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Jouer l'actrice

Jouer l'actrice

Publié le par Jean-Louis Jeannelle (Source : Françoise Zamour)

 

Jouer l’actrice

 

Colloque organisé par l’Ecole Normale Supérieure, département d’histoire et théorie des arts et UMR 7172 THALIM-ARIAS, les 1er, 2 et 3 juin 2015.

 

En 1999, Pedro Almodóvar dédiait Tout sur ma mère “ à Bette Davis, Gena Rowlands, Romy Schneider, à toutes les actrices qui ont joué des actrices, à toutes les femmes qui jouent”.

Aujourd’hui, David Cronenberg et Olivier Assayas leur consacrent deux films en compétition à Cannes en 2014. Dans Maps to the Stars, comme dans Sils Maria, les protagonistes, incarnées respectivement par Julianne Moore et par Juliette Binoche, exercent le métier de comédiennes.

Films–portraits, mais également films dynamiques, tendus par les désirs et les projets du personnage, ces œuvres, pour venir colorer la sélection particulière du festival de Cannes, ne constituent pas, cependant, une nouveauté dans l’histoire du cinéma.

A l’heure où Nicole Kidman prête ses traits à Grace Kelly, on peut aussi rappeler le souvenir de Sarah Bernhardt, qui, en 1913, interprétait Adrienne Lecouvreur devant la caméra de Louis Mercanton et Henri Desfontaines, ou de Cate Blanchett, tentant, dans Aviator, de ressusciter Katharine Hepburn. De même, jouer Arkadina au théâtre, Adrienne Lecouvreur à l’opéra constituent comme des passages obligés de la carrière des comédiennes. Sans parler, bien entendu, de films comme Eve ou Opening Night, qui interrogent, à partir du personnage de l’actrice, la relation entre théâtre et cinéma.

Interpréter une actrice, réelle ou fictive, professionnelle ou amateure, semble constituer un moment clé de la carrière d’une comédienne. S’agit-il d’une forme de consécration ? d’une confrontation avec soi, à un moment charnière d’un parcours artistique ? Les rôles d’actrices matérialisent le choix, qui intervient à un moment spécifique de la carrière des interprètes, de faire un pari risqué : celui de mesurer son jeu à l’aune de celui d’une comédienne consacrée   ou  d’en doter une actrice fictive, au risque  du malentendu ou de la caricature.

 

Le colloque organisé en juin 2015 par l’Ecole normale supérieure portera sur les formes et les enjeux de l’interprétation, par une actrice, d’un rôle de comédienne.

Il ne portera pas essentiellement sur les personnages de comédiennes ou d’actrices, qui prolifèrent au cinéma comme au théâtre, mais sur la façon dont les actrices (réelles) interprètent les actrices (fictives ou légendaires). Comment figurer l’identité mouvante de l’actrice, comment alimenter ou dépasser les mythologies,  à quelle distance de soi, ironique ou annulée,  conduit le fait de jouer celle qui joue ? Entre court-circuitage de la fiction et menace du cliché, quelles voies se fraient celles qui doivent prendre en charge des comédiennes ratées, géniales, névrotiques, sacrifiées, mythiques, comment négocient-elles avec les mythologies et les auto-portraits?

 

Les communications pourront consacrer leur réflexion à une ou plusieurs interprétations particulières des rôles d’actrice.

On pourra envisager la manière dont le cinéma interroge, à partir de cette thématique, sa relation avec le théâtre, l’opéra, voire la représentation picturale de l’actrice.

On questionnera aussi la catégorie particulière de biopic que constitue la biographie d’actrice, en termes de narratologie, de réflexion sur le genre, de relation à l’icône.

Le jeu d’acteur, passé ou présent, professionnel ou amateur, permet également d’interroger le procédé.

On pourra aussi se demander comment le personnage de comédienne peut mettre en question la place de l’actrice dans l’économie de la production cinématographique, dans la relation avec le spectateur.

Les communications pourront porter sur les différences/ressemblances entre l’incarnation d’un acteur et celle d’une actrice, en termes d’études de genres, tant pour ce qui concerne leur incidence sur la technique de jeu, que pour leurs implications sociologiques.

 

Les propositions de communication, qui prendront la forme d’un abstract d’une dizaine de lignes, accompagnées d’une brève notice biographique, doivent être adressées avant le 1er novembre 2014 à francoise.zamour@ens.fr et à jean-loup.bourget@ens.fr.

 

Comité scientifique

Antoine de Baecque, professeur d’histoire et esthétique du cinéma à l’Ecole normale supérieure, Anne-Françoise Benhamou, professeure d’études théâtrales à l’ENS, Jean-Loup Bourget, professeur émérite à l’ENS, Marie-Madeleine Mervant-Roux, directrice de recherche au CNRS (UMR 7172 THALIM-ARIAS), Sophie Walon, doctorante en études cinématographiques à l’ENS, Françoise Zamour, enseignante en études cinématographiques à l’ENS. 

  • Adresse :
    ENS Ulm