Essai
Nouvelle parution
J. Verdès-Leroux, Des signaux avant la ruine. L'URSS vue par ses écrivains (1954-1991)

J. Verdès-Leroux, Des signaux avant la ruine. L'URSS vue par ses écrivains (1954-1991)

Publié le par Marc Escola

Des signaux avant la ruine - L'URSS vue par ses écrivains (1954-1991)
Jeannine Verdès-Leroux

DATE DE PARUTION : 18/11/13 EDITEUR : Félin (Editions du) COLLECTION : Les marches du temps ISBN : 978-2-86645-795-2 EAN : 9782866457952 PRÉSENTATION : Broché NB. DE PAGES : 336 p.


Dans un livre consacré à Brodski, Yakov Gordine saluait la "survie spirituelle" pendant les décennies "soviétiques" et il mettait en son centre la "résistance indomptable" de la culture à la pseudoculture imposée par le pouvoir. Alertée en 1981 par Braudel sur l'effondrement inévitable du régime communiste avant la fin du XXe siècle, j'ai dès ce moment lu beaucoup de littérature russe pour rechercher la réalité de cette société.

Pour écrire ce livre, j'ai repris la lecture de cette littérature qui a été traduite abondamment et par des traducteurs remarquables. Après le "dégel" amorcé par le roman laborieux d'Ehrenbourg, la "renaissance" s'est affirmée de manière éclatante avec le Docteur Jivago (1958) : la rhétorique édifiante du "réalisme socialiste" était balayée, et le tragique réinstallé. Depuis le Rapport Khrouchtchev (1956), la littérature traduite - qu'elle soit autorisée, ou clandestine ou de l'exil - explorait des terrains essentiels.
D'abord, la répression : de la Journée d'Ivan Denissovitch (1963), à Chalamov, en passant par La Faculté de l'inutile de Dombrovski, par Contre tout espoir de Nadejda Mandelstam, on voyait l'ampleur de la répression, la convergence de ces analyses, et la force de cette littérature qui restera. Ensuite, le quotidien : une littérature, moins reconnue car moins spectaculaire, le racontait, comme tissé de morosité, d'angoisses, de peur, parfois d'un au-delà discret, et toujours du tragique, la distance au pouvoir, et, malgré le poids de l'appareil politico-policier, des envies de vivre.
Même dans le fantastique, (Boulgakov enfin découvert), ou la dérision (Vénédict Erofeiev dans Moscou-sur-Vodka), la société communiste apparaît dans sa tragique vérité : les vies dénaturées par des malheurs inventés.

Jeannine Verdès-Leroux s'est intéressée aux modalités de l'engagement politique chez les intellectuels. Elle est l'auteur notamment de Au service du parti. Le parti communiste, les intellectuels et la culture (1944-1956), Fayard, 1983 ; La Lune et le caudillo. Le rêve des intellectuels et le régime cubain (1959-1970), Gallimard, 1989 ; Refus et violences, Politique et littérature à l'extrême droite des années trente aux retombées de la Libération, Gallimard, 1996.
Des travaux récents portent sur les Français d'Algérie, en particulier Les Français d'Algérie. Une page d'histoire déchirée, Fayard, 2001.