Essai
Nouvelle parution
J.-L. Guichet, Figures du moi et environnement naturel au XVIIIe siècle

J.-L. Guichet, Figures du moi et environnement naturel au XVIIIe siècle

Publié le par Université de Lausanne (Source : Jean-Luc Guichet)

Figures du moi et environnement naturel au XVIIIe siècle

Jean-Luc Guichet

Éditions de la Sorbonne

coll. La philosophie à l'œuvre

EAN : 9791035105921

Date de publication : octobre 2020

Nombre de pages : 204 — 19 €

 

Cet ouvrage articule deux notions fondamentales des Lumières : d’une part, le moi et, d’autre part, la nature proche, en rapport vécu avec l’homme, qui correspond avec quelques nuances à ce qu’on appelle aujourd’hui « environnement ». Si ces deux objets ont souvent été étudiés, c’est sans prendre en compte leur lien mutuel. Or, au sortir du xviie siècle, le moi, dépouillé par la critique philosophique de son armature d’âme ou de substance, est en quête d’une matrice pour se penser sur un mode non essentialiste.

C’est alors en se concevant dans de nouveaux types de rapport qu’il pourra produire des modèles d’intelligibilité originaux de lui-même, contribuant ainsi indirectement à la genèse de l’anthropologie en cours : qu’il s’agisse du moi fragile, exposé aux déterminismes extérieurs et foncièrement incertain de lui-même ; du moi cadré, observant un ordre fixé par une volonté surplombante, souvent – mais pas toujours – celle de Dieu lui-même ; du moi fort, maître d’une nature à administrer et de climats à transformer (mais susceptible aussi de formes différentes) ; ou enfin du moi saturé, débordé par une capacité d’émotion se projetant à travers l’extériorité naturelle. Ces différentes figures – qui se croisent et se combinent chez Locke, Hume, Condillac, Dubos, Montesquieu, Volney, Linné, Diderot, Buffon, Marivaux, Prévost, Rousseau, Bernardin de Saint-Pierre… et bien d’autres encore –, loin de types rigides et séparés, sont autant de visages du même moi multiple, celui de la modernité et peu ou prou toujours le nôtre.

Cette reconfiguration fondamentale opérée au xviiie siècle, nouant le destin du moi à son environnement, installe un terrain de sensibilité qui permettra aux siècles suivants, malgré tous les obstacles, retards et difficultés, l’invention de l’écologie scientifique, puis politique et enfin aujourd’hui éthique, horizon irréductible à une simple nécessité extérieure et fonctionnelle.

Sommaire

Remerciements

Introduction

Chapitre I. Situation de la question du moi dans le rapport à l'environnement au XVIIIe siècle

Chapitre II. Le moi fragile : de l'emprise environnementale à l’empire du climat
Le moi empirique (Locke, Hume, Condillac)
Le moi organique et clinique des physiologistes et des matérialistes (Diderot, Cabanis)
Le moi esthétique (Dubos et Chardin)
Le moi climatique (Montesquieu vs Volney)
Le moi sans climat : moi dépaysé, moi déplacé, moi détaché, moi nomade

Chapitre III. Le moi cadré : l’environnement comme salut
Le moi natif : du moi sauvage au moi éduqué
Le moi savant-croyant (Linné)
Le moi restauré : du moi rééducable de la morale sensitive et des jardins au moi des utopies

Chapitre IV. Le moi fort : l’environnement comme objet vsoccasion
Le moi dominateur et propriétaire (Locke, Buffon, Daniel Defoe)
Moi dominateur (Wolmar) et moi conciliateur (Julie, Jacques, Émile)

Chapitre V. Le moi saturé : l’environnement comme projection
De Marivaux à Diderot via Prévost : la constitution du moi saturé
Le moi expansif et projectif dans son lien avec la nature : Rousseau, Diderot, Bernardin de Saint-Pierre

Conclusion

Bibliographie

Index