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J.-Ch. Andrieu de Levis, Réédition de L'An 01 de Gébé

J.-Ch. Andrieu de Levis, Réédition de L'An 01 de Gébé

Publié le par Nicolas Geneix

Jean-Charles Andrieu de Levis, Réédition de L'An 01 de Gébé

Article paru sur le site "du9.org", décembre 2014.

"L’Association (http://www.lassociation.fr)publie pour la seconde fois L’An 01 de Gébé, mais cette fois dans une édition luxueuse faisant véritablement honneur à ce chef d’œuvre. (...) Figure de proue de Charlie Hebdo dont il fut rédacteur-en-chef de 1971 à 1985, Gébé développe avec L’An 01 un projet utopique : le fantasme d’une société pacifiquement révolutionnaire, dont l’ampleur serait mondiale, qui réduirait le travail à quelques tâches ponctuelles nécessaires à la survie (la fabrication de nouilles par exemple), qui abolirait toutes les institutions comme la justice ou l’état et dont le but serait de laisser la population s’instruire et réfléchir sur sa propre condition. Ce grand bouleversement se mettrait en branle à travers des actions simples de la vie quotidienne (prendre le train suivant et même ne plus le prendre du tout, ou encore faire un pas de coté) et s’incarnerait par ces seuls mots : «On arrête tout». (...)

l est donc probable que L’An 01 ait eu plus de lecteurs que de spectateurs. Toutes les semaines, le journal avait son noyau dur de fidèles auquel venaient s’ajouter des lecteurs ponctuels. De plus, le journal se prête facilement, se lit dans les bars, permet une plus grande circulation. Mais s’il y a certainement eu un plus grand nombre de lecteurs d’au moins une page de L’An 01, le film a permis de présenter ce projet utopique dans sa globalité en un objet homogène à une population plus grande. (...)

Au-delà de la différence d’atteinte numérique du public se pose une contradiction ontologique. La divergence dans la réception de cette utopie se situe dans la confrontation entre la représentation d’une réalité que propose le film et la construction d’une idée qui passe par le dessin. En effet, l’image filmique offre une certaine matérialité au récit, les séquences recouvrent une réalité presque palpable. Le jeu approximatif des acteurs et la mise en scène conventionnelle qui donnent la part belle aux dialogues peuvent parfois tourner le film en un jeu théâtral gonflé d’absurde, une farce cinématographique. Au contraire, le dessin de Gébé, presque technique, renvoi bien plus au monde des idées, à l’élaboration d’un possible. Il y a un pouvoir d’appropriation plus fort dans le dessin car le lecteur peut véritablement se projeter dedans."

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