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Despotes et despotismes dans les œuvres du Groupe de Coppet

Despotes et despotismes dans les œuvres du Groupe de Coppet

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Florence Lotterie)

On commémorera, en 2015, le Bicentenaire de la fin de l’Empire. Le Xe Colloque de Coppet, organisé sous l’égide de l’Institut Benjamin Constant au Château de Coppet et à l’Université de Lausanne, et placé sous le traditionnel patronage de la Société des études staëliennes, l’Association Benjamin Constant et l’Associazione di Studi Sismondiani, s’interrogera, à l’automne 2014, sur les modalités de sortie de l’Empire dans l’orbe de Coppet et de ses héritages (Comment sortir de l’Empire ? Le Groupe de Coppet face à la chute de Napoléon, 1er-3 octobre, Coppet-Lausanne). En guise de contrepoint à cette actualité, une Journée d’étude internationale, programmée le 22 mai 2015 et généreusement accueillie à Genève par la Fondation Bodmer, se propose une interrogation à nouveaux frais sur les modalités et les enjeux de l’imaginaire et de la théorisation du despotisme dans les œuvres majeures du Groupe de Coppet.

On pourra notamment opérer des confrontations, que ce soit avec des contemporains (Chateaubriand, les Idéologues…), avec une tradition de philosophie politique antécédente, pro (héritage libéral de Montesquieu) contra (récusation d’un Hobbes défini comme « l’homme qui a le plus spirituellement réduit le despotisme en système[1] ») ou en dialogue (Machiavel et le républicanisme civique) – s’interroger sur l’importance de Necker, ou encore, en aval, à des lecteurs qui, à distance, auront pu puiser dans les œuvres coppétiennes de quoi informer leur regard et leur action sur leur présent politique.

On s’intéressera également aux figures de despotes et aux types de récits qui les impliquent (en examinant, par exemple, les significations de leur récurrence, les modalités de leur mise en série, le travail du parallèle et des métaphores, etc), sans négliger les œuvres de fiction[2], tout en se gardant d’oublier que le despotisme, comme tel, est bien, chez les lecteurs conséquents de De l’esprit des lois que furent les écrivains de Coppet, un système doté d’une logique propre, à travers lequel interroger une tension problématique entre permanence du type (qui informerait en particulier la figure ambivalente du monstre) et processus historique orienté par la dynamique de la perfectibilité et de la liberté[3].

Une série de questions se trouve ainsi convoquée. La première pourrait concerner l’écriture et ses modes. Comment la fiction permet-elle de configurer les conflits propres à ce qu’on peut appeler l’expérience despotique ? De quelle manière celle-ci permet-elle d’articuler diverses tonalités de discours (tragique, satirique, etc) ? Par ailleurs, si le despote apparaît comme une résistance au mouvement de l’histoire, quels sont toutefois les agents du despotisme ? Dans quelles régions sociales, et pour quels effets, est-il susceptible de s’imposer ? N’y a-t-il pas, à cet égard, des despotismes ? Comment distinguer despotes « anciens » et despotes « modernes » ? Existe-t-il un régime vraiment pur de toute tendance au despotisme, ou vraiment apte à en neutraliser la tentation toujours renaissante ? Le remède est-il dans les lois ou dans la vertu ?

La pensée libérale de Coppet n’a-t-elle pas précisément travaillé à explorer cette frontière labile de la morale et du politique, de l’individu et du citoyen, où la passion de soi et celle du bien commun menacent d’échanger leurs rôles, non sans que joue à cet égard l’ambiguïté de la servitude volontaire et, plus généralement, la dualité morale de l’homme[4] ? Ce faisant, elle est un des socles de la pensée de la résistible ascension des tyrannies et des formes de la liberté de décision humaine dans l’histoire, comme de celle des équivoques et des obscurités du « moi », qu’elle n’aura cessé d’appeler à sacrifier sa jouissance à son devoir et les circonstances aux principes.

 

Les propositions de communication, sous la forme d’un résumé de 3500 à 5000 signes, devront parvenir au plus tard le 1er octobre 2014 à Florence Lotterie (florence.lotterie@univ-paris-diderot.fr), Léonard Burnand (Leonard.Burnand@unil.ch) et Francesca Sofia (francesca.sofia@unibo.it).