« L'Acte éditorial à la Renaissance et aujourd'hui »
(18-19 novembre 2005)
organisé par
Brigitte Ouvry-Vial (Paris 7)- Groupe G.E.S.T. (Geste Editorial Situations Théorie)
et
Anne Réach-Ngô (Paris IV) - Atelier XVIe dirigé par Mireille Huchon
Ce colloque se propose d'aborder les enjeux théoriques et critiques de l'acte éditorial en comparant les conceptions de l'édition du texte, du livre et des rapports que texte et livre entretiennent à la Renaissance et à l'époque contemporaine. On considère l'acte éditorial comme sous-tendu par une approche critique de la littérature, de la lecture, de la réception et des conditions de passage des textes en livres. Tout, depuis le choix des manuscrits jusqu'au type de présentation des ouvrages, en passant par la manière d'éditer, d'intervenir ou non sur les textes, de dialoguer ou conseiller l'auteur dans l'écriture en cours, relève d'une façon et d'une représentation que l'éditeur se fait du livre ou à laquelle il aspire. Cependant, la coexistence de cette représentation avec les intentions préalables du texte et de l'auteur peut être une source de conflit ou au contraire de synergie. Cela tient à la tension, interne à la situation éditoriale, entre un processus matériel et un processus imaginaire d'élaboration du livre, entre des personnes ou figures, l'auteur, l'éditeur et l'idée que chacun se fait du livre à venir et de la place qu'il occupe dans son avènement.
C'est cet imaginaire, cette pensée du texte et du livre dans l'acte éditorial que ce colloque se propose de mettre en lumière, selon deux axes préférentiels qui paraissent fondateurs pour les deux périodes historiques concernées :
- L'intention et la réception éditoriales où il s'agira de confronter la pensée du livre chez les éditeurs de textes littéraires et dans les éditions du XXe et chez les imprimeurs-libraires de la Renaissance. A partir de documents et propos des imprimeurs-libraires du seizième siècle, d'avertissements ou catalogues d'éditeurs contemporains, on postule l'existence d'un art poïétique de l'éditeur ou art d'éditer la littérature.
- La constitution du volume, les notions de recueil ou d'anthologie au sens large, situation qui permettra de relever, toujours de manière comparative, autour d'objets spécifiques, les principes et enjeux confirmant le caractère interprétatif et critique du geste éditorial. Les modes de création des recueils sont en effet révélateurs du statut de l'auteur et posent la question de la paternité du livre (auctoritas de l'auteur, rôle du compilateur) et du poids du lecteur. La pratique de la compilation, comme celle de la réécriture et de l'augmentation des recueils, témoigne d'une conception particulière du livre : oeuvre ouverte, dont la forme et le sens derniers ne sont pas arrêtés par l'édition princeps, toujours en attente d'une réécriture et d'une réappropriation nouvelle.
Peut-être peut-on attendre de la confrontation des communications portant sur l'une ou l'autre époque, l'idée d'un renouvellement actuel des traditions et formes inventées au XVIe. Au moment où le livre sur papier est concurrencé par d'autres supports, assiste-t-on à une renaissance de l'acte éditorial ?
Le descriptif des communications, assorti d'une courte biographie est à adresser à brigitte.ouvry-vial@paris7.jussieu.fr et anne.ngo@laposte.net avant le 1er septembre 2005.