Édition
Nouvelle parution
J.-P. Sartre, Les Mots et autres écrits autobiographiques

J.-P. Sartre, Les Mots et autres écrits autobiographiques

Publié le par Pierre-Louis Fort


Jean-Paul Sartre

Les Mots et autres écrits autobiographiques

Édition publiée sous la direction de Jean-François Louette avec la collaboration de Gilles Philippe et Juliette Simont

Gallimard

Collection Bibliothèque de la Pléiade (No 560)

2010

EAN 9782070114146

1744 pages

59 euros

Présentation de léditeur
Chez Sartre, l'écriture « personnelle » est longtemps restée souterraine. Héritage social ou familial ? « J'appartiens à une période où la littérature personnelle était peu estimée, du moins par les lecteurs bourgeois et petits-bourgeois dont étaient mon grand-père et les gens qui m'entouraient. » Ou volonté, propre à l'écrivain engagé, d'écrire pour son époque plutôt que pour soi ? Les Mots est le seul livre publié du vivant de Sartre qui relève de l'autobiographie, et encore son appartenance au genre a-t-elle été discutée : les catégories sont toujours trop étroites pour les grands textes. En 1964, lors de sa sortie, on y voit évidemment un récit d'enfance (une enfance à laquelle « Poulou » « n'a rien compris », selon la mère de l'intéressé) et un splendide adieu à la littérature, mais on parle aussi d'un essai, d'un pamphlet, d'un livre de moraliste, d'une analyse critique ou philosophique. Une « espèce de roman », ajoutera Sartre, plus tard. Les Mots, à vrai dire, est sui generis. C'est un chef-d'oeuvre, peut-être le chef-d'oeuvre de l'autobiographie au XXe siècle, et son auteur ne lui donnera jamais de suite. Ce sont des publications posthumes qui viendront révéler l'importance qu'eut pour lui l'écriture autobiographique et la diversité des formes qu'a prises sous sa plume cette veine longtemps réservée aux proches : des carnets de guerre qui sont comme le laboratoire de l'oeuvre à venir, des lettres en forme d'autoportrait, le journal d'un voyage en Italie, des notes prises dans les années 1950 à la relecture des carnets de guerre, les différentes versions et esquisse qui, composées de 1953 à 1963, aboutirent aux Mots de 1964, les textes brefs demeurés épars et ici publiés pour la première fois, sans oublier ces autoportraits partiels, obliques que sont les lumineux « tombeaux » écrits pour les amis, Merleau-Ponty, Paul Nizan. Oblicité : le mot définirait assez bien l'oeuvre autobiographique de Sartre. C'est évident à la lecture des portraits de Nizan et de Merleau-Ponty. Ce n'est pas moins clair dans Les Mots, où l'ironie autorise un jeu complexe entre l'enfant dont il est question et l'adulte qui parle et observe : « Je tiens mon passé à distance respectueuse. » Les écrits autobiographiques dont ce volume met au jour la trajectoire secrète ne sont donc pas des écrits pour soi. Se peindre, très bien, mais pour se séparer de soi.

LES MOTS ET AUTRES ÉCRITS AUTOBIOGRAPHIQUES :
Les Mots. Écrits autobiographiques (1939-1963) : Carnets de la drôle de guerre (1939-1940) - Autour des « Carnets de la drôle de guerre » - La Reine Albemarle ou Le dernier touriste - Autour de « La Reine Albemarle » - [Retour sur les « Carnets de la drôle de guerre »  : ] - Cahier Lutèce - Relecture du Carnet I - « L'apprentissage de la vérité » - Jean sans terre - [Portraits  : ] - Paul Nizan - Merleau-Ponty - [Vers « Les Mots » : notes et esquisses 1953-1963]. Appendices : Lettre à Simone Jollivet (1926) - Notes sur la prise de mescaline - Lettre à Simone de Beauvoir - Apprendre la modestie - Sartre parle des « Mots » - « J'écris pour dire que je n'écris plus » [2010].