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Regards croisés entre l’Italie et le Portugal. Études sur la littérature, l’histoire et les arts de deux cultures romanes (Strasbourg)

Regards croisés entre l’Italie et le Portugal. Études sur la littérature, l’histoire et les arts de deux cultures romanes (Strasbourg)

Publié le par Vincent Ferré (Source : Caterina Sansoni)

Les sections d’Italien et de Portugais de l’Institut d’Etudes Romanes de l’Université de Strasbourg, avec le soutien de l’équipe de recherche CHER (Culture et Histoire de l’Espace Roman), organisent une journée d’études consacrée aux cultures italiennes et portugaises, à leurs convergences aussi bien qu’à leurs divergences dans les domaines de la littérature, de l’histoire et des arts. Cette initiative répond au désir de favoriser, d’approfondir et de multiplier les échanges entre les spécialistes des deux cultures pour mettre davantage en valeur une coopération académique fructueuse. La thématique est volontairement expansive, d’un point de vue historique mais aussi disciplinaire.

            Pour cette rencontre nous vous proposons de réfléchir aux rapports qu’au fil des siècles se sont tissés entre l’Italie et le Portugal et qui ont favorisé un certain rapprochement des sensibilités italiennes et portugaises. Ces deux pays sont en effet des héritiers d’une culture romaine (le Portugal est l’ancienne Lusitanie romaine), puis catholique, tournés vers la mer et touchés par l’engouement des Grandes Découvertes, de l’Humanisme, du Classicisme, par un passé colonial et par des régimes totalitaires.

 Déjà au Moyen Age, les interactions culturelles et politiques entre les deux pays s’établissent : la première reine portugaise est Mafalda (ou Matilde) de Savoie (1125-1157). Puis, la Renaissance portugaise est marquée par deux facteurs, un importé, l’autre autochtone : le Classicisme italien, ou mieux, la valeur de la studia humanitatis et d’un renouveau de l’intérêt par les textes classiques ; et l’expansion et les découvertes maritimes qui ont changé, d’une façon plus vaste, le rapport entre l’Homme, la Nature et le Cosmos. C’est précisément à ce moment que les relations culturelles et commerciales entre le Portugal et l’Italie s’intensifient et aboutiront à la modernisation de l’appareil culturel portugais avec des humanistes portugais qui partent étudier à l’étranger, l’Italie étant leur destination privilégiée, et avec des érudits italiens comme Giovanni Cataldo Parisio (1455-1517), connu également comme Cataldo Siculo, qui sera précepteur de la noblesse lisboète. C’est un de ses contemporains lusitaniens, Sá de Miranda (1481-1558) qui après des voyages en Italie sera l’agent de l’émergence de la modernité esthétique dans la littérature portugaise de cette même période notamment avec l’introduction de quelques sous-genres dits italianisants comme le canzone et le sonnet. Achiles Statius (1524-1581), de son côté, en suivant les pas de Sá de Miranda mais en décidant de s’installer en Italie pour être notamment secrétaire du concile de Trente et du pape Pie V, deviendra un des plus illustres humanistes portugais. L’influence de la Renaissance et du Baroque italien dans l’art portugais mériterait également et éventuellement d’être approfondie ainsi que l’emprunt italianisant dans l’œuvre de Camões.

Ce dialogue permanent entre les littératures et les arts des deux pays s’étend tout particulièrement à la Modernité et aux vents avant-gardistes. Très rapidement après la publication de son manifeste initial dans le Figaro en 1909, le Futurisme de Marinetti trouve son écho dans l’art et dans la littérature européenne. Le Portugal n’est pas indifférent à cet engouement, la preuve étant le rôle essentiel du Futurisme dans les travaux de la première génération moderniste portugaise. Au niveau politique, Mussolini s’affirme également comme exemple de l’homme providentiel qui a tant marqué l’imaginaire de Salazar et la construction de son Estado Novo. Les relations diplomatiques entre la toute jeune République Portugaise et la Monarchie italienne pendant les périodes fascistes du XXe siècle sont également les exemples d’une logique relationnel entre les régimes de Mussolini et Salazar. Les deux régimes partagent, en effet, de nombreuses caractéristiques spécifiques, notamment au niveau de la similitude idéologique entre le fascisme italien et l’Etat Nouveau portugais, qui seront évidentes dans la politique externe des deux pays. Si Salazar voit dans la figure de Mussolini une « œuvre moralisante », Mussolini appréciait également les mesures de l’œuvre salazariste avec son apologie de l’ordre interne, une politique ultra-conservatrice, le combat au socialisme et au communisme.

Parmi les écrivains italiens contemporains qui ont su se nourrir d’une certaine inspiration lusophone, le nom d’Antonio Tabucchi s’impose comme un des plus importants. En effet, au niveau des transpositions orchestrées entre les imaginaires des deux pays, surtout en ce qui concerne l’œuvre de Fernando Pessoa, Tabucchi devient le chef de file et le mentor d’un renouveau du dialogue entre l’Italie et le Portugal.

Cette évocation non exhaustive de quelques points de contact entre la culture portugaise et italienne ne sert que d’un point de départ car une étude comparatiste des liens historiques, culturels et littéraires entre les deux pays sera toujours lié à des questionnements d’ordres sociologiques et même philosophiques. En ce sens, nous pourrons nous questionner quant aux différents rapports entre les deux pays et aux idiosyncrasies de tels liens. 

Nous proposons trois axes thématiques qui donnent la possibilité de véhiculer de différents types d’analyses. Les propositions peuvent s’inscrire, de façon non exclusive, dans l’un des axes suivants :

 

 - la littérature : en particulier, les auteurs et les œuvres qui se situent au croisement de deux cultures et offrent des regards croisés sur le monde portugais et celui italien ; il serait en outre intéressant, notamment, d’identifier les intellectuels qui ont contribué à diffuser la littérature italienne au Portugal et la littérature portugaise en Italie.

- l’histoire : des approfondissements sur des périodes cruciales pour les deux pays, en privilégiant la pluralité de perspectives, d’expressions et de manifestations d’identité collective qui ont caractérisé la trajectoire historique des deux pays.

- les arts : comment les artistes de deux pays ont répondu aux appels des majeurs courants artistiques et des avant-gardes ? Comment interpréter les influences réciproques des deux cultures ?

 

 

 

 

 

Consignes

 

Cette journée d’études se tiendra le mardi 11 avril 2017 à l’Université de Strasbourg et la langue commune des travaux sera le français.

Nous vous invitons à soumettre votre résumé de communication (en français), de maximum 300 mots, avant le 13 mars 2017. Le résumé devra être accompagné d'une courte notice biobibliographique ainsi que des coordonnées institutionnelles des candidats à envoyer conjointement par courrier électronique aux deux organisatrices aecostadasilva@unistra.fr et csansoni@unistra.fr. Les propositions analysées seront traitées par le comité scientifique dans les meilleurs délais. Chaque intervention fera l'objet de 30 minutes.

 

 

 

Comité scientifique

 

Amélia Costa da Silva (Lectrice, Université de Strasbourg)

Caterina Sansoni (ATER, Université de Strasbourg)

Emanuele Cutinelli-Rendina (Professeur, Université de Strasbourg)

Anna Frabetti (Maître de conférences, Université de Strasbourg)

Vincenza Perdichizzi (Maître de conférences, Université de Strasbourg)