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Italica Biblia. La Bible et l’Italie entre Renaissance et Réforme

Italica Biblia. La Bible et l’Italie entre Renaissance et Réforme

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Bienvenu Catherine)

Biblia Italica. La Bible et l’Italie entre Renaissance et Réforme

Un colloque international se tiendra à la maison de la recherche et des sciences de l’homme de Caen le jeudi 17 janvier après-midi et  le vendredi 18 janvier pour étudier à la fois la place de la Bible dans la culture italienne de la Renaissance, et celle des Italiens dans la culture biblique européenne de la première modernité.

Il sera accompagné par une conférence publique de Carlo Ossola, professeur au Collège de France, le jeudi 17 janvier, et une exposition-dossier au Musée des Beaux-Arts qui présentera a partir de décembre 2012 un choix d’éditions bibliques italiennes des quinzième et seizième siècles tirées de la base de données « Routes du livre ancien italien en Normandie », complété par de grandes bibles illustrées tirées du célèbre fond Masson de l’Ecole nationale des beaux-arts.  L’ENSBA prêtera aussi d’exceptionnelles gravures bibliques italiennes du seizième siècle, de Marc-Antoine Raimondi à Domenico Beccafumi.

Objet :

Contrairement à l’idée reçue selon laquelle l’Italie, pays du catholicisme triomphant, aurait été de tout temps étrangère  à la culture biblique de ses voisins du nord protestants, les recherches menées depuis une trentaine d’années par les historiens de la religion, du livre ou de la littérature, ont montré que l’Italie était à la veille de la réforme un des pays d’Europe où la connaissance de l’Ecriture était la plus répandue, aussi bien en latin qu’en langue vulgaire, et que l’humanisme qu’elle répandit en Europe était non seulement religieux mais biblique, notamment à cause de l’importance des milieux juifs cultivés, encore augmentée par l’arrivée des exilés d’Espagne et du Portugal après 1492. Au cours du Quattrocento l’imprimerie y avait multiplié les textes venus d’une très riche tradition médiévale, des bibles entières aux anthologies du type «Fioretti della Bibbia » ou à d’innombrables paraphrases poétiques et commentaires, là aussi en vulgaire comme en hébreu ou en latin,  et la contribution de la philologie humaniste italienne à la naissante critique biblique avait été essentielle - il suffit de rappeler ici qu’Erasme considérait Lorenzo Valla comme son maître en critique et que grand imprimeur humaniste Alde Manuce avait conçu dès 1501 à Venise le projet d’une Bible polyglotte. 

Le seizième siècle, lui, fut pour l’Italie celui d’un double mouvement. D’un côté la tradition biblique se poursuivit et se diversifia : les savants italiens  écrivant en latin comme l’hébraïsant Sante Pagnino étaient lus dans toute l’Europe ; les modèles iconographiques dérivés des bibles vénitiennes se diffusaient, notamment par le canal des éditions lyonnaises, jusque vers l’Espagne ou l’Angleterre ; quant aux traductions et paraphrases en langue vulgaire, celles de Brucioli au premier chef, elles continuèrent d’être produites longtemps après les débuts de la Réforme sans opposition  véritable de l’Eglise romaine. A l’inverse,  la censure ecclésiastique sur les éditions bibliques qui se mit peu à peu en place au cours du siècle à partir du concile de Trente, plus efficacement en Italie que partout ailleurs en Europe, à l’exception de l’Espagne, aboutit à un véritable arrachement culturel : bibliothèques expurgées, bûchers de bibles interdites, prohibition des éditions en langue vulgaire et même des paraphrases – y compris latines. La présence biblique dans la religion des Italiens, comme dans leur littérature, dut dès lors emprunter d’autres voies, indirectes,  comme ce fut le cas en Espagne  - même si la tradition biblique dans la culture espagnole était au quinzième siècle beaucoup plus faible qu’en Italie, et si la censure de l’Ecriture y avait d’abord pour but d’extirper  toute trace de judaïsme.

Tenir ce colloque à Caen ne permettra pas seulement de mettre en relief le travail exemplaire de l’université de Caen et de la MRSH en matière de valorisation de la culture italienne. Ce sera aussi l’occasion de se rendre compte que les collections normandes de livres italiens de la Renaissance ne sont pas moins riches dans le domaine religieux que dans celui de la littérature. Les communications s’appuieront en effet sur les ouvrages présentés dans l’exposition  « Bibles italiennes de la Renaissance », comme le célèbre psautier polyglotte d’Agostino Giustiniani publié à Gênes en 1517, dont la bibliothèque municipale de Caen possède un très bel exemplaire enluminé en provenance de la bibliothèque du chancelier Séguier. Plus généralement notre colloque appellera l’attention sur la longue durée des relations culturelles entre la Basse Normandie et l’Italie : au seizième siècle, à travers Lyon et Paris, Caen était uni à la péninsule par des routes du livre où circulaient textes et modèles iconographiques, typographes et  illustrateurs. Les « routes du livre italien ancien en Normandie » prolongent aujourd’hui ces routes d’autrefois.

Organisation :

François Dupuigrenet Desroussilles (Florida State University et LASLAR) avec la collaboration de Silvia Fabrizio-Costa (LASLAR)

Lieu :

Caen, Maison de la Recherche en Sciences Humaines et Musee des Beaux-Arts

Comité scientifique :

Olivier Christin (Ecole pratique des hautes etudes, IVe section)

Marie-Luce Demonet (CESR, Tours)

Max Engammare (Librairie Droz)

Silvia Fabrizio-Costa (Université de Caen)

Bernard Huchet (Bibliothèque municipale de Caen)

Carlo Ossola (Collège de France)

Alain Tallon (Université de Paris IV)

Bernard Vouillot (Bibliothèque universitaire de Caen)

Programme

Mercredi 16 janvier

18h30 Accueil des participants arrivés d’Italie

20h Dîner au restaurant l’Archidona

Jeudi 17 janvier 2013

Pour les participants qui le souhaitent visite de l’abbaye aux Hommes ou du musée des Beaux-arts

12h30-14h Déjeuner au Gibus

14h Accueil  par Pascal Buleon (MRSH), Brigitte Diaz (LASLAR), Silvia Fabrizio-Costa (Routes du livre italien ancien en Normandie)

14h30 Francois Dupuigrenet Desroussilles (Florida State University.) Le livre ecrit dehors et dedans. La Bible et l’histoire du livre.

15h-15h40 Rita Librandi L’Ecriture en vulgaire : le circuit dominicain (14e-15e siècles)

15h45-16h25 Saverio Campanini (Institut de recherche et d’histoire des textes), Kabbale chrétienne et exégèse: les gloses du Psautier polyglotte d'Agostino Giustiniani  (1516)

16h35-17h15  Elodie Attia (université de Mayence) La terminologie hebraique dans le Thesaurus Linguae Sanctae de Sante Pagnini

18h00-18h45 Conférence de Carlo Ossola (College de France) au Musée des Beaux-Arts Le livre des livres et les « pteits livres » (ta biblia)

19h Presentation de l’exposition Bibles italiennes de la Renaissance en Normandie  au Musée des Beaux-Arts

Vendredi 18 janvier 2013

9h30-10h10 Elise Boillet  Les psaumes de Pellegrino degli Erri

10h15-10h55 Stefano Prandi Au nom de Jehovah: Giulio Cesare Pascali et sa traduction des Psaumes (Genève, 1592)

11h00-11h40 Edoardo Barbieri  Entre Bible et liturgie : les éditions des Epistole e Vangeli de Remigio Nannini (1567-1600)

11h45-12h30 Ilaria Andreoli La circulation de l’iconographie biblique italienne dans le livre illustré européen

 12h30-14h Déjeuner au Gibus

14h30-15h10 Gigliola Fragnito La censure de l’Ecriture en France et en Italie au 16e siecle

15h20-16h00 Daniele D’Aguanno Massimo Teofilo traducteur de la Bible

17h-17h40 François Dupuigrenet Desroussilles Italianisme et biblisme à la cour de France sous les rois Valois

17h50-18h Conclusion Max Engammare

20 h Dîner au Bouchon du Vaugueux