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¿ Interrogations ? n°9 : L'engagement

¿ Interrogations ? n°9 : L'engagement

Publié le par Florian Pennanech (Source : Brice Monier)

Revue ¿ Interrogations ?, n°9 : L'engagement

Numéro mis en ligne le 1er décembre 2009

Sommaire :

  • Préface

Partie thématique

  • Vers un engagement critique. El otro Cristobal, film franco-cubain d'Armand Gatti (1963), Dreyer Sylvain
  • L'engagement du psychologue auprès de son patient : risque ou nécessité ?, Gérard Sonia
  • L'engagement dans les espaces de la sphère publique: pour la construction partagée de la décision collective, Gilbert Yves
  • Erasme, ou les ambiguïtés de l'engagement européen de Stefan Zweig, Jouhaud Etienne
  • S'engager par et hors du théâtre. Arthur Adamov dans les années 1950 et 1960, Lempereur Nathalie

Des travaux et des jours

  • Des dispositifs pour favoriser la qualité des interactions en formation médiatisée, Paquette Danielle

Fiches Techniques

  • Le concept de capital chez Marx, Bihr Alain
  • La mise en oeuvre d'un protocole de recherche exploratoire en sociologie. Le terrain précurseur et les lectures exploratoires,Fugier Pascal

Notes de lecture

  • Benoît Boussemart, La richesse des Mulliez. L'exploitation du travail dans un groupe familial, Bihr Alain
  • Le collectif et l'individuel. Considérations durkheimiennes, Fugier Pascal
  • Dominique Huez, Souffrir au travail. Comprendre pour agir, Lahmadi Ghizlaine
  • Niklas Luhmann, La confiance, un mécanisme de réduction de la complexité sociale, Ouzilou Olivier


Préface :


Pour sa neuvième livraison, la revue ¿Interrogations?s'est proposé d'aborder le thème de l'engagement. L'appel à contributionsuggérait plusieurs entrées possibles, sans les rendre pour autant obligatoires: un retour critique sur l'engagement partisan, notamment à la lumière desformes les plus contemporaines de militantisme, destiné à en réévaluer les partsrespectives d'aliénation et d'émancipation ; une interrogation de la figure del'intellectuel engagé, y compris dans les enjeux épistémologiques de sonengagement ; une exploration des formes et des voies de l'engagement envers destiers personnels, sur le plan amoureux ou professionnel, pouvant déboucher surune analyse des mécanismes psychologiques et des dilemmes éthiques del'engagement. En somme, le thème s'avérait potentiellement extrêmement richepar sa polysémie.

Une première surprise du comité de rédaction auraété de ne recevoir qu'une quinzaine de propositions d'articles, dont finalementcinq seulement auront franchi la double épreuve de la préexpertise par un deses membres et de la double (voire triple) expertise par des membres du comité delecture ou d'autres spécialistes. Dans ces conditions, il n'en est que plusétonnant que les contributions finalement retenues recouvrent presque tout lechamp des entrées thématiques suggérées par l'appel à contribution, grâcenotamment à leur caractère pluridimensionnel. Trois des articles mènent ainsiune réflexion sur la manière dont l'engagement (en) politique s'articule avecla création artistique, en insistant à chaque fois sur la dialectique, faite decomplémentarité et de tension, entre les deux. Dans cette optique, EtienneJouhaud nous montre comment le combat que Stephan Zweigmène dans les années 1930 pour sauver une Europe confrontée de toutes parts àla montée des régimes autoritaires et totalitaires le conduit à réactiver lafigure d'Erasme, l'un des fondateurs de cet humanisme européen qui menaceprécisément d'être englouti – un combat finalement perdu qui le conduiraquelques années plus tard, désespéré, à se suicider dans son exil brésilien.
Les deux articles de SylvainDreyer et NathalieLempereur nous ramènent, pour leur part, vers les années 1950et le début des années 1960, époque où les scènes politique et intellectuellerestent dominées par le prestige du régime « soviétique » et de ses idéaux «communistes », en dépit des révélations sur la nature criminelle du premier etles déconcertants mensonges des seconds, en dépit aussi du fait que certainsmouvements sociaux (au premier rang desquels les mouvements de libérationnationale dans ce qui se nomme alors le Tiers-Monde) se sont pour partie déjàémancipés de la tutelle moscovite. Et ils se penchent sur les figures de deuxartistes, respectivement Armand Gatti et Arthur Adamov, qui ont été, l'un etl'autre, ce qu'on appelait à l'époque des « compagnons de route » du Particommuniste français. Position difficile à tenir, tant parce qu'elle les vouaitd'un côté à une certaine marginalité dans le champ artistique, en en faisantmême à l'occasion un objet d'ostracisme, de l'autre à des formes de contrôleidéologique plus ou moins insidieux ; et cependant position féconde dans l'unet l'autre cas puisqu'elle aura permis à leurs tenants d'inventer et d'explorernon seulement de nouveaux thèmes mais encore de nouvelles formes dans lacréation théâtrale et cinématographique. Cela permet, au passage, de confirmeret conforter la vocation interdisciplinaire de notre revue, ouverte également àla critique d'oeuvres artistiques.
Les deux autres articles thématiques traitent de l'engagement d'une manière àla fois différente et plus contemporaine. Certes, avec l'article d'YvesGilbert, nous ne quittons pas le terrain de l'engagementpolitique, sauf qu'il s'agit pour lui de montrer que ce dernier est le fait detous les acteurs concourant à la décision politique, à commencer par celui del'ensemble des citoyens de base, et non pas réservé aux seuls militants ouintellectuels spécialistes de la res publica. Mais c'est aussi, du même coup,pour lui, l'occasion de revenir sur ces derniers, en l'occurrence sur le sociologueen tant que, par son expertise, il prend lui aussi part, en un sens, à ladécision politique. YvesGilbert nous rappelle ainsi, en reprenant Gilles Herreros,que « il n'y a de sociologies et de sociologues qu'engagés », engagement dontil nous détaille les formes et les conditions. Dès lors, la correspondance avecl'article de SoniaGérard, qui traite pour sa part de l'engagement dupsychologue auprès de son patient, est immédiate. Et les mêmes questions seretrouvent ici : celles des formes et des conditions de possibilité d'un telengagement, si du moins on le veut fécond, c'est-à-dire en l'occurrence auservice du patient. Cependant la position du psychologue est plus délicate, etplus difficile en définitive, que celle du sociologue, puisque c'est aussi plusdirectement sa subjectivité qui se trouve engagée dans le face-à-facethérapeutique avec le patient. D'où l'importance du dispositif clinique et desconditions institutionnelles de l'exercice thérapeutique.

Comme les précédents, ce numéro de la revue ¿Interrogations?comprend d'autres rubriques. Notre rubrique des « Des travaux et des jours »présente un article de DaniellePaquette qui s'interroge sur les conditions auxquellesdoivent répondre les interactions entre enseignants et étudiants dans lessituations de téléenseignement et les moyens à mettre en oeuvre pour améliorerleur qualité. Alors que ces formes d'enseignement n'en sont encore qu'à leursdébuts en France, cet article permet de bénéficier de l'expérience de noscousins québécois qui ont quelques longueurs d'avance sur nous en la matière.
Quant à la rubrique « Fiches techniques », on y trouvera pour commencer unarticle d'AlainBihr condensantquelques-uns des éléments de l'analyse marxienne du concept de capital, destinéà dissiper les approximations, erreurs et illusions encore fréquentes à cesujet. Et PascalFugier poursuit sa trilogie consacrée à la mise en oeuvre d'unprotocole de recherche exploratoire en sociologie, entamée dans le numéroprécédent. Il s'attache ici aux incontournables étapes et opérations conduisantde la question de départ à la construction de la problématique, à proposdesquelles il souligne avec force le caractère véritablement crucial deslectures exploratoires.

Ce numéro se conclut par la recension des quatreouvrages suivants : Benoît Boussemart, La richesse des Mulliez.L'exploitation du travail dans un groupe familial par AlainBihr; Louis Pinto, Le collectif et l'individuel. Considérations durkheimiennespar PascalFugier ; Dominique Huez, Souffrir au travail Comprendrepour agir par GhizlaineLahmadi ; Niklas Luhmann, La confiance, un mécanisme deréduction de la complexité sociale, par OlivierOuzilou.

Nous tenons enfin à remercier vivement tous leschercheurs et enseignants chercheurs qui, par leur aide et leur implication,ont permis l'élaboration de ce numéro :
- les membres du comité de lecture : Maurice BLANC, Pierre COURS-SALIES,Francis FARRUGIA, Jean-Yves FEBEREY, Florent GAUDEZ, Oscar MAZZOLENI,Jean-Pierre MINARY, Bruno PEQUIGNOT ;

- les chercheurs etenseignants chercheurs extérieurs à notre comité de lecture et qui ont bienvoulu accepter d'expertiser un article en leur qualité de spécialiste : RémiBARBIER, Nancy BERTHIER, Laurence DAHAN-GAÏDA, Christine DOUXAMI, Bernard EME,Lilian MATHIEU, Frédérique MATONTI, Martine REVEL, Florence RUDOLF, HervéSERRY, Olivier THEVENIN.

LeComité de rédaction