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La ville saturée et ses textes (ENS Lyon)

La ville saturée et ses textes (ENS Lyon)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Mathilde Roussigné)

La deuxième journée d’études du Laboratoire Junior SpatiaLittés, intitulée « La ville saturée et ses textes », se déroulera à Lyon, à l‘ENS de Lyon (Site Descartes : 15, parvis René Descartes, 69007 Lyon), le 22 mars 2017.

Elle se déroulera de 9h30 à 16h00 en salle F104 (Bâtiment « D2 » Formation, plan d’accès ici).

La journée aura lieu en partenariat avec IMUAlpha, et la matinée peut être validée comme formation doctorale.

L’après-midi, à 14h30, nous aurons le plaisir d’accueillir l’écrivaine Anne Savelli, avec laquelle nous vous proposerons une rencontre et un atelier de lecture et de réflexion autour de la ville comme espace de la saturation (voir ci-dessous pour plus d’informations sur cette rencontre).

L’entrée est libre dans la limite des places disponibles.

Nous nous réjouissons de vous accueillir et d’échanger avec vous le 22 mars 2017,

L’équipe SpatiaLittés
spatialittes@gmx.fr

Matinée (9h30-12h45) :

Présentations de trois doctorantes (Résumés des intervenantes ci-dessous) et discussion avec Muriel Rosemberg (MCF en géographie à l’Université de Picardie Jules Verne)

 

  • « Entre immersion et objectivation : rendre compte de la congestion urbaine dans un contexte de rénovation urbaine à Chicago ». Éliane de Larminat, Doctorante en anglais à l’Université Paris Diderot :

« Dans les années quarante et cinquante, la ville de Chicago voit la mise en place de nouveaux outils pour la rénovation urbaine, entre action publique et action privée, ainsi que la construction d’un consensus civique autour de la nécessité d’une intervention chirurgicale massive sur le tissu urbain. La prescription d’une forme urbaine neuve s’appuie en premier lieu sur la présentation d’un ensemble de problèmes urbains, pour produire une conscience civique de malfonctionnements justifiant intervention. L’un des motifs de cette vision urbaine est la congestion, à la fois densité excessive et mauvaise hétérogénéité. Dans les différentes formes employées pour présenter ces problèmes au public de Chicago, qu’il s’agisse de publications, d’expositions ou de visites guidées de certains quartiers, l’image (photographique ou sous forme de monstration commentée) permet de rendre évidente la saturation des espaces. Dans ces alliages de texte et d’image, entre description et prescription de l’expérience de la ville, se construit une subjectivité urbaine à la fois immergée et détachée. Cette nouvelle subjectivité permet en dernier recours de radicales redéfinitions sociales par le biais de la transformation spatiale ».

 

  • « Villes parallèles, de l’espace saturé à l’espace vidé. L’exemple du Paris romanesque au XIXeme siècle ». Noémie Boeglin, Architecte et doctorante en histoire moderne et contemporaine à l’Université Jean Monnet Saint-Étienne :

« Ville Lumière, ville d’affaires, centre du commerce, du luxe et de la vie mondaine… Les qualificatifs affectés à la ville de Paris peuvent être nombreux. Elle est pleine de vie. Profitant largement des vagues d’exode rural qui émaillent le XIXème siècle, la ville, si nous nous autorisons cette personnification, croît de façon inégale au fil des décennies. Passant de 548 000 habitants en 1801 à 2 715 000 en 1901, l’espace urbain, enserré dans des corsets successifs, bourdonne, palpite pratiquement selon le même rythme que sa population… La densité parisienne contribue largement à un effet de saturation de l’espace, difficilement supportable pour certains.

La ville grouille de jour comme de nuit, elle ne dort jamais, elle est traversée par d’innombrables types de véhicules différents qui encombrent ses rues, par des flux de voyageurs, par les moyens de communication en plein développement.

Néanmoins, il est également possible de la regarder sous un autre angle, d’adopter un autre point de vue. Cette vie incessante, ces activités réparties dans la journée comme dans la nuit suivant un rythme pendulaire séculier, ces trajets ininterrompus, ces flux de foules se succédant les uns aux autres, comme des vagues se heurtant aux façades des maisons, ne peuvent-ils pas être considérés comme étant trop présents, trop intenses, trop « étouffants » ?

La littérature, lieu d’expérimentation possible de la ville, nous offre des représentations divergentes. La ville de Paris y apparaît comme un maelstrom bourdonnant, vrombissant, dans lequel les personnages sont isolés, se noient progressivement dans la masse indistincte d’une foule anonyme, soulignée par Colette Pétonnet. Les romanciers se servent de cette « pellicule protectrice » de l’anonymat pour leurs personnages en mettant en scène une capitale fréquemment vide, tout au moins vidée de ses habitants. Leurs personnages évoluent dans une capitale désertée, qu’il est aussi possible de considérer comme endormie, abandonnée, voire morte (Boeglin, 2016)… selon les champs lexicaux dont ils se servent pour la décrire.

A travers des exemples issus de la littérature romanesque du XIXème siècle, nous allons dresser un portrait de cette ville de Paris grouillante, affairée ou mieux « saturée » et pourtant « vidée » par les auteurs ».

 

  • « Les parisiens, à l’assaut du chemin de fer ». Constance Barbaresco, Doctorante en littérature à l’EHESS

« La prise d’assaut des moyens de transports par les parisiens constitue une image prégnante de la partie de campagne au XIXe siècle. Celle-ci repose sur une foule fiévreuse qui assiège les guichets de gare, le matin des dimanches de printemps. Cette imagerie de la fuite d’une capitale mortifère est associée aux romans naturalistes et décadents, avec Zola, Maupassant, ou encore Louis Morin et les frères Goncourt. Pourtant, les écrits publiés peu après l’inauguration du transport ferroviaire dans les environs de Paris, semblent déjà mettre en récit cette prise d’assaut. Cette présentation propose ainsi de revenir sur les premières mises en texte d’une saturation de la gare et du chemin de fer, qui se produit lors des sorties dominicales des parisiens » .

Après-midi (à partir de 14h30) :

atelier de lectures et Rencontre avec l’écrivaine Anne Savelli

 

  • « Compter sur l’inépuisable du monde », Anne Savelli

Née en 1967, Anne Savelli publie son premier texte en 2007, Fenêtres/Open space (Les Mots et le reste), journal d’un trajet de métro aérien, tentative d’inventaire et de classement du réel urbain. Entreprises poétiques d’observation et de saisie du monde, ses textes font de la ville – notamment Paris et Marseille- des espaces de captation, voire de projection de l’intime. Paru en 2010, Franck (éd. Stock) est ainsi le récit, tout en retenue, d’une histoire partagée entre un jeune homme et la narratrice, à travers une errance de lieu en lieu (villes, trains, squats et appartements). Elle en propose un prolongement numérique avec Thierry Beinstingel, Autour de Franck (publie.net, 2011). Elle explore la même année dans Des Oloé : espaces élastiques où lire où écrire (D-Fiction) le revers de la saturation en cherchant des lieux où il soit possible de lire ou d’écrire. Décor Lafayette (Inculte, 2013) inaugure le projet d’un triptyque sur la notion de « décor » urbain par une véritable flânerie depuis le XIXème arrondissement parisien jusqu’aux Grands Magasins. Le deuxième volet, Décor Daguerre (Éditions de l’Attente, mars 2017) est à paraître. Il s’agira une fois encore d’y suivre les pas d’ « une femme qui crée et se déplace ». Anne Savelli tient également un blog et fait partie du collectif L’aiR Nu, radio littéraire numérique.