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Littérature, économie et morale au XVIIIesiècle (1). La pauvreté au féminin (Rennes)

Littérature, économie et morale au XVIIIesiècle (1). La pauvreté au féminin (Rennes)

Publié le par Marc Escola (Source : F. Magnot)

Journée d’étude.

Littérature, économie et morale au 18esiècle (1)

 La pauvreté au féminin

Jeudi 19 septembre 2019

Université de Rennes 2 Laboratoire CELLAM.

 

Issues d’une collaboration entre l’université de Nanterre et l’université de Rennes 2, ces deux journées d’étude articulées (Rennes 2 septembre 2019, Nanterre printemps 2020) se proposent de reprendre le dossier des représentations des pauvres et de la pauvreté dans l’écriture de fiction et le discours social. Les travaux des historiens portant sur les pauvres et la pauvreté sont nombreux, ils ont principalement exploré le mouvement de laïcisation et de sécularisation qui s’opère entre le début et la fin du 18esiècle de la charité à la bienfaisance Jean Starobinski a étudié dans la manière dont la littérature et les arts visuels, de Rousseau aux écrivains du xixesiècle, s’emparent du geste antique de la sparsiopour l’interroger et explorer les points aveugles des actions charitables[1]. Nous voudrions réfléchir à la manière dont les textes traitent de ces mutations du don aux pauvres en lien avec des réflexions sur les notions de valeur et de richesse et avec l’évolution de la sensibilité à l’inégalité des fortunes et des conditions. 

(1) La pauvreté au féminin 

La première journée, organisée le 19 septembre à l’université de Rennes 2, interrogera la dimension genrée de la représentation du secours aux plus pauvres, en explorant la spécificité des représentations de la pauvreté féminine. S’intéressant aux textes mais aussi à l’imaginaire social et culturel de la pauvreté au féminin, la journée est ouverte aux spécialistes de littérature mais aussi aux spécialistes des sciences humaines : historiens, philosophes, historiens de l’art, économistes, historiens de l’art et historiens du droit. 

De Marivaux à Laclos et jusqu’à Sade, la femme pauvre est héroïne vertueuse, victime sacrificielle pathétique, objet érotique ou matériau pornographique : il s’agira de déployer les divers usages de la figure et du personnage (de théâtre ou de roman) de la femme pauvre, comment il est éventuellement modifié et infléchi au cours de la période, notamment à travers les mutations et les ruses de la voix moraliste. Au-delà de la problématique de la prostitution qui menace topiquement les héroïnes pauvres et informe fréquemment (à l’état d’horizon, de possible ou de scénario réalisé dans les romans de prostituée par exemple) les intrigues romanesques et dramatiques, on se demandera comment se modifient également les programmes textuels et les horizons d’attente créés par la figure, en lien avec l’érosion d’un topos littéraire et les mutations de la sensibilité et des exigences de protection des plus faibles mais aussi d’une définition nouvelle des injustices. Que font les textes de la figure de la femme pauvre au xviiiesiècle, située au carrefour de discours moraux, moralisateurs, érotiques, économiques et politiques ?

(2) Les mutations de la charité

Le deuxième volet, celui de Paris Ouest Nanterre (prévu pour le printemps 2020) portera sur les usages de la charité et ses mutations philosophiques, politiques et littéraires. Si, en prenant le nom de « bienfait », l’acte charitable se déprend partiellement de sa finalité religieuse pour renouer avec une philosophie et une pratique cultivées dans l’Antiquité (dont Sénèque serait la figure de proue), l’opposition entre bienfaisance laïque et charité chrétienne n’apparaît pas toujours de façon évidente dans la fiction. Les auteurs s’efforcent-ils de distinguer entre bons et mauvais bienfaiteurs, et surtout de définir ce qui serait des bons et des mauvais pauvres ? Les textes de fiction permettent-ils de dessiner une économie de la charité ? Quelle représentation donnent-ils des établissements de bienfaisance, dont la légitimité sera régulièrement interrogée depuis Mandeville (Essai sur la charité), jusqu’à la Révolution ? Quelle lecture la fiction propose-t-elle de la figure du pauvre, et de quelle façon participe-t-elle du débat engagé par la philosophie politique et morale des Lumières sur le don et la bienfaisance ? Telles sont quelques unes des questions que cette deuxième journée posera.

*

Les propositions de participation (un titre et 10 lignes de résumé maximum) pour la première journée sont à envoyer conjointement à Florence Magnot-Ogilvy et à Stephane Pujol, organisateurs des deux journées avant le 15 mai 2019.

Contact :

florence.magnot-ogilvy@univ-rennes2.fr

et

pujolstephan@gmail.com

 

 

[1]Jean Starobinski, Largesses, Gallimard, édition revue et corrigée en 2007.