Afrique?

Toutefois, un autre constat, tout aussi plausible que celui relatif à une intensification des échanges et de la circulation à l’échelle du monde, s’impose : c’est celui qui force même le défenseur le plus acharné de la mondialisation à avouer que le mouvement global n’est pas aussi généralisé que cela, et qu’il se fait suivant des critères politiques, économiques et culturels qui sont autant de conditions grâce auxquelles une grande partie de la population du globe est tenue à la marge.

Certes, on ne pourrait guère ignorer que notre époque d’extrême mobilité — mobilité des personnes, mobilité de l’information, mobilité des idées, des récits, des chercheurs et de nouveaux concepts — a donné lieu à de nouvelles configurations dont les effets sont notamment observables dans les différents modes de production, de réception et de circulation des biens culturels contemporains. Mais bien que les termes de « cosmopolitisme », « globalisation », « mondialisation » et « littérature-monde » ou « mondiale » soient entrés dans le vocabulaire courant de la critique notamment littéraire, les productions culturelles des espaces dits périphériques continuent généralement d’être pensées en fonction des paradigmes de la (post)colonie telle que décrite, entre autres, par Homi Bhabha, Edward Saïd, Gayatri Spivak et d’autres tenants des études postcoloniales. L’Afrique demeurant ainsi le produit d’une relation entre l’Occident et son Autre au sein d’un marché institutionnel et commercial dont le fonctionnement se pense désormais de manière globale.

Ce sont les contrastes d’une mobilité relativement répandue, mais d’une marginalisation qui lui est concomitante que le colloque « L’Afrique en circulation » cherche à dépasser, afin de mieux déterminer les rapports du continent avec d’autres marchés ou au sein d’autres configurations, en-deçà ou par-delà du paradigme postcolonial. Les mobilités géographiques anciennes ou contemporaines en Afrique et depuis l’Afrique ont dessiné un modèle de circulation (migrations transafricaines) et de dissémination diasporiques (les Afriques) contrevenant aux logiques territoriales. Ce modèle traduit un être-au-monde propre à se reformuler en projet cosmopolitique ayant, à plusieurs égards, précédé l’avènement du (post)colonial. Ouvert à l’interdisciplinarité et au dialogue entre sciences humaines et sociales, et études littéraires, cinématographiques et artistiques, le colloque se propose d’envisager comment les pratiques et les représentations des mobilités ayant l’Afrique comme objet offrent de penser les manières dont elle est mise en circulation en son sein, à l’échelle du monde et dans la diversité des pratiques culturelles et des perceptions théoriques. En portant une attention particulière à l’énonciation des mobilités et des phénomènes migratoires, il s’agira, d’un côté, d’interroger le modèle transnational et celui de l’hybridation comme cadre d’intellection des biens culturels africains. De l’autre, ce colloque sera l’occasion d’étudier la production de modèles alternatifs de représentations, mais aussi de pratiques et de négociations de la frontière et des espaces fluides.

Le but ultime de ces réflexions sera de répondre à la question suivante : ce qu’on nomme mondialisation peut-il donner naissance à un monde, ou à son contraire? Il sera alors concrètement question non seulement d’évaluer la pertinence de la « redécouverte de l’ordinaire » (lorsqu’elle existe) dans les littératures africaines comme contrepoint à un discours-monde devenu quasi normatif, mais aussi, et surtout de repenser les littératures et arts d’Afrique dans leur rapport à la mondialisation d’une part, et la création du monde d’autre part, pour reprendre la nuance de Jean-Luc Nancy dans la création du monde ou la mondialisation (2002).

Parmi les pistes possibles d’intervention portant sur la littérature, le cinéma et les arts, on peut énumérer :

  • Littérature-monde et économie du prestige
  • Enjeux de manifestes littéraires
  • Écritures africaines et paramètres de popularité des écrivains
  • Théories des circulations culturelles
  • L’Afrique dans les littératures et cinémas contemporains
  • La « littérature-monde » : grandeurs et misères d’une « théorie »
  • Réception des littératures, cinémas et arts d’Afrique : études de cas
  • « Écrire, peindre ou filmer l’Afrique » : une « exigence » exclusive ou exclusivement « africaine »?
  • Littératures, cultures et cinémas africains à la rencontre des mondes contemporains : dynamiques et défis
  • Enjeux théoriques et politiques des productions diasporiques ou transnationales
  • « Hors de l’Occident point de salut? » : autres réseaux, autres figures et   modes de figuration   

 

Au programme de l’événement sont prévues diverses activités de réflexion, en plus des nombreuses conférences, qui prendront la forme d’ateliers et de communications classiques de vingt minutes. Les chercheurs souhaitant prendre part au colloque sont priés d’envoyer leurs propositions de communication par courriel aux organisateurs avant le 1er avril 2017. Les propositions devront contenir les renseignements suivants : le titre de la présentation, un résumé d’environ 250 mots, la langue de présentation (anglais ou français), ainsi qu’une brève notice bio-bibliographique de quelques lignes.

Dates importantes :

1er avril 2017 : Date limite de réception des propositions de communication

Les propositions de communication d’environ 250 mots doivent être envoyées par courriel au plus tard le 1er avril 2017 aux responsables du colloque, à l’adresse suivante : conference.circulations@gmail.com

1er mai 2017 : Avis du comité scientifique. Ceux et celles qui souhaiteraient avoir cet avis plus tôt afin d’entamer les démarches pour l’obtention du visa pour le Canada devraient le spécifier en envoyant leurs propositions. Le comité procèderait exceptionnellement à l’étude de leur projet de communication.

6 et 7 octobre 2017 : Tenue du colloque à l’Université de Toronto

Plus de détails parviendront aux participants concernant une éventuelle publication. La conférence est gratuite et ouverte au public. Du café et des sandwiches seront également servis. Les frais de transport et de séjour ne pourront malheureusement pas être pris en charge.

 

Organisateurs :

Marie-Pierre Bouchard, Ph.D., chercheuse postdoctorale, Département d’études françaises, Université de Toronto : conference.circulations@gmail.com

Alexie Tcheuyap, professeur titulaire, Département d’études françaises, Université de Toronto : conference.circulations@gmail.com