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L'imitation comme thème littéraire

L'imitation comme thème littéraire

Publié le par Marion Moreau (Source : Michel AROUIMI)


L’imitation comme thème littéraire

19-21 septembre 2013

Centre universitaire du Musée

34 Grande Rue, Boulogne-sur-Mer

L’imitation interhumaine s’illustre sporadiquement dans les oeuvres littéraires de diverses cultures et de diverses époques, sans occuper le premier plan de la pensée de leurs auteurs. C’est pourquoi il serait difficile de retracer l’évolution historique de cette notion. Les pensées de certains philosophes de la Chine ancienne révèlent l’importance de ce penchant humain, et le danger qu’il peut représenter pour la société, appelée à cultiver une « bonne imitation », encouragée par des principes religieux. Plus proches de nous dans l’espace et dans le temps, les Confessions de Saint Augustin ou les Sermons de Maître Eckhart recèlent des pages intenses sur les formes néfastes de l’imitation. Rares sont les philosophes, comme Spinoza, qui lui accordent de l’attention. René Girard s’est tourné vers les oeuvres de fiction littéraire pour illustrer sa théorie du désir mimétique. Assez curieusement, le problème de l’imitation s’est vu exposé, sur le mode poétique et avec une vigueur pénétrante, dans ce type d’oeuvres. Leur réputation, pas toujours à la mesure de leur profondeur, peut distraire l’attention du lecteur de la finesse ou de l’humour avec lequel affleure cette thématique. C’est vrai chez Shakespeare bien sûr, mais encore chez Scarron, Marivaux, certains romantiques allemands, Nerval, Joseph Conrad, Kafka, Jünger et bien d’autres… On peut leur associer Leopardi et C.-F. Ramuz qui, dans des pensées personnelles rédigées en marge de leur oeuvre poétique, un peu comme Marivaux dans ses Journaux, perçoivent avec une acuité inégalée les effets corrupteurs de la « mauvaise imitation ».

Les penseurs de notre temps ne semblent pas profiter des leçons de ces auteurs, en mettant entre parenthèses ou en gommant la violence inhérente à la notion qui nous occupe. Est-ce lié à la pensée des Lumières, qui favorise l’idée d’une « bonne imitation »? L’importance philosophique de cette notion transparaît dans les ouvrages de Jean-Christophe Bailly, Philippe Lacoue-Labarthe, mais la violence qu’elle implique est mieux cernée dans des oeuvres de fiction de toutes les époques. (Symptomatiquement, les films contemporains dans lesquels cette thématique est abordée, dans une quasi-innocence, sont des films d’horreur…)

Envisagée dans ses effets, la notion d'imitation déborde le domaine de la sociologie. D’abord en raison d’une autre imitation : pas celle des partenaires rassemblés dans une intrigue, mais celle que suggère la plume de l’auteur entre des personnages que ne rattache aucun lien concret. On aborde ici un aspect de l’esthétique littéraire, qu’il serait injuste de qualifier de moderne.  Ce phénomène se retrouve dans des oeuvres de diverses époques : on ne saurait l’expliquer par une simple projection de l’auteur dans ses personnages, même si cette projection n’est pas inexistante.

Il semble d’ailleurs que les auteurs chez qui cette notion prend un relief remarquable, se soient souciés du sens de l’harmonie des formes textuelles. Jean Perrot, et plus subtilement Serge Soupel ou Jacques Geninasca, ont suggéré le rapport (métaphorique ?) des tensions inhérentes au rapport des doubles et de l’architecture (symétrique) de certaines oeuvres littéraires. Est-ce l’amorce d’une leçon, rimbaldienne si l’on veut, sur le sens de cette harmonie ?

Plus généralement, il semble que l’émergence de la notion de l’imitation dans les oeuvres littéraires soit associée à l’idée du travail artistique, comme si le rapport de l’art et du réel, inhérent à ce travail, se voyait questionné à partir des tensions de doubles. L’imitation du réel, comme extériorisation des pulsions mimétiques qui animent le corps social ? La leçon de maints « poète » incite en effet à relire dans ce sens les pensées d’Aristote sur ce problème. Aristote différencie d’ailleurs la mimésis (interhumaine) et l’imitation des Anciens, par exemple dans l’art littéraire. Y aurait-il un lien entre les pulsions en question et ce phénomène de l’imitation littéraire, diversement assumée par les auteurs ? Henri Bosco semble pressentir ce lien, dramatisé avec humour dans son tout premier roman, et avec une gravité angoissée dans son oeuvre ultime : Une ombre… Si l’imitation littéraire dépasse le champ de ce colloque, on peut en étudier les formes qu’elle revêt sur le plan thématique de certaines oeuvres. Certains romanciers contemporains exercent leur imagination et leur malice sur cette autre forme d’imitation….

Quoi qu’il en soit, la diversité des enjeux de cette thématique mérite qu’on rassemble, à l’occasion d’un colloque, les points de vue de divers chercheurs qui pourraient confirmer l’intérêt de cette thématique, en analysant les aspects qu’elle revêt dans des oeuvres littéraires.

Comité scientifique : Michel Arouimi, Pr Jacqueline Bel, Pr Till Kuhnle

Les propositions, accompagnées de quelques indications biblio/biographiques, sont à envoyer à : arou2@wanadoo.fr, avant le 30 septembre 2012.

  • Responsable :
    Michel AROUIMI
  • Adresse :
    Université du Littoral - Boulogne-sur-Mer