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Journées d'études "Les carnets aujourd’hui : supports d’apprentissage et objets de recherche"

Publié le par Sabrina Roh (Source : Audrey Bornancin Plantier)

Les carnets aujourd’hui : supports d’apprentissage et objets de recherche

Date : le 23 mars 2016, de 9h30 à 17h30
Lieu : Amphithéâtre de l’ESPE – Université Caen Normandie

Pôle Formation Éducation Travail Emploi (Pôle pluridisciplinaire MRSH de Caen - UMS 843 CNRS)

Organisateurs : Jean-Philippe Georget (MCF Caen) et Élise Ouvrard (MCF Caen).

Responsable scientifique : Élise Ouvrard (MCF Caen).

Ce projet s’inscrit dans la continuité de la journée d’études intitulée « Apprendre des carnets aujourd’hui ? », organisée fin 2013 par une équipe pluridisciplinaire de l’ESPE de l’Université de Caen. Dans le contexte d’une formation à et par la recherche pour l’ensemble des futur(e)s professeur(e)s du premier et du second degré visant la validation d’un Master MEEF, le carnet interroge de manière très concrète le lien qui surgit entre situation d’enseignement-apprentissage et recherche. Support d’apprentissage encouragé par les programmes de certaines disciplines telles que le français (carnet de lecture), les sciences expérimentales (carnet d’expériences et d’observations) ou les arts visuels (carnet d’artiste), le carnet se voit transformé en sujet de recherche, riche de sa pluralité : il existe à la fois plusieurs types de carnets et plusieurs manières de faire carnet. La recherche permet alors d’approfondir les tenants et les aboutissants de l’utilisation en classe ou en formation de ce « dispositif portatif d’écriture » selon B. Lahire (2006, 506) et de questionner, entre autres, l’autonomie de l’apprenant dans la construction de son rapport au monde. Mais le terrain de recherche que constitue le carnet permet également de redéfinir l’outil et d’investir de nouveaux champs d’action, en particulier des disciplines peu enclines à l’usage du carnet. Emergent alors des dispositifs d’enseignement-apprentissage innovants tels que le carnet de création littéraire en classe, le carnet sensoriel individuel en sortie scolaire en géographie ou le carnet de culture pour l’enseignement apprentissage d’une langue vivante étrangère. Or ces pratiques amènent à remettre en cause « les partages habituels entre la lecture et l’écriture, le sujet et l’objet, le texte et l’image, le modèle et l’essai pour préférer à ces termes, souvent durcis par les didactiques et les ontologies, les relations (voyages et liens, mobilités et affects, etc.), les tensions, les passages » (Martin S., 2013).

Cette journée d’études se propose donc de s’intéresser à la place actuelle du carnet dans les processus d’enseignement-apprentissage et en particulier aux relations, aux tensions, aux passages que son utilisation peut permettre de révéler à celui ou celle qui en est l’auteur(e) en lien avec la dimension transsubjective de l’objet carnet (Chiss J.-L., 2012). Du support d’apprentissage à l’objet de recherche et de l’objet de recherche au support d’apprentissage : qu’apprend-on des carnets aujourd’hui ?

Dans la continuité de la première journée organisée sur le sujet, plusieurs dimensions pourront ainsi être abordées, et tout d’abord une dimension définitoire. Il sera en effet question de la matérialité contemporaine des carnets, incluant cahiers et écrans, ou même téléphones portables dans la mesure où le carnet est envisagé comme « un objet portable permettant de garder la trace d’activités » (Schneider E., 2013). Ce qui fait entre autres la richesse du carnet, et sa pluralité, c’est l’absence de normalisation, le caractère non fini de l’outil et sa propension heuristique à donner des idées, à faire découvrir des champs, à se situer du côté des « tactiques » et non des « stratégies » pour reprendre la distinction établie par Michel de Certeau (1980). Pourront d’ailleurs être évoqués dans cette réflexion pluridisciplinaire les carnets de lecture, les carnets d’artiste, les carnets d’expérience, les carnets de laboratoire, les carnets de performance, les carnets de sons ou tout autre type de carnet qui pourrait être utilisé en situation d’enseignement-apprentissage ou de formation. Pourront être envisagés les carnets individuels, mais aussi les carnets collectifs ou simplement pluriels (Le Guern A.-L., 2013).

La dimension didactique sera bien sûr au cœur des préoccupations possibles. Dans le domaine de l’apprentissage, le carnet, à la fois support et outil, devient non seulement le lieu de construction du savoir, de mise en œuvre de compétences (et parmi elles, les compétences littéraciques), mais aussi celui de l’observation de l’activité de l’élève (cf. concept de dérive, Thémines J.-F., 2013). En effet, les activités langagières, et en particulier, l’acte de scription contribuent à la construction de connaissances, le carnet pouvant permettre de donner à voir les traces de cette élaboration cognitive, de cette dynamique discursive (Chabanne, J.-C. & Bucheton, D, 2002). On pourra alors se consacrer à cet acte de scription qui se mue en art de faire (Fraenkel B., 2007) ainsi qu’à la forme d’écrits intermédiaires que peut revêtir le carnet et qu’ont déjà interrogée certains chercheurs comme Yves Renaud avec cette question du passage des fragments au texte ou Roselyne Le Bourgeois et Catherine Rebiffé avec ces notions de premier jet et de réécriture.

Enfin, il pourra être question de la dimension culturelle et identitaire que peut revêtir le carnet et que développe Annie Rouxel dans son article intitulé « L’avènement du sujet lecteur – Avancées scientifiques et perspectives pour l’enseignement de la littérature » (Ahr S. et Joole P., 2013). Grâce à l’analyse d’expériences de différents contextes, il s’agirait de s’interroger sur une possible culture du carnet : culture selon les usages, culture selon les lieux de son utilisation. Comment le monde se met-il aujourd'hui en carnets ? Comment les pratiques de carnets sont-elles affectées par les pratiques de mobilités et de communication contemporaines ? Quels usages du rapport carnets-mobilité sont envisageables ou déjà effectivement mis en œuvre ? La notion de diversité pourra alors prendre tout son sens : diversité des carnets comme évoqué plus haut, mais aussi des auteurs des carnets sans oublier celle des dimensions du monde explorées dans ces carnets. Ce serait l’occasion également de traiter du carnet en lien avec l’éducation à la mobilité qu’il peut accompagner. La dimension interactive sera donc de fait au cœur de la réflexion : relation de soi au carnet, relation de soi à soi, mais aussi relation entre soi et les autres par le carnet.

Nous vous invitons à contribuer à cette réflexion commune en proposant une communication pour cette journée d’études.

Les modalités suivantes sont envisagées :

  • Des communications orales, d'une durée de 30 minutes suivies de 10 minutes de questions.
  • Une table ronde finale, d'une durée d’1h environ, organisée sous la responsabilité d'un chercheur/se, qui donnera la parole à des étudiant(e)s travaillant sur les carnets dans le cadre d’un travail de recherche professionnelle de Master MEEF.

Cet appel à communications constitue également un appel à contributions puisque la journée sera suivie d’un projet de publication « Apprendre des carnets aujourd’hui ? ».

Dans les deux cas (communications ou contributions), merci d’envoyer vos propositions (une page A4 maximum), accompagnée d’une courte bio-bibliographie avant le 1er décembre 2015 à Élise Ouvrard (elise.ouvrard@unicaen.fr).