Essai
Nouvelle parution
Karl Jonsson - Saga de Sverrir

Karl Jonsson - Saga de Sverrir

Publié le par Vincent Ferré (Source : Marie-Pierre Ciric)

Référence bibliographique : Karl Jonsson - Saga de Sverrir, Les Belles Lettres, collection "Les classiques du Nord", 2010. EAN13 : 9782251071145.
Karl Jonsson - Saga de Sverrir, Traduit et présenté par Torfi H. Tulinius, Paris, Les Belles Lettres, collection "Les classiques du Nord", 2010 , 360 p., 27 E


La Saga de Sverrir appartient au genre de la saga royale, c'est-à-dire au grand groupe de biographies de souverains norvégiens ou danois dont les Islandais firent une spécialité au Moyen Âge. La Saga de Sverrir est à bien des égards une des plus remarquables. Elle est longue et riche, et l'auteur est très proche des événements décrits, ce qui lui permet d'en faire un récit exceptionnellement détaillé. Il a eu accès à de nombreux témoins directs des faits, le plus important étant le protagoniste principal de la saga, le roi Sverrir lui-même, mort en 1202 et qui semble en avoir dicté au moins la première partie.
Ce personnage est des plus intéressants. Originaire des îles Féroé, et fils d'artisan, il devient prêtre. Cependant, sa mère lui aurait avoué, alors qu'il était déjà adulte, qu'il était en réalité le fils naturel d'un défunt roi de Norvège. À la faveur d'une crise dynastique dans le pays, Sverrir trouve des soutiens pour le réclamer sur le trône, mais il doit combattre l'armée du roi Magnús, qui lui-même n'est que petit-fils de roi par sa mère, mais qui jouit de la bénédiction de l'Église.
Le récit, dont l'auteur supposé, Karl Jónsson, était abbé d'un monastère dans le nord de l'Islande, est vif et enlevé. Le portrait du roi Sverrir est saisissant et ses discours, dont de très nombreux sont rapportés en détail dans le texte, sont une mine de renseignements sur les attitudes, les valeurs et la vision du monde de l'aristocratie nordique dans la seconde moitié du XIIe siècle. Bien que le roi ait la sympathie de l'auteur, celui-ci n'en demeure pas moins conscient de l'ambiguïté de la position de celui-ci, ce qui rend l'histoire de ce roi qui fut peut-être un imposteur, d'autant plus passionnante.