Questions de société
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[France] "Injustices universitaires: Mauvaises questions, mauvaises réponses et vrais enjeux" - Communiqué de SLU, 29-12-17

Publié le par Bérenger Boulay

Injustices universitaires : Mauvaises questions, mauvaises réponses et vrais enjeux - Communiqué de SLU, 29 décembre 2017

http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article7951

Ce communiqué est également publié comme tribune sur Médiapart

1. De mauvaises questions et un bon prétexte

Depuis quelques mois, à grands renforts de premières pages, de longs articles dans les quotidiens nationaux et de confidences savamment distillées par les cabinets ministériels, un sujet s’est imposé dans l’opinion : l’algorithme qui fondait le système d’admission à l’Université (le trop fameux APB) serait la cause d’errements et de tirages au sort contraints pour les étudiants de première année. Scandale, sans doute, mais dont le système APB n’est pas responsable. Car, en réalité, le tirage au sort résulte du manque de places et de moyens accordés dans certaines filières, particulièrement celles dites « en tension ». Personne évidemment ne prétend qu’il soit simple de régler l’augmentation des flux d’étudiants. Mais il est malhonnête de faire passer la future loi sur l’entrée en licence pour une solution aux problèmes qui se posent dans les premiers cycles universitaires.

Le Ministère de l’ESR a, avec un curieux empressement, sauté sur cette occasion pour proposer une réforme présentée comme la réponse ponctuelle à une question technique, capable de satisfaire aux justes exigences des étudiant.e.s. Cette énième réforme d’ampleur constitue dans les faits une véritable rupture, un changement radical dans la conception de la fonction et du statut des différentes universités en général, et des diplômes de licence en particulier. Elle donne surtout satisfaction aux présidents des universités les plus puissantes, mécontents de devoir accueillir « tout le monde » dans les premiers cycles et désireux que l’on cesse d’exiger des universités les devoirs d’un service public.

2. De mauvaises réponses et l’annonce d’un nouveau désordre

Les représentants isolés de la technostructure ministérielle ont tiré de leur chapeau en quelques semaines et sans aucune concertation sérieuse avec la communauté universitaire, un nouveau système d’admission à l’Université qui permet au ministère de mettre en œuvre sa « réforme » immédiatement après en avoir dévoilé les grandes lignes, avant même le vote de la loi. Les universités se voient chargées de donner leur avis sur les dossiers des bacheliers qui souhaiteront intégrer leurs formations en fonction d’« attendus » qu’elles pourront décliner et interpréter localement, et d’autant plus que ces « attendus » sont extrêmement vagues. Au regard de la charge de travail administratif actuelle de la plupart des enseignants-chercheurs, au regard de leur nombre même, l’examen dans un laps de temps forcément resserré de la dizaine de milliers de dossiers annoncés relève d’un tour de force devant lequel même les moins critiques devraient éprouver quelques perplexités. Cette réforme est impossible à mettre en œuvre dans le calendrier et les conditions prévus.

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