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Venus d’ailleurs : paroles sur les

Venus d’ailleurs : paroles sur les "étranges étrangers" (Clermont-Ferrand)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Catherine Songoulashvili)

Journée d’études

Venus d’ailleurs : paroles sur les « étranges étrangers » 

Centre de Recherches sur les Littératures et la Sociopoétique

CELIS

Équipe « Ecritures et Interactions Sociales »

Programme D’écrire l’Autre

 

Aller vers l’ailleurs, particulièrement malgré soi, c’est se confronter à l’autre lieu et à ceux qui le peuplent. La mise en récit de l’expérience de ce passage par celui pour qui le voyage est obligé (l’exilé, le captif, l’émigré) livre des représentations indissociables d’une réalité souvent douloureuse, mais fait advenir également des révélations essentielles quant à la construction de l’humain à l’épreuve de l’altérité.*

Pour celui qui est là à l’arrivée des déplacés, des mots rendent compte aussi quelquefois de la réception de cet ailleurs qu’évoque a priori la venue de l’étranger. A partir de la perception d’une distance, celle qui fait aboutir, à la fin de leur périple, ces « hommes de pays loin » (Prévert, « Etranges étrangers ») dans le territoire soudain forcément partagé, l’humanité de chacun trouve à s’interroger face à l’autre. Expérience universelle, comme le rappelle Patrick Chamoiseau, depuis que le monde est monde : « Pas une tribu, pas une culture ou civilisation qui n’ait en quelque heure essaimé sous le désir ou la contrainte. Qui n’ait en quelque moment de ses histoires vu une partie d’elle polliniser le monde. Ou qui n’ait accueilli ou n’ait été forcée de recevoir ce qui provenait d’un bout quelconque du monde, puisant au monde autant que se donnant au monde, s’érigeant en source en asile en refuge, ou réclamant asile et refuge. » (Frères migrants, 2017).  Mais si les migrations n’ont pas d’âge, notre temps de « mondialisation » semble ouvrir plus que jamais l’« ici » de tout homme au « là-bas » de son semblable. 

Ainsi, le « déplacement de notre humanité, de lieux en lieux que la langue et le regard explorent sans relâche » (Pierre Ouellet, L’esprit migrateur, 2003), comme modalité essentielle de notre condition s’exprime sans doute non seulement dans le récit du déplacé, mais aussi dans la parole et la voix de celui qui le reçoit, fût-ce malgré lui. 

Quels mots pour le témoignage, quelles voies empruntées par le discours de celui qui parle du réfugié, de l’exilé, de l’immigré, du migrant ? Si, dans la perspective de Paul Ricoeur, se raconter soi-même c’est créer sa continuité d’existence à l’épreuve de l’autre, rendre compte, à travers sa propre expérience, de celui qui vient, fournit sans doute au sujet l’occasion d’un questionnement perturbateur et essentiel sur lui-même.

L’étude pourra donc porter sur des témoignages comme sur des textes littéraires (roman, théâtre, poésie, voire autres genres) empruntés à une large période, dans lesquels un individu raconte la venue « chez lui » de l’étranger, la manière par laquelle il l’appréhende ou évoque la perception qu’il en a.

On sera sensible à la façon dont s’amorcent à cette occasion les mouvements, manifestes ou diffus, par lesquels l’être se dispose ou non à la rencontre, s’établit au seuil de sa demeure ou se porte au-devant de l’autre, élude ou accueille ce qui, face à la diversité et tout à la fois l’unité de l’humain, l’interroge sur sa propre intimité multiple, évolutive, en devenir.

Les propositions de communications (15 à 20 lignes accompagnées d’un titre et d’une brève présentation de l’auteur) sont à envoyer pour le 1er septembre 2017 aux adresses suivantes : Florence.CLERC@uca.fr et  catherine.songoulashvili@uca.fr

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*La manifestation du 14 novembre 2017 fait suite à la journée d’études organisée le 29 novembre 2016 à la Maison des Sciences de l’Homme de Clermont-Ferrand : « Récits de l’exilé, du captif, de l’émigré : vers l’ailleurs malgré soi » http://celis.univ-bpclermont.fr/spip.php?article1460 .