Essai
Nouvelle parution
J.-L. Nancy, Marquage manquant & autres dires de la peau. Entretien avec Nicolas Dutent

J.-L. Nancy, Marquage manquant & autres dires de la peau. Entretien avec Nicolas Dutent

Publié le par Marc Escola

Marquage manquant & autres dires de la peau, 

Jean-Luc Nancy entretien avec Nicolas Dutent

éd. Les Venterniers

collection : "la Source & la Suite"
date de parution : juin 2017
nombre de pages : 100 pages
isbn : 979 10 92752 35 9
prix de vente : 29 euros

Le présent ouvrage donne à lire la transcription d’un entretien avec le philosophe Jean-Luc Nancy mené par Nicolas Dutent, le 6  janvier 2017, à Strasbourg. Au cours de cet échange, le journaliste l’invite à revenir sur sa pensée du corps et de la peau, à en développer certains aspects à la lumière de lectures croisées et d’entrées spécifiques. Que dire du corps qui n’ait été dit ? Comment recevoir un corps étranger ? Dans quelle mesure le corps est-il sacré, religieux, politique ? Peut-on présenter la peau comme une vérité ? Ne faudrait-il pas se risquer à penser le tatouage, objet banal et pourtant fascinant ? Qu’est-ce qu’une « marque » ? Tout cela nous habitait et méritait à nos yeux d’être interrogé, éclairci, précisé.

Ainsi, l’entretien s’ouvre sur une lecture du paysage philosophique occidental par rapport auquel prend forme aujourd’hui cette nouvelle pensée du corps. Le récit de ce paysage, où s’inscrivent originellement la séparation et l’union fondamentales de l’âme et du corps, permet de mettre à jour la source d’une hantise profonde de la philosophie. La réflexion porte notamment sur le dire d’un corps qui se trouve un jour condamné par l’infini qui le traverse ; mais aussi sur le dualisme sensible de l’âme, sur notre façon d’être constamment tournés vers le dehors, sur ce que signifient l’ouverture, l’écriture, la vérité, le sacré pour le corps. Réapparaissent alors dans les prises de parole de Jean-Luc Nancy, dont on se demande parfois si elles ne sont pas au moins aussi poétiques que philosophiques, des notions singulières : le toucher, l’excrit, l’expeausé... Ici, le ressenti ne s’explique plus comme projection de l’intelligible sur le corps, mais est lui-même l’origine de parole, le corps s’exprimant.Dès lors, on se demande moins comment penser le corps que comment le corps pense…

Le lecteur s’apercevra que la présence touchante de Jean-Luc Nancy donne lieu à un échange spontané et sincère. Aussi l’espace de la conversation se déleste volontiers des codes du discours philosophique et prend parfois la forme du récit de soi : c’est avec un cœur qui a vingt de moins que le philosophe pense, c’est avec une peau tatouée par le soleil qu’il réfléchit le marquage.L’idée de cette publication est née de la rencontre entre Nicolas Dutent et les Venterniers. Le premier nourrit un vif intérêt pour l’œuvre de Jean-Luc Nancy, « le philosophe du corps », avec lequel il a déjà eu l’occasion d’échanger (voir notamment « Vouloir un sens unique ouvre sur une violence : le meurtre des autres sens », L’Humanité, oct. 2015, et « Changer le fond de la pensée du faire », Les Lettres françaises, oct. 2016) ; on ne peut manquer de remarquer cette lecture admirative et passionnée dans le travail préparatoire de l’entretien et dans le souci de précision qui a conduit sa transcription. Les seconds tiennent à explorer, à travers leur pratique éditoriale littéraire et artisanale, la notion de tatouage en croisant les approches philosophique, poétique, sensible.

Écrire sur la peau : tel pourrait donc être résumé l’enjeu initial de cet entretien. Il est d’autant plus lisible que la mise en page propose, entre autres, des extraits de l’essai Dar Piel – publié en 2016 en Équateur –, inédits en France.

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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"Le corps marqué", par T. Samoyault.