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Appels à contributions
Jean Pélégri

Jean Pélégri

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Marta Segarra)

Expressions maghrébines
Revue de la Coordination internationale des chercheurs sur les littératures du Maghreb
www.limag.com/em.htm

Appel à articles :

Vol. 6, no 2, hiver 2007 : Appel à articles
JEAN PÉLÉGRI
Numéro coordonné par Anna Zoppellari
Date limite de soumission des articles : 31 janvier 2007

Le 24 septembre 2003, l'écrivain Jean Pélégri mourait, en laissant une oeuvre dense de poésie et de questions irrésolues. Quatre ans après, la revue Expressions maghrébines lui dédie un numéro. Quels problèmes, quelles attentes et quelles perspectives pose un choix de ce type dans une revue consacrée à la littérature maghrébine ?
Écrivain français né en Algérie, Jean Pélégri appartient à une génération qui a vécu avec passion mais non sans difficulté le passage de la période coloniale à celle de l'indépendance. Si son oeuvre est centrée sur la terre natale, elle semble destinée à rester marginale par rapport à celle de beaucoup d'autres grands écrivains maghrébins ou liés au Maghreb par leur naissance ou par leurs choix existentiels. Personne ne pourra néanmoins oublier la force qui fonde l'écriture d'un roman comme Le Maboul ou l'écho d'un livre d'amour pour le père et pour l'Algérie comme Les Oliviers de la justice.
L'oeuvre de Pélégri se caractérise par une forte tension éthique qui accompagne une écriture assez travaillée et attentive aux ouvrages des écrivains contemporains. Sans oublier de dénoncer la colonisation et ses abus, l'écrivain s'adonne à une analyse des liens quotidiens entre les individus, donne la parole aux humbles de l'histoire et essaie de dévoiler les logiques souterraines qui en déterminent les actions.
Le lien avec la terre natale s'établit au double niveau mémoriel et mythique : rétablir une mémoire personnelle et collective et faire resurgir l'imaginaire qui se cache sous la surface. L'acte créatif s'articule à partir de deux impératifs qui en déterminent les choix thématiques et stylistiques : « dire vrai » et « dire juste » fondent une remise en cause personnelle et collective ainsi que l'idée de reconstitution d'une fraternité entre les individus.
Dans cette oeuvre où le vraisemblable et l'imaginaire coexistent, le sentiment de l'exil se fonde sur la conscience que le retour est impossible et que la terre d'origine n'existe plus. L'écriture devient alors une façon de porter remède à la séparation. Si la fonction morale semble préliminaire, l'écriture maintient néanmoins une autonomie et une valeur non mineures, et elle devient le lieu d'une tentative de rencontre entre les êtres et les langages.
Voilà quelques lignes de recherche à approfondir, mais les travaux pourront aussi interroger le rapport entre l'histoire et l'écriture, l'influence des cultures française et maghrébine, les traces que l'autre a laissées dans le moi. On pourra de même analyser l'imaginaire qui s'articule autour de quelques figures mythiques et littéraires et considérer les résonances différentes qui le composent : écriture-mémoire, écriture-confession, symboles et vie quotidienne, et tout concours à la constitution d'une oeuvre stratifiée, presque tectonique.
Une relecture de l'ensemble de la production romanesque, poétique et théâtrale permettrait d'aller plus loin dans la connaissance de celles-ci et de retrouver l'oeuvre d'un écrivain attentif à la contemporanéité littéraire ainsi qu'à la culture nord-africaine. Les auteurs des travaux peuvent aussi effectuer une lecture personnelle où l'écriture soit mise en valeur, dans le but de retrouver la centralité d'un écrivain qui a vécu dans un hiatus de l'Histoire et qui a fait de sa condition paradoxale le moteur d'une production littéraire faite de passion et de raison à la fois.