K. Tsujikawa, Nerval et les limbes de l'histoire : Lecture des Illuminés, préface de Jean-Nicolas Illouz, Genève, Droz, coll. "Histoire des idées et critique littéraire", 2008, 328 p.
- Isbn 13 (ean): 9782600012461
Résumé
Les Illuminés, publié en 1852 avec le sous-titre polémique et ambigu Les Précurseurs du socialisme, est un ouvrage énigmatique. Ce recueil des six portraits d'« excentriques de la philosophie » ne rassemble ni des « illuminés » ni des « socialistes » au sens strict, et surprend le lecteur par sa récusation de la catégorisation figée comme par sa composition rhapsodique.
Écrits de seconde main pour la majeure partie, faits d'un montage de citations ou de plagiats, ces portraits restaient méconnus ou mal connus par les critiques nervaliennes. Témoignent-ils de l'adhésion de l'auteur à un illuminisme ? Sont-ils une création de Nerval ou plutôt le simple assemblage de textes appartenant à d'autres ? Pourquoi Nerval a-t-il choisi ces personnages marginaux plutôt que des autres figures majeures de l'illuminisme ou du socialisme ?
Pour répondre à de telles questions, Keiko Tsujikawa établit et interprète le dossier des Illuminés en exploitant les livres et documents cités ou consultés par Nerval lui-même. Chaque portrait est en outre rapporté au contexte historique, politique, social, religieux et littéraire, du moment de sa parution. Enfin, la singularité des Illuminés dans l'ensemble de l'oeuvre nervalienne augmente le sens et la portée de cette résurrection littéraire du passé, à travers, notamment, les interrogations de Nerval sur l'histoire et le temps historique.
Trois fils rouges tissent l'ensemble du recueil : le politique, le religieux ainsi que l'histoire au lendemain de la Révolution française. Contre la rupture de l'histoire moderne, Nerval suggère la persistance d'un autre temps, celui des limbes, qui préserve la survie des rêves, non aboutis dans le passé, ce faisant fructueux pour l'avenir.
Table des matières
Préface de Jean-Nicolas Illouz
Introduction
Chapitre premier : La Bibliothèque de mon oncle : Unité et dispersion du recueil
Nerval et Champfleury : des Excentriques aux Illuminés – Les livres, la bibliothèque : Nerval lecteur du passé
Chapitre II : Le Roi de Bicêtre, Raoul Spifame : Le pouvoir et son double
De l'histoire à l'invention romanesque – Éloge de la folie – Le pouvoir et son double : le fou, le poète et le livre
Chapitre III : Histoire de l'abbé de Bucquoy, Les Faux Saulniers : Pouvoir et opposition
Le « goût de l'archive » – La résistance et le temps : les « oppositions sourdes et patientes » – Écriture de l'histoire
Chapitre IV : Les Confidences de Nicolas : Nerval au miroir de Restif
Biographie/Autobiographie – Réalisme – Restif, un « précurseur du socialisme »
Chapitre V : Jacques Cazotte : L'ombre des Lumières
Un regard sur le XVIIIe siècle et sur la Révolution française – Visible et invisible
Chapitre VI : Cagliostro : Nerval historien des sociétés secrètes
Du Diable rouge [1849] aux Illuminés [1852] – La fête révolutionnaire : Madame Cagliostro et Robespierre – Nerval, historien généalogique du mysticisme
Chapitre VII : Quintus Aucler : Nerval et les religions
L'école païenne : le théâtre et le sacré – Ruines et religions – La voix narrative : entre fascination et distanciation
Conclusion
Annexes
Bibliographie
site web de référence : https://www.droz.org/eCat/server/resultSingle.php?cod_both=15-448