Édition
Nouvelle parution
J. Tardieu, Margeries (Poèmes inédits 1910-1985)

J. Tardieu, Margeries (Poèmes inédits 1910-1985)

Publié le par Matthieu Vernet

Jean Tardieu, Margeries (Poèmes inédits 1910-1985), préface de Jean-Yves Debreuille, Paris : Gallimard, coll "Poésie/Gallimard", 2009, 323 p.

  • EAN : 9782070390007
  • Prix : 7,60 €

Présentation de l'éditeur :

«"Margeries, mot inventé", écrit Tardieu en "Note liminaire". Mais l'auteur d'Un mot pour un autre et d'Une voix sans personneest-il si sûr de ce qui est réel et de ce qui ne l'est pas? Prendreappui sur les marges de l'ici pour s'aventurer aux bords de l'ailleurs,telle est bien au fond pour lui l'activité poétique, et l'essentiel estpeut-être cette désinence en "-ries", "dont la gentillesse un peuarchaïque, un peu paysanne, rappelle l'ancien terme danceries". Elle évoque aussi broderies,et l'amateur de fantaisies et de variations – sur le modèle de lamusique – ne pouvait qu'en être satisfait. Mais il y a aussi unsous-titre, "Poèmes inédits 1910-1985". Proche du terme de sa carrièred'écrivain, Jean Tardieu éprouve le besoin non pas de constituer unesomme, ou un bilan, mais au contraire de la réinventer, d'en fairejouer autrement les articulations. "Peut-être est-ce là le privilègeexorbitant de la longévité", écrit-il dans l'"Avant-propos", "que dedonner un sens, plus ou moins imaginaire, à notre passé, comme si nousinventions notre vie au moment de la perdre". À cette tâche, il vas'adonner avec un plaisir évident et d'une jeunesse retrouvée, celled'"un enfant qui parle déjà de sa vieillesse, ou d'un vieillard quiparle encore de son enfance".»
Jean-Yves Debreuille.

Réédition en poche de l'ouvrage paru en 1986 dans la collection "Blanche".

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Dans Le Monde des livres du 21/3, on pouvait lire un article sur ce recueil:

Les inventions de Jean Tardieu, funambule du langage LE MONDE | 14.03.09 | 16h18  •  Mis à jour le 14.03.09 | 16h18
"Récapitulons/récatonpilu": funambule du langage. Il a toujours revendiqué la liberté de passerd'un genre à un autre, ou, mieux encore, d'en inventer. Les courtespièces de La Comédie du langage (Folio) - un "clavecin bien tempéré" dela dramaturgie - le situent du côté d'0baldia et de Dubillard. Ami dePonge et de Queneau, il a peuplé ses poèmes de saltimbanquesinoubliables, comme "la Môme néant". Sans parler d'un doublecaricatural, Le Professeur Froeppel (L'Imaginaire). Mais la parodie burlesque, chez Tardieu, ne va pas sans frémissement lyrique. 35326534393030383437353938663730?&_RM_EMPTY_ Belle idée que de republier Margeries en hommage à Jean Tardieu (1903-1995), en ce 11e Printemps des poètes. Après trois volumes déjà parus en Poésie/Gallimard, Le Fleuve caché (Poésies 1938-1961), La Part de l'ombre (Proses 1938-1961) et L'Accent grave et l'accent aigu, préfacé par Gérard Macé, Margeries (1986) propose des poèmes inédits, précédés d'"Arguments", où ce grand poète discret explicite son propre parcours. "Peut-êtreest-ce là le privilège exorbitant de la longévité, que de donner unsens, plus ou moins imaginaire, à notre passé, comme si nous inventionsnotre vie au moment de la perdre."

D'emblée s'impose une profonde angoisse existentielle. "Lemonde où nous vivons m'est apparu dès l'enfance comme une vaste énigme,à la fois terrifiante et superbe, que nous avons à déchiffrer." A 20 ans, "des influences bienfaisantes": notamment Roger Martin du Gard, rencontré lors des Entretiens dePontigny. Ce sera l'origine des réflexions de Jean Tardieu sur lelangage.

Passionné par la traduction, il tentera d'inventer une nouvelle prosodie pour transposer L'Archipel, d'Hölderlin, et L'Elégie de Marienbad,de Goethe. Enfin, il créera et dirigera longtemps le Club d'essai de laRadiodiffusion française, y invitera Bachelard, Claudel, Gide.

Filsd'un peintre et d'une musicienne, ami de peintres comme Bazaine etHartung, Jean Tardieu a souvent dit comment il avait cherché à "voler les secrets" de ces arts. Il leur a consacré ses plus belles pages, dans Le Miroir ébloui, 1993.

On trouve dans Margeries une prose admirable sur un tableau singulier : Les Yeux clos, d'Odilon Redon."Au milieu du tohu-bohu qui nous entoure et nous secoue, resplendissentles arts créateurs, dont le rôle est de transformer cette violence etcette douleur en signification (...), de même que la distance change en un jour d'été radieux l'insoutenable incandescence du soleil."

Margeries Poèmes inédits 1910-1985, de Jean Tardieu. Poésie/Gallimard, 326 p., 7,60 €.

Signalons également la parution des Cahiers Jean Tardieu. 40 poètes pour Tardieu (éd. Calliopées).


Monique Petillon Article paru dans l'édition du 15.03.09