L’IMAGINAIRE SOCIAL : ITINÉRAIRE SÉMANTIQUE, FORMES, ACTUALITÉ.
L’imaginaire social est une notion paradoxale ; caractéristique que résument le célèbre article de Patrice Leblanc : « L’imaginaire social. Note sur un concept flou »[1] et le thème du colloque de Montréal des 14, 15 et 16 Septembre 2017 : « Le concept d’imaginaire social : Nouvelles avenues et nouveaux défis ». En effet, elle suscite un engouement. Mais elle demeure peu conceptualisée. Cela a l’inconvénient de la rendre instable et l’avantage de la rendre dynamique.
L’intranquillité sémantique qui structure ce concept et qui l’allie à celui de l’insignifiance (Castoriadis) nourrit les approches suivantes. Pascal Ory dans L’histoire culturel[2] présente l’imaginaire social comme objet de l’histoire culturelle mais ne la définit pas. Pour les historiens du culturel, il permet de penser la dimension performative des représentations. Paul Ricoeur[3] retient qu’il est une « dialectique de l’innovation et de la sédimentation ». En outre, si pour Guillaume Pinson « l’imaginaire social est une forme de mise en récit particulièrement significative, activée à un moment de son histoire »[4], Pierre Popovic soutient qu’il « est ce rêve éveillé que les membres d’une société font à partir de ce qu’ils voient, lisent, entendent, et leur sert de matériau et d’horizon de référence pour tenter d’appréhender, d’évaluer et de comprendre ce qu’ils vivent ; autrement dit, il est ce que ses membres appellent la réalité »[5].
C’est le lieu de rappeler que l’imaginaire social est un concept forgé par Cornelius Castoriadis[6] pour désigner l’ensemble des représentations propres à un groupe social. Partant du constat qu’une société est un ensemble de significations sociales imaginaires incarnées par des institutions qui l’animent, il affirme que l’imaginaire social est « une création incessante et essentiellement indéterminée de représentations du monde et de formes de vie ». L’imaginaire social se situe alors au point de rencontre entre les théories de l’histoire et de la société et les théories du langage et des représentations. Aussi, fait-il l’objet d’une littérature abondante qui lui confère un vaste champ sémantique et impose de nombreuses interrogations : Quelles pourraient être ses limites épistémologiques ? Comment l’appréhender dans une œuvre littéraire ? Quel peut être son actualité et son apport dans le processus mondialisant qui a accentué l’individualisation des mœurs, le triomphe de l’économie libéral et le déclin des institutions ?
Il s’agira pour nous d’entreprendre une lecture transversale aux fins de l’appréhender dans son essence conceptuelle, son itinéraire sémantique, sa mise en forme et son actualité.
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Les propositions de communications compteront environ 300 mots et seront accompagnées d’une brève notice biobibliographique. Elles doivent être envoyées à Adama Samaké (adamasamake81@yahoo.fr) et Bidy Cyprien Bodo (cyprienbodo@yahoo.fr) au plus tard le 31 Mai 2018.
La journée d’études se tiendra à l’Université Félix Houphouët Boigny le 18 Juillet 2018.
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Comité de coordination
Responsables :
Profs. Adama Samaké et Bidy Cyprien Bodo
Université Félix Houphouët Boigny de Cocody/Abidjan
UFR Langues, Littératures et Civilisations
Département de Lettres Modernes
BP V 34 Abidjan
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Bibliographie sélective
Caiozzo Anna, Demartini Anne-Emmanuelle, Monstre et imaginaire social : approches historiques, Paris, CREAPHIS, 2008.
Castoriadis, Cornelius, - L’imaginaire comme tel, Paris, Hermann, 2008.
- L’institution imaginaire de la société, Paris, Seuil, coll. « Points », 1975.
Castoriadis, Cornelius, Ricœur Paul, Dialogue sur l’histoire et l’imaginaire social, Paris, Éditions de l’École des hautes études en Sciences sociales, 2016.
Leblanc Patrice, « L’imaginaire social. Note sur un concept flou » in Cahiers internationaux de sociologie, Nlle Série Vol. 97, Le cours des âges, Juillet-Décembre 1984, pp. 415 - 434.
Miranda Michel, La société incertaine : pour un imaginaire social contemporain, Paris, Librairie les Méridiens, 1986.
Ory, Pascal, L’histoire culturelle, Paris, PUF, 2004.
Pinson Guillaume, « Imaginaire social » in Socius : ressources sur le littéraire et le social (en ligne) www.ressources.socius.info/index.php/lexique/21-lexique/156-imaginairesocial consulté le 12/11/16.
Popovic Pierre, - La mélancolie des misérables. Essai de sociocritique, Montréal, Le Quartanier, 2013.
- Imaginaire social et folie littéraire. Le second empire de Paulin Gagne, Presses de l’Université de Montréal, 2008.
Robin Regine, « Pour une sociopoétique de l’imaginaire social » in Neefs Jacques et Ropars Marie-Claire (Sous la Direction de), La politique du texte. Enjeux sociocritiques. Pour Duchet, Lille, Presses Universitaires de Lille, 1992, pp. 95 – 121.
[1] - Patrice Leblanc, « L’imaginaire social. Note sur un concept flou » in Cahiers internationaux de sociologie, Nlle Série Vol. 97, Le cours des âges, Juillet-Décembre 1984, pp. 415 - 434.
[2] - Pascal Ory, L’histoire culturelle, Paris, PUF, 2004.
[3] - Dialogue sur l’histoire et l’imaginaire social, Paris, Éditions de l’École des hautes études en Sciences sociales, 2016.
[4] - Guillaume Pinson, « Imaginaire social » in Socius : ressources sur le littéraire et le social (en ligne) www.ressources.socius.info/index.php/lexique/21-lexique/156-imaginairesocial consulté le 12/11/16.
[5] - Pierre Popovic, La mélancolie des misérables. Essai de sociocritique, Montréal, Le Quartanier, 2013.
[6] - L’imaginaire comme tel, Paris, Hermann, 2008.