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Nouvelle parution
J. Lorrain, Histoire de batraciens

J. Lorrain, Histoire de batraciens

Publié le par Camille Esmein (Source : Pascal Noir)

Jean LORRAIN, Histoires de batraciens (recueil de contes)

(établissement des textes, notes (127), postface de 55 pages intitulée « Rencontre avec la hideur ou la découverte du monstre qui est en soi » et bibliographie (de 14 pages) par Pascal NOIR) Paris, Éditions L'Harmattan, « Les Introuvables », 2008. 13,50 €
Sous la thématique commune de l'horreur des grenouilles et des crapauds, Jean Lorrain décline en quatre contes une ambiguë fascination / répulsion faite de monstruosités en tout genre, d'abjections assurément. C'est que le conteur, comme le définissait alors Octave Uzanne, est « un Perrault qui aurait pris part à quelque messe noire »… Chaque fois, la rencontre de l'homme avec l'animal suscite effroi et dégoût, aversion, cauchemars morbides, mutilations, le tout additionné d'une subtile perversité allant jusqu'au sadisme. Si le « monstre » hante la fin-de-siècle, il appert sous des facettes multiples : dysmorphie, personnages zoomorphes, hideur surexploitée mais, surtout, hybridité même de ces récits aux marges des poétiques du merveilleux, du fantastique et du gothique. Avec de nombreux échanges ou transferts, réécritures entre les genres si caractéristiques de la polygraphie fin-de-siècle, les contes de Lorrain mêlent inextricablement féerie, magie noire, onirisme, transgressions et pulsions inavouables au point que, de l'homme ou de la bête, le plus monstrueux n'est plus celui qu'on croit car c'est avant tout la bête humaine que traque Lorrain. La monstruosité de l'homme, ses instincts pervers, voire sa bestialité, surpassent de loin l'horreur animale : la Belle est la Bête, le prince des contes, un pervers polymorphe – tels sont les ingrédients vénéneux de ces contes « décadents ». Après des études à Paris, Jean Lorrain, pseudonyme de Martin-Paul-Alexandre Duval (1855-1906), opte pour la carrière littéraire. Romancier, poète, conteur, dramaturge et chroniqueur pour les plus grands journaux littéraires de son temps, il fréquente le Chat Noir, les Hydropathes et les Zutistes. Ami d'Edmond de Goncourt, de Rachilde, Catulle Mendès, Huysmans, Marcel Schwob, etc., il est un des représentants de l'esprit « fin-de-siècle » et du décadentisme.