Essai
Nouvelle parution
J. Derrida, Le Parjure et le Pardon, vol. II: Séminaire (1998-1999)

J. Derrida, Le Parjure et le Pardon, vol. II: Séminaire (1998-1999)

Publié le par Université de Lausanne

Compte rendu publié dans Acta Fabula (novembre 2021, vol. 22, n° 9) : Simon Gissinger, "La nuit du pardon"

*

Le Parjure et le Pardon

Volume II, Séminaire (1998-1999)

Jacques Derrida

Seuil, coll. Bibliothèque Derrida
Date de parution 05/11/2020
24.00 € TTC
348 pages
EAN 9782021466270

 

Jacques Derrida poursuit dans le second volume de son séminaire sa réflexion sur l’inconditionnalité du pardon, une notion qui ne saurait être confondue avec l’excuse, l’amnistie, la prescription ou la grâce. Si le pardon est hérité de diverses traditions (judéo-chrétienne, coranique et grecque), il ne leur est pas réductible : il excède les modalités du « comprendre », de la mémoire et de l’oubli, d’un certain travail de deuil aussi. Hétérogène à la phénoménalité, à la théâtralisation, voire au langage verbal lui-même, il suspend, comme une « violente tempête », l’histoire, le droit et le politique. Inconditionnel, le pardon fait l’épreuve de l’impossible : c’est pourquoi il doit rester exceptionnel, sans calcul ni finalité, à l’écart de tout échange et de toute transaction.

Se déplaçant du contexte européen d’après-guerre à l’Afrique du Sud et aux États-Unis, la dimension politique du pardon prend, au cours de cette seconde année du séminaire, un relief particulier alors que Jacques Derrida analyse la théâtralité des scènes de repentance en faisant comparaître successivement Hegel, Nelson Mandela, Desmond Tutu et Bill Clinton – sans oublier la portée singulière de la parole des femmes.

La trajectoire esquissée en 1998-1999 passe ainsi par la lecture de La Cité de Dieu de saint Augustin, des textes de Hegel sur le pardon, de certaines Lectures talmudiques de Levinas, de différents écrits de Mandela et de Tutu au sujet de la Commission Vérité et Réconciliation, notamment, ainsi que par l’analyse de scènes d’actualité – d’aveu ou de repentir – telles qu’elles se sont multipliées dans l’espace public, en France, en Afrique du Sud, au Chili et aux États-Unis, en particulier sous la présidence de Bill Clinton au sujet de l’esclavage, de la politique américaine en Amérique latine, ou encore du « Monicagate ».

Le texte de ce séminaire a été établi par Ginette Michaud, Nicholas Cotton et Rodrigo Therezo.

Voir le livre sur le site de l'éditeur…

*

On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"Hegel en voix off", par Richard Figuier (en ligne le 21 janvier 2021).

Le « monde » s’y croit, notre monde, aujourd’hui, se croit « monde ». Qu’est-ce que le « monde », se demande Jacques Derrida, après toute la tradition philosophique occidentale moderne, dans le cours de cette deuxième année de son séminaire consacré au parjure et au pardon, dont le texte est publié à la suite d’un premier volume consacré à l’année 1997-1998. C’est bien le thème de l’année qui verra son plein déploiement dans les suivantes (1999-2003) avec la question de la peine de mort et celle de la souveraineté.