Cahiers du Gadges, n°10, 2012 : "Impertinence générique et genres de l’impertinence (XVIe-XVIIIe siècles)", (I. Garnier & O. Leplatre, dir.)
Cahiers du Gadges n°10, 2012 : "Impertinence générique et genres de l’impertinence (XVIe-XVIIIe siècles)"
Textes réunis par Isabelle Garnier & Olivier Leplatre
Genève : Droz, 2012.
EAN 9782364420236
512p
Prix : 28EUR
Présentation de l'éditeur :
L’impertinence a longtemps eu mauvaise presse. Sottise ou fatuité, extravagance ou importunité, l’impertinence choque, indispose, heurte l’usage ou la bienséance. Quand elle s’invite en littérature, elle fournit bien plus que l’étoffe de personnages de comédie – médecins ou coquettes – ou de romans burlesques : elle joue avec les codes sociaux et les normes de la représentation, bousculant les frontières des genres établis qu’elle subvertit ou régénère.
Après une mise en perspective conceptuelle de la notion, vingt-neuf études éclairent ici les multiples facettes de l’impertinence sous l’Ancien Régime. Elles les envisagent en diachronie d’un point de vue lexical, rhétorique, générique, en jouant de la complémentarité des approches. Composant un savoureux pot-pourri, roman, conte, histoire fabuleuse, énigme, recueil d’emblèmes, livres de piété, tragédie, mémoires, chansons satiriques, images tendancieuses, apparaissent tantôt comme lieux de l’impertinence générique, tantôt comme genres de l’impertinence.
Énergie créatrice au XVIe siècle, sulfureux débordement à canaliser au siècle classique, elle devient force émancipatrice pour les Lumières. En à peine plus d’un siècle, l’impertinence inverse totalement sa valeur socio-esthétique et contribue à faire jaillir la vérité en se soustrayant au carcan des codes. Stigmatisée comme vice par l’opinion commune, retournement de la folie en sagesse pour les écrivains indociles – qu’on peut considérer précurseurs –, elle apparaît comme qualité de l’intelligence et de l’esprit – pour ne pas dire vertu – et finit par imprégner toute une époque, valeur partagée d’un temps qui, par sa liberté de penser et d’écrire, marque encore le nôtre.
TABLES DES MATIERES
Isabelle Garnier et Olivier Leplatre : Introduction p. 5
Théorie
Marie-Hélène Servet : Impertinent, Impertinence : les mots et la chose p. 21
Mathilde Levesque : « Je m’en sers de ma seule autorité » : possibilité et enjeux d’un usage impertinent de la langue au XVIIe siècle p. 41
Fabienne Boissiéras : Approche rhétorique et pragmatique de la notion d’impertinence p. 55
L’impertinence générique
Anne-Pascale Pouey-Mounou : Impertinences montaigniennes : la « suffisance » des Essais p. 77
Marie-Claire Thomine-Bichard : Les impertinences d’Eutrapel : Baliverneries (1548) et Contes et Discours d’Eutrapel (1585) p. 93
Pascale Mounier : Le roman et l’humanisme : anticonformisme d’un genre à la Renaissance p. 117
Alexander Roose : L’impropre et l’obscène dans Alector de Barthélemy Aneau p. 141
Youmna Charara : Les Aventures de Télémaque de Fénelon inspiration mystique et scandale générique p. 155
Les genres de l’impertinence
Mathilde Aubague : Les Trois Francion de Charles Sorel (1623, 1626, 1633) : impertinence générique et voix d’auteur p. 177
Françoise Poulet : De la satire des ridicules à la parrêsia : impertinence et extravagance dans l’histoire comique (1620-1660) p. 191
Dominique Bertrand : Impertinentes traversées urbaines : risque de la parrêsia et frontières de l’acceptabilité burlesque p. 207
Henri Duranton : Au-delà de l’impertinence : la littérature satirique versifiée (1715-1789) p. 223
Pierre Cambou : L’obscène et le saugrenu comme formes d’impertinence dans le conte voltairien p. 241
Catherine Ramon : La transgression des libertins : une affaire de genre ? (Crébillon, Sade, Nerciat) p. 253
Myriam Tsimbidy : De l’impertinence des Mémoires ou des mémorialistes sous Louis XIV p. 267
Karine Abiven : Les impertinences de l’Histoire : une question d’aptum générique p. 281
Francine Wild : Savoir et impertinence dans les ana p. 293
Perry Gethner : Le Proverbe dramatique, genre de l’impertinence p. 305
Impertinence et bienséances
Trung Tran : Les impertinences de la parole : collusions génériques et renversement satirique dans les Loups ravissans de Robert Gobin (c. 1505) p. 319
Olivier Leplatre : L’impertinence des images : mont(r)er. À propos de l’Énigme joyeuse pour les bons esprits et du Centre de l’amour p. 339
Patricia Eichel-Lojkine : Le conte merveilleux, un genre autorisant l’impertinence ? Bienséance, contrôle, image dans « Le Maître Chat ou le Chat Botté » p. 373
Marie-Madeleine Fragonard : Livres de piété, prédication et modes féminines : l’enfer des bonnes intentions p. 391
Claire Aronica : Quand les désirs sont désordre. Le corps impertinent de la tragédie classique p. 407
Carine Barbafiéri : « La femme est le potage de l’homme » : les plaisanteries malséantes dans la France classique p. 421
Mathieu Bermann : Les Contes et Nouvelles en vers ou une mondanité impertinente p. 437
Cécile Lignereux : Le conseil, un acte de langage contraire aux bienséances ? p. 451
Impertinence, autorité et auctorialité
Delphine Reguig : Impertinence et littérarité chez Boileau p. 463
Christelle Bahier-Porte : Les réécritures « modernes » du bouclier d’Achille : l’inavouable pertinence d’un modèle inconvenant (Lesage, La Motte, Marivaux) p. 477
Christine Hammann : Pertinence du dé-plaire : une mise en cause de l’aptum dans les Lettres au XVIIIe siècle p. 493