Les Vanités àl'épreuve de la littérature
3e journéed'étude
25 mars 2010
La Vanité textuelle présente desdifficultés propres auxquelles cette journée consacrera ses travaux. Lapremière difficulté réside dans le repérage. En effet, doit-on comprendre quela Vanité littéraire est une transposition de l'image en texte ? Faut-ilqu'Hamlet s'adresse au crâne de Yorick, que les squelettes et les charognesputrides envahissent le texte, ou bien que nous assistions au « bal destêtes », à la comédie des apparences et aux tristes travestissements desvieillards luttant contre les désastres du temps pour reconnaître une vanité ?
Ce type de dispositif, quisuppose chez le lecteur un savoir constitué, n'est certainement que l'une despossibilités d'inscription du thème dans un cadre littéraire. En effet, ilsuppose un recul, une compétence interprétative très souvent guidée par l'usagede l'ironie ou tout du moins de la distance, en suscitant un effet citationnel.
Se limiter à cette enquêtereviendrait cependant à réduire le labyrinthe du sens propre au genre picturalà un simple décryptage de l'image. En effet, les tableaux du XVIIe ne se contententpas de montrer les termes de l'alternative offerte à tout homme, mais ilsreprésentent bien plus sûrement le parcours mystérieux d'une méditation dontl'issue n'est que très rarement signifiée avec clarté. Ces tableaux sont trèssouvent des énigmes, des saisies de l'instant, du « temps qui suspend sonvol », conviant ainsi le spectateur à une promenade interprétative pour lerenvoyer en dernier lieu à lui-même, à son libre arbitre. Ce type de structurenarrative, théâtrale ou poétique, en forme de promenade, de parcours au paysdes apparences, d'énumération ou de vignettes successives, pourrait donc êtrerapproché opportunément des Vanités et inviter à réfléchir sur les contoursspécifiques du thème dans le champ de l'oeuvre littéraire.
En second lieu, nous verrons quela Vanité textuelle pose un problème de lisibilité, dans la mesure ou ledéploiement du texte sur l'axe temporel (de la chronologie comme duraisonnement logique) transforme radicalement la relation au lecteur. TouteVanité picturale est le récit concentré de l'aventure humaine toute entière,réduite à un instant de transition. Comment le texte, qui implique une duréeminimale affronte-t-il cette nécessité ?
La Vanité et laréflexion sur l'art
4èmejournée d'étude
7 mai 2010
Nous aborderons, lors de cettefin du premier cycle de manifestations, la réflexion sur l'art inséparable dela problématique des Vanités. En effet, le thème lui-même induit laproblématisation de la relation que l'homme doit construire face aux objets quepropose le monde. La distance, le rejet ou la jouissance sont les troispossibilités invariablement proposées à chacun. Interroger le rapport au mondepar les voies de la représentation de ce même univers de phénomènes, affronterle paradoxe d'induire son rejet en en faisant miroiter tous les charmes, amèneinévitablement la question des pouvoirs de l'art, des détours du sens, de lamétaphore, et plus généralement de la rhétorique à l'épreuve de la morale.
Indépendamment de toutechronologie, puisque cette question est déjà inscrite au coeur même d'un texteimportant dans le corpus des Vanités comme LesEssais de Montaigne et qu'elle est fondamentale dans les textes dethéologie, nous tenterons de suivre quelques-unes des tentatives parmi les plussignificatives dans ce domaine.
Appel à contribution
Pour les journées d'étude, lacontribution ne donnera pas lieu à publication. La communication d'unevingtaine de minutes pourra prendre la forme d'une présentation de corpus àdébattre. Nous intégrons ce travail sous la forme de résumés et d'élémentsbibliographiques sur le site du centre de recherche Jean Prévost (Université deLyon 3-Jean Moulin).
Cet appel est ouvert à toutes lesdisciplines. Le corpus susceptible d'être convoqué n'est, de plus, pas limitéchronologiquement et pourra intégrer des oeuvres littéraires, picturales ouautres, de l'antiquité à nos jours. On pourra ainsi convoquer des textesméditant sur la mort et la mélancolie avant la constitution des« vanités » comme genre pictural, des textes littéraires et desessais « imitant » au plus près l'esthétique ou le projet destableaux de vanités, mais également des jeux parodiques ou attestant pluslargement d'un lien avec les modèles picturaux (tombeaux, memento mori,épitaphes…). Priorité sera donnée cependant à des propositionsinterdisciplinaires croisant les approches et les objets. Il sera demandé queles communications s'appuient sur un corpus pour mettre l'accent sur uneproposition théorique allant dans le sens de la problématique générale.
Les propositions sont à adresserà - jc.laborie@wanadoo.fr- avant le 15 janvier 2010, pour la journée du 11 février, et avant le 25février pour les journées du 25 mars et du 6 mai.