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Géographie, mythe, conte, archétype

Géographie, mythe, conte, archétype

Publié le par Ivanne Rialland (Source : Maria Gal)

JOURNEE D’ETUDES INTERDISCIPLINAIRE SCIENCES HUMAINES ET LITTERATURE 

Géographie, mythe, conte, archétype

Le samedi 23 novembre 2013, au Département de Géographie, Université de Genève, Uni Mail, salle M6220 (6e étage, côté bd Carl-Vogt), 9h30-17h00 

 

Comité d’organisation : Maria Gal, Bertrand Lévy, Jean-Christophe Loubier

Comité scientifique :  Jérôme David, Laurent Matthey, Claude Raffestin, Renato Scariati, Véronique Stein

Institutions organisatrices : Groupe de recherche GeoLitt, Département de Géographie et Environnement,  Université de Genève  & Institut Entrepreneurship Management, HES SO Valais

Programme

9h20 : Accueil et Introduction au Colloque

9h30 : Sylvain Briens, Université de Paris IV-Sorbonne (Littérature et histoire culturelle scandinave), La réécriture géographique du mythe : les deux Odyssées d'Eyvind Johnson.

10h20 : Estelle Sohier, Université de Genève (Géographie et Environnement), Photographie et mythe au service du politique. La création d'un haut-lieu (Olympe, Grèce, 1913)

11h10 : Anne Coldefy-Faucard, Université de Paris IV-Sorbonne (Etudes slaves), La géographie, "expression la plus parfaite de la science et du lyrisme" (Nikolaï Gogol, 1829)

12h00 Pause-repas

13h30 : Jean-Baptiste Bing, Université de Genève (Géographie et Environnement), Le conte comme expérience de pensée

14h20 : Jean-Christophe Loubier, HES SO Valais (Entrepreneurship Management), Le conte de la Chèvre d’Or et son territoire

15h10 : Maria Gal, Université de Genève (Langue et littérature françaises modernes), Le mythe comme herméneutique de la ville

16h : Bertrand Lévy, Université de Genève (Géographie et Environnement), Archétypes métropolitains

16h50 : Conclusion du Colloque

(17h : fermeture du bâtiment)

 

 

Argumentaire

   Quels sont les rapports entre la géographie (et l’espace de manière plus générale), le mythe, le conte et l’archétype ? Vaste question dont notre colloque va s’efforcer de débattre, en convoquant des notions théoriques originales, en questionnant les langages géographique, historique et littéraire, leur contenu mythico-magique et métaphysique, leurs modes d’expression, leurs conceptions herméneutiques. Nous ne cherchons pas à prolonger le vieux débat qui oppose science et métaphysique, mais plutôt à redonner sens au discours mythique et symbolique trop souvent oblitéré dans les sciences humaines par un rationalisme exclusiviste. Certes, le monde des mythes et des contes est parfois très éloigné du concept scientifique, car il repose sur le rêve et l’expérience et se traduit par une narration accordant une large place à l’imaginaire. Notre colloque va tenter de (re)tisser des liens entre une conceptualisation en science humaine et une pensée mythico-magique, de manière à inclure dans la réflexion des modes d’expression où le conscient s’entrelace avec l’inconscient, le fantasmatique avec le rationnel, l’imaginaire avec le réel (Georges Gusdorf, Mythe et métaphysique[1]).

   Claude Raffestin dans son Cours d’Histoire et Epistémologie de la géographie (Université de Genève, 1984-2000) affirmait que l’opposition entre mythe et science n’est pas si nette qu’on veut bien le dire. En effet, les disciplines scientifiques ont souvent une préfiguration mythique : elles ont été précédées par des tentatives d’explication, pas irrationnelles, mais analogiques, métaphoriques. Ce qui fut l’objet des mythes est devenu objet des disciplines actuelles. Hans Blumenberg, cité par le même auteur, avance : ce que la science répète, le mythe l’avait déjà suggéré. En parlant de L’Homme et la Terre d’Eric Dardel, Claude Raffestin précise[2] :

 « Chez Dardel, il n'y a pas de rupture, pas de discontinuité entre le mythe et le logos, entre le religieux et la logique ; il poursuit une «totalité» et il a simultanément besoin de la parole du mythe et de l'ordre du logos qu'il ne confond pas, certes, mais qu'il ne dissocie pas non plus : « tout ce qui est n'existe que s'il est fondé »... « et c'est le mythe qui valide et fonde la réalité»[3] écrit-il à propos de certaines sociétés primitives. Cet espace mythique n'implique nullement la confusion des lieux, il est conditionné par une hiérarchie de valeurs, à partir d'un « centre » sur lequel on s'oriente : « L'expérience du sacré est inséparable ici d'une appréhension esthétique, comme nous le rappelle le sens complexe des mots cosmos et mundus»[4]. Pour Dardel, l'appréhension esthétique est consubstantielle à la relation à la terre et elle est à l'œuvre dans la géographie héroïque «depuis le poème épique, Odyssée ou Enéide, jusqu'aux sagas nordiques, en passant par les contes islandais, les romans de chevalerie du cycle breton, les légendes germaniques» »[5].

 

  Il s’agira également de ne pas oublier la dimension poétique des mythes et des contes, lesquels se déroulent dans des espaces géographiques très divers (ville, plaine, forêt, montagne, île, mer, ciel…). Comme l’affirme G. Gusdorf, l’interprétation des mythes et des contes « ne peut adopter les modalités d’un déchiffrement littéral, comme s’il s’agissait de dévoiler un sens caché derrière les images ; la clef des symboles n’est pas un vocabulaire terme à terme, ou un système de computation (…). Le mythe ne doit pas être pris au mot, mais pris au sens. Le contenu latent des productions mythiques expose une analogie générale des valeurs à l’échelle humaine»[6].

 

   Enfin nous pourrons évoquer l’archétype. Cette construction psychologique individuelle mais de portée universelle, que l’on peut retrouver à l’aide de l’interprétation des rêves (C.G. Jung), nous semble une notion pertinente pour interpréter la transcription en littérature d’expériences géographiques personnelles. Pour Jung, les archétypes agissent comme des inducteurs d’association d’idées d’une étonnante stabilité, amorçant chez tous les humains des démarches analogues. Les mythes en tirent leurs motifs, d’où leur ressemblance à travers toutes les civilisations, et les symboles dont les mythes sont pétris encore plus directement (C.G. Jung, L’Homme à la découverte de son âme, 1882 ;  Métamorphose de l’âme et ses symboles, 1912)

 

  Publication : Une publication est prévue dans Le Globe 2014. 7 articles sont prévus, de format de ca 25 000 signes espaces compris, qui devront être écrits dans une langue évocatrice, claire et accessible au public du Globe. Celui-ci est constitué d’une part de scientifiques internationaux et d’autre part des membres de la Société de Géographie de Genève qui constituent un « grand public cultivé », passionné de géographie et de voyage. Les textes définitifs de ces articles devront être livrés le 20 février 2014. 

Site du Globe qui contient les instructions aux auteurs des articles http://www.unige.ch/ses/geo/publications/leglobe.html

(Le Globe est en train de faire l’objet d’une indexation et d’une mise en ligne exhaustive par Persée). 

Contacts : bertrand.levy@unige.ch  ou jchristophe.loubier@hevs.ch  organisateurs responsables