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Dire, montrer l’école dans la littérature et dans les arts (Rennes)

Dire, montrer l’école dans la littérature et dans les arts (Rennes)

Transversales 2018 – Enseigner, transmettre dans la littérature et dans les arts

Journée d’étude (CELLAM) :

« Dire, montrer l’école dans la littérature et dans les arts »

Rennes, jeudi 25 octobre 2018

 

            Appel à communications

            La huitième édition du festival Transversales porte son attention sur la façon dont les arts et la littérature représentent, questionnent et bousculent les notions de transmission et d’enseignement : comment l’œuvre d’art met-elle en scène l’école, de la maternelle à l’université ? Que peut enseigner ou transmettre la littérature, le cinéma ou toute pratique artistique ? Réunissant professionnels de la culture, enseignants, chercheurs, artistes et écrivains, le festival Transversales s’organise autour de rencontres, tables rondes et conférences.

            Sollicitant des chercheurs de divers horizons disciplinaires, notre journée d’étude choisit d’approfondir une perspective : « Dire, montrer l’école dans la littérature et dans les arts. »

            Il s’agira d’examiner comment l’environnement scolaire – depuis les plus petites sections des écoles maternelles jusqu’aux bancs des universités, sans oublier les structures à la marge ou hors du système institutionnel – est représenté dans différentes œuvres littéraires et artistiques, que l’école en soit le sujet principal, un support de création ou une toile de fond. Au cœur de notre interrogation se pose donc la question des représentations que paraît susciter l’école prise au sens large, ses réappropriations artistiques, réalistes ou fictionnelles, et l’investissement imaginaire dont elle est le support.

            Cette thématique, qui a suscité un certain nombre de recherches collectives récentes[1], n’a pas encore donné lieu à un traitement global visant les représentations du système scolaire – le fonctionnement de l’école tel qu’il est saisi par la littérature et les arts. C’est pourquoi nous interrogerons ces représentations et les images de l’école qu’elles produisent : peuvent-elles fonder un imaginaire littéraire, cinématographique, télévisuel (cette liste n’est pas exhaustive) de l’école ? De quelle façon cet imaginaire façonne-t-il en retour une image idéalisée de l’école ? A-t-il un rôle social ? Pourquoi l’école – lieu commun par excellence, en particulier lorsque l’instruction est obligatoire – se prête-t-elle particulièrement à la représentation ? Comment analyser le vaste corpus littéraire et cinématographique prenant l’école pour objet ? Faut-il établir une distinction entre des représentations réalistes et fictionnelles de l’école et de ses enjeux ?

            Les propositions pour cette journée d’étude, qui s’adresse aux chercheurs de diverses disciplines abordant un corpus littéraire ou artistique, pourront être orientées autour de trois interrogations principales (mais pas exclusives) :

1. L’imaginaire de l’école : comment la littérature et les arts créent-ils un imaginaire scolaire ?

Il s’agira de s’interroger sur la portée configurante des représentations de l’école construites dans les œuvres étudiées. On entendra imaginaire à la fois dans sa dimension sociale (l’imaginaire social en tant qu’ensemble de représentations faisant sens pour une communauté, et porteur d’effets concrets sur les pratiques et les comportements) et dans sa dimension littéraire (l’imaginaire renvoyant à la capacité d’imagination à la source de nombreuses œuvres : il est en ce sens vecteur de fiction, mais « [il] s’inscrit indéniablement au cœur de notre rapport au monde, de cette confrontation au réel[2] »).

  • L’espace de l’école et ses représentations, de la salle de classe au CDI ou à la bibliothèque en passant par les couloirs, le bureau du ou de la proviseur.e, la cour de récréation, la cafétéria, etc. 
    • Ces espaces sont-ils traités de la même façon selon le genre convoqué (réaliste, documentaire, merveilleux, relevant de la fantasy…) ? On opposera par exemple les scènes de réfectoire dans Harry Potter des scènes de cantines dans des productions réalistes.
    • On pourra également s’interroger sur certains lieux récurrents : le pensionnat, les confréries universitaires et les lieux de vie communs…
  • La mise en récit de l’école : quels sont les types de récits canoniques ? Peut-on identifier des schémas narratifs conventionnels ou divergents ? Y a-t-il un personnel narratif associé à l’imaginaire scolaire ? Comment est-il abordé ?
    • On pourra par exemple s’intéresser au corpus de littérature jeunesse qui prend pour cadre l’école (Daniel Pennac, Susie Morgenstern, Ah ! Ernesto de Marguerite Duras…) : comment analyser ces récits et leurs fonctions ?
    • On s’interrogera en particulier sur la nécessité, dans les œuvres narratives (littéraires, cinématographiques, séries…) relevant du domaine de l’imagination (fantasy, science-fiction, merveilleux…[3]), d’inclure une ou plusieurs scènes d’école ou un espace réservé à la transmission. Peut-on présenter un monde fictif sans évoquer la question de la transmission et de l’éducation ? Un univers fictionnel est-il incomplet sans la présentation de son propre système scolaire ?
    • Dans cette même lignée, on pourra réfléchir à la dimension « conservatrice » de certaines représentations scolaires (exemple : Harry Potter ou A La croisée des mondes et l’imaginaire d’Oxford) : en quoi ces œuvres fictionnelles entretiennent-elles une définition traditionnelle de la transmission comme rapport d’autorité vertical et hiérarchique ?
    • On pourra également s’interroger sur la dimension souvent anachronique de ces représentations (exemple : Kaamelott et sa représentation de l’enseignement).

2. Représenter l’école pour interroger le réel

On s’intéressera aux caractéristiques que les œuvres retiennent du système scolaire : quelles sont les images qui sont renvoyées ? L’école apparaît-elle comme un lieu accueillant ou au contraire effrayant ? Est-elle présentée comme un lieu d’échange, de partage, propre à favoriser la curiosité ou bien est-elle vue comme un espace discriminant, déconnecté de la réalité, sclérosé ? Cette image est-elle la même selon les niveaux scolaires envisagés ?

  • Les souvenirs, les réappropriations, les projections : l’école comme lieu commun (on pense par exemple à des œuvres mettant en scène des archives scolaires ou produisant un travail artistique à partir d’un matériau scolaire, comme Graveurs d’enfance de Régine Détambel ou la création chorégraphique In/Utile de la compagnie La Mentira – Leonardo Montechia, qui investit l’université à travers ses gestes – administratif, étudiant, enseignant, chercheur).
  • L’école : un microcosme de la société, de ses débats, de ses conflits ? En quoi représenter l’école peut-il permettre d’évoquer les conflits sociaux, d’interroger les évolutions de la société ?
    • Exemples : Entre les murs, F. Begaudeau / L. Cantet, L’Esquive, A. Kechiche, L’Auberge espagnole, C. Klapisch…
    • On pourra s’interroger en particulier sur la veine comique ou la satire scolaire comme genre (exemple : Une année au lycée, F. Erre, Carnets de thèse, T. Rivière).
  • La littérature et les arts peuvent-ils être un lieu de prescription pour un renouvellement des pratiques et des institutions scolaires ? 
    • On pense notamment aux « Droits imprescriptibles du lecteur » énoncés par Daniel Pennac (Comme un roman), à la catégorie des récits de cancres…
    • On pourra s’interroger sur l’exemplarité de telles œuvres : se veulent-elles prescriptives ? Sont-elles performatives ?

3. L’école idéalisée

Ce dernier axe concerne plus particulièrement les œuvres présentant des écoles alternatives, qu’elles relèvent de l’utopie classique (on pense à l’éducation du jeune Gargantua chez Rabelais) ou de projets idéalistes contemporains : en quoi la littérature et les arts peuvent-ils se faire porteurs de propositions concrètes pour un renouveau de l’école ? En quoi documentent-ils des entreprises hors du système établi ? Quel rôle peut jouer la fiction dans cette perspective ?

  • L’école hors de l’école, en tant que lieu mais aussi en tant que système d’interactions. Que reste-t-il de l’imaginaire scolaire lorsqu’on en quitte les murs ? Existe-t-il un imaginaire scolaire hors des murs de l’école officielle ? 
    • Exemple : Captain Fantastic
  • Ecole et utopie[4] : Quels sont les récits / œuvres / projets utopiques contemporains ? Comment comprendre et analyser les affinités entre cette dimension utopique et le genre documentaire ? 
    • On pense aux nombreux documentaires sur les écoles Montessori ou les écoles alternatives : Une Idée folle, J. Grumbach, Dans la classe de Sophie, Révolution école, J. Grudzinska, Ecole en vie, M. Syre…
    • On peut également évoquer les documentaires interrogeant les rapports à l’école selon les pays (Sur le chemin de l’école, P. Plisson, Ecoles autour du monde…).

 

La journée d’étude aura lieu le jeudi 25 octobre 2018.

Les propositions sont souhaitées pour le 2 mai 2018, et seront envoyées aux adresses suivantes : gaelledebeaux@gmail.com, clemence.aznavour@gmail.com, adeline.latimier@gmail.com.

 

 

[1] On signalera ainsi deux colloques récents, Figures de l’étudiant de l’Antiquité au XXIe siècle. Entre communauté et marginalité, qui a eu lieu à l’université Bretagne Sud (Lorient) en décembre 2016, et La figure de l’enseignant dans les littératures française et francophone, qui a eu lieu à la Faculté des Lettres de Manouba en janvier 2017, une journée d’étude, La Leçon en fiction (XIXe-XXIe siècles), qui a eu lieu à l’université Denis Diderot en mars 2017, ainsi qu’un numéro de la revue Syn-thèses, dont la parution est en cours, portant sur L’enseignant en tant que personnage romanesque : modèle et contre-modèle, et un ouvrage collectif, L’Ecrivain et son école (XIXe – XXe siècles) : je t’aime moi non plus, paru en 2017 sous la direction de Martine Jey, Pauline Bruley et Emmanuelle Kaës (Paris, Hermann).

[2] Jean-François Chassay et Bertrand Gervais, « Avant-Propos », Les Lieux de l’imaginaire, J.-F. Chassay et B. Gervais (dir.), Montréal, Liber, 2002, p. 11.

[3] Nous renvoyons ici à la définition proposée par Anne Besson et Evelyne Jacquelin de la littérature de l’imaginaire : il s’agit de « l’ensemble des fictions affichant une distance ontologique avec notre monde de référence » (Simon Bréan, « Anne Besson et Évelyne Jacquelin (dir.), Poétiques du merveilleux. Fantastique, science-fiction, fantasy en littérature et dans les arts visuels », ReS Futurae n°6, 2015, en ligne : http://journals.openedition.org/resf/760).

[4] On entend ici l’utopie, au sens large, comme « système de conceptions idéalistes des rapports entre l'homme et la société, qui s'oppose à la réalité présente et travaille à sa modification ».