Essai
Nouvelle parution
J.-F. Le Goff, Des gens ordinaires. Avec George Orwell et Donald Woods Winnicott

J.-F. Le Goff, Des gens ordinaires. Avec George Orwell et Donald Woods Winnicott

Publié le par Université de Lausanne

Référence bibliographique : Jean-François Le Goff, Des gens ordinaires. Avec George Orwell et Donald Woods Winnicott, Paris : Gallimard, 2018, coll. Connaissance de l'Inconscient

160 pages
ISBN : 9782072764059

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Le docteur Jean-François Le Goff était un homme intransigeant, comme ses deux héros, et, comme eux, il ne se payait pas de mots. Il a été emporté par une rechute imprévue de ce qu’il ne lui serait jamais venu à l’idée d’appeler une «longue maladie». 
Dans ce livre à son image, à la fois discret et engagé, se côtoient et se rencontrent deux auteurs peu conformes qui ne se sont pas connus : George Orwell (1903-1950) et Donald W. Winnicott (1896-1971) pour qui les gens ordinaires ont été un objet de pensée, d’écriture, de théorie. Orwell, qui prend leur parti les armes à la main en Espagne, finira par rejoindre les marginaux, les quelconques, et par être lui-même marginalisé dans le (petit) monde intellectuel ; Winnicott se battra pour que l’on écoute ce que les ordinary mothers (l'expression revient sans cesse dans ses travaux) ont à dire de leur propre ordinaire, mères banales vivant dans l’East End – quartier défavorisé –, mères aux enfants élevés avec les moyens du bord, femmes aux manières communes, passables, good-enough
Être ordinaire, c’est être de tous les jours. C’est aussi le début de la déshumanisation. 
L’écrivain et le psychanalyste ont lutté contre la déshumanisation. Dans de courts chapitres, l’auteur les fait se rencontrer, entre deux pages, deux citations, dans les couloirs de la BBC, dans un courrier. Il juxtapose, éloigne, compare, assemble ou dérange des pièces d’un puzzle imparfait, mais éclairant : pour faire entendre comment l’ordinaire informe les passions et la vie, il faut être soi-même insolite. 
En toile de fond, l’auteur évoque le vif de ses propres engagements et la Julia de 1984 se confond, à la fin du livre, avec une autre Julia, sans doute disparue en Amérique du Sud quand certains, après 1968, ne pouvaient renoncer à la vie extraordinaire et sont devenus des personnages de Chris Marker.

Feuilleter le livre

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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"Une confrontation provocante", par M. Plon.

"Curieuse idée que de rapprocher, de mettre en correspondance George Orwell et Donald Woods Winnicott – à la fin du livre le second écrit au premier une lettre fictive, aussi drôle que chaleureuse –  alors qu’ils ne se sont jamais rencontrés, ni même commentés à supposer qu’ils se soient furtivement lus."