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Revue Littérature : "Jean Paulhan. Archives et histoires littéraires"

Publié le par Université de Lausanne (Source : Baillaud)

Revue Littérature : "Jean Paulhan. Archives et histoires littéraires"

 

PRÉSENTATION

Le discours critique de Jean Paulhan apparaît comme aussi éloigné que possible de l’histoire littéraire. L’ordre chronologique n’est pas son fait. Aucun des textes publiés par Jean Paulhan ne porte spécifiquement sur une période déterminée de l’histoire littéraire ancienne. L’exhaustivité, par ailleurs hors d’atteinte, n’est pas son but.

Comme exécuteur testamentaire d’Albert Thibaudet, avec Léon Bopp, Jean Paulhan a pourtant été l’éditeur de la principale histoire littéraire du milieu du XXe siècle, L’Histoire de la littérature depuis 1789. Sa réflexion sur le langage est marquée par son dialogue avec les courants modernistes, dadaïstes et surréalistes. Une étude précise des références et des notes de bas de page montrerait que l’histoire littéraire nourrit le discours de Jean Paulhan, mais sur un autre plan, le plan critique, qui peut provisoirement être identifié au dialogue de la Rhétorique et de la Terreur — dans tous les cas que la question mérite d’être posée.

Réanimation de la maintenance issue des concours de poésie, destin critique de la rhétorique, dialogue de Joe Bousquet avec la fin’amor sont autant de traces d’une tradition sans restauration, et de son effacement attentif. Sur le plan individuel, les cas de Vallès, Rimbaud et Duranty pourront être étudiés sous ce jour. Sur le plan collectif, la non-coïncidence de la Rhétorique et de la Terreur avec le classicisme et le romantisme est une des clés d’un projet global, mais qui ne parvient pas à faire système. En conservant ses archives, Jean Paulhan a-t-il ménagé les conditions d’une écriture nouvelle de l’histoire littéraire ? Ce que nous savons de sa bibliothèque nous permet-il de le lire autrement ?

Inadéquation des catégories littéraires collectives et du discours critique individualisé, déstabilisation de l’opposition entre classicisme et romantisme par le dialogue, inévitable et impossible, de la Rhétorique et de la Terreur, refus d’assimiler les vivants aux morts, mais élection de plusieurs morts pour en faire les témoins des vivants, discours préfaciels et anthologiques, dans le sillage de Dominique Aury, tels sont les aspects dont nous voudrions interroger les traces (et les traces d’évitement), afin d’analyser l’histoire littéraire à l’œuvre chez Jean Paulhan, son devenir et ses réfractions.

En nous fondant sur le discours de Jean Paulhan sur les plantes, le temps qu’il fait et les animaux, nous irions volontiers jusqu’à bâtir une zoo-narratologie doublée d’une éco-rhétorique si l’on nous en donnait la licence. Mais il ne s’agit pas de cela. Disons plus sérieusement que Jean Paulhan vise une rhétorique et une histoire littéraire informelles, comparables à l’art du même nom, faites d’allusions et d’ellipses ; et que l’immense correspondance qu’il mène peut être lue comme une histoire littéraire en acte.

On évitera de traiter le Classicisme, le Romantisme et le Surréalisme comme les données d’une Histoire littéraire déjà écrite. Des études seront attendues, qui permettront d’interroger successivement la présence d’Albert Thibaudet auprès de Jean Paulhan et de sa pensée, le nécessaire silence dans lequel Jean Paulhan s’est tenu, au sujet de Maurice Blanchot, enfin l’aimantation négative de la pensée de Jean Paulhan par rapport à celles de Roland Barthes et de leurs suiveurs respectifs. Pour renouveler la réflexion, on veillera à ne pas raisonner exclusivement dans le langage des réseaux littéraires.

La revue Littérature prévoit de consacrer un numéro entier à Jean Paulhan ; la remise des textes est fixée au 15 octobre 2019.

Contact : bernard.baillaud@wanadoo.fr